C'est entendu.

mardi 14 septembre 2010

[Comptez pas sur moi] Blonde Redhead - Penny Sparkle

Blonde Redhead n'existe plus depuis "23" (2007). C'est un autre groupe que l'on a face à nous aujourd'hui. Blonde Redhead a dit tout ce qu'il avait à dire, a splitté, et ses membres ont formé ce que l'on pourrait appeler un "side project" si ce nouveau groupe ne réunissait pas exactement les mêmes musiciens (Kazu Makino et les frères Pace) sous exactement le même nom. Pourtant c'est bel et bien un autre groupe, une envie différente, des besoins différents, une orientation diamétralement opposée à celle qui menait le Blonde Redhead précédent. Ne faites pas la grimace : si vous connaissez ce groupe depuis quelques années, vous savez très bien que c'est un peu la même chose à chaque nouvelle sortie. Forcément, c'est d'autant plus vrai depuis que le trio a signé chez 4AD (le label un brin frisquet de Cocteau Twins, Dead Can Dance ou encore This Mortal Coil et plus récemment Ariel Pink's Haunted Graffiti), rompant ainsi avec le rock bruyant et enivrant des quatre premiers albums (sortis durant les années 90) mais souvenez-vous de la différence de style qu'il y avait déjà entre "La mia vita violenta" (1995) et "Fake can be just as good" (1997), le premier se laissant couler comme la balade rock'n rollédélique au soleil que le second niait avec toute la vigueur des larsens de Sonic Youth et l'énergie du post hardcore de Drive like Jehu. Si "23" était l'œuvre de Blonde Redhead version x, alors le disque que nous jugeons aujourd'hui sera considéré comme un album de Blonde Redhead x+1, sans aucun à priori (ou si peu) vis à vis de ce qu'était BRH x et ce que ce groupe a pu signifier par le passé. Et puis après tout, il faut bien savoir ce que l'on veut : vous préfèreriez que BRH en soit à son quatrième clone de "Melody of certain damaged lemons," vous ? Celui qui veut d'une troupe plan-plan dont chaque sortie d'album est une nouvelle chance de jouer au jeu des sept différences n'a pas frappé à la bonne porte : le crédo de Blonde Redhead est l'aventure.


(Here Sometimes)
Blonde Redhead n'est plus un trio.


"Penny Sparkle" est un album de synth-pop minimaliste. Qu'est ce que cela veut dire ? Que c'est une série de chansons qui aimeraient vous faire croire que vous êtes dans un club New Yorkais, entouré de hipsters tous plus cools les uns que les autres et que vous vous envoyez la meilleure pop du Continent jusqu'à la semaine prochaine, sauf que personne ne danse sur cette musique parce qu'à AUCUN MOMENT le tempo n'accélère le pas, parce qu'aucune chanson ne se démarque vraiment du lot et que la formule apathique et neurasthénique de ces encéphalogrammes plats enfilés comme des perles est tout sauf réjouissante. Certes, Blonde Redhead est signé chez 4AD, et apparemment pas pour rien puisqu'ils ont l'air d'avoir pas mal de peines de cœur à nous conter et de spleen à faire résonner, mais rien ne les empêchait d'écrire de bonnes chansons pour exprimer leur mélancolie. A vrai dire, il n'y a bien que sur Black Guitar, où Kazu et Amedeo font tourner le micro et détaillent une rupture (la leur ?), que l'on se sente concerné. Cela n'empêche pas cette chanson d'être aussi lente que les autres et de subir la pire tare du disque : la boite à rythme (ou la batterie électronique, d'ailleurs, le résultat est le même) de Simone. Comment peut-on, lorsque l'on dispose de l'un des batteurs les plus intéressants de sa génération, lui demander de ranger ses fûts au grenier et de leur préférer les sons synthétiques les plus cheap possibles, joués sur un rythme aussi métronomiquement lent qui plus est ?


(Black guitar)

N'envisageons pas forcément cet album-ci comme un gâchis. Ça n'est que la tentative (ratée) de Blonde Redhead de s'adonner à un exercice de style "à la mode de chez 4AD." Non, d'ailleurs, c'est faux, je pense qu'il ne s'agit pas d'un rôle de composition de leur part. Ils croient vraiment en ces chansons, et ces morceaux les représentent vraiment, pour un temps tout du moins, jusqu'à la prochaine incarnation de ce groupe, un autre Blonde Redhead x+1, qui, je l'espère, sera plus inspiré que la version présente.


Joe Gonzalez

13 commentaires:

  1. Heureusement il y a peut-être une lueur d'espoir dans le monde de l'indie rock.
    http://pitchfork.com/news/40029-the-dismemberment-plan-reunite/

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  2. Superbe album, injustement malmené, on ne va pas demander aux mecs qui écoute du rock d'aimer de la pop minimaliste.
    Personne n'aime ce disque, il est descendu partout ! d'habitude il y a une exception à la règle, mais là non ! , ça prouve peut être que...........
    "Trompe le monde" avait été aussi descendu au moment de sa sortie, vive les critiques !

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  3. Que Trompe le monde est bien le plus mauvais Pixies.

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  4. ...que de toute manière on aime aussi la pop minimaliste..?

    (Magic adore l'album, sinon)

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  5. ça pue la merde ce groupe!!

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  6. Evidemment, si tu sens dans les fesses, aussi...

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  7. euh... je dirai que c'est Simone le batteur et Amedeo (et non Amadeo) le chanteur-guitariste.

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  8. Oui, c'est une erreur de ma part, merci de le signaler.

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  9. De rien. Ils se ressemblent pas mal ;-)

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  10. je les suis de loin depuis pas mal de temps et perso je trouve cet album intéressant. Certes rythmiquement monotone et dépouillé mais les mélodies restent bonnes. C'est dingue comme les gens ne supportent pas le renouvellement. c'est sûr ça n'a plus grand chose à voir avec leurs précédents albums mais on peut quand même noter les deux premiers titres de l'album qui sont bien construits et arrangés.

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  11. C'est précisément ce que je dis dans l'article : ils ont ENCORE UNE FOIS changé de style et c'est chouette que BRH évolue constamment. Seulement voilà, cette évolution-là ne me parait pas intéressante ou bouleversante. Logique, oui. Passionnante, non.

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