Bonjour à tous ! Cette semaine, C'est Entendu met à l'honneur le talent polymorphe de Jim O'Rourke, véritable homme à tout faire de l'indie rock américain depuis une bonne quinzaine d'années. Si je ne suis absolument pas le plus qualifié ici pour vous parler de l'étendue du travail du bonhomme, je peux en revanche causer le temps d'un ptit déj' de Sonic Youth circa 2000, puisque Jim collabora avec le groupe (jusqu'à en devenir membre) le temps de trois albums.
Au début des années 80, suivant le conseil d'un ami qui l'assure que le groupe est suffisamment noisy pour lui plaire, Jim s'indigne : "Ça ? MAIS C'EST PAS NOISY DU TOUT !". Il venait d'écouter "Confusion is Sex," l'album le plus dégueulasse de Sonic Youth... Une dizaine d'années plus tard, il se lie d'amitié avec le guitariste Thurston Moore au rythme de leurs rencontres improbables dans les disquaires indés de New York et d'ailleurs. Après avoir participé en 1999 à un album de la série "Sonic Youth Recordings" dédié à l'avant-garde classique, il est invité à mixer leur prochain album, "NYC, ghosts + flowers" (un mixage d'ailleurs très particulier et marqué par de vrais choix radicaux, en atteste Renegade Princess, morceau très sec et dominé par la batterie motorik de Steve Shelley) et à y enregistrer des pistes de basse si ça l'amuse, l'album n'en comportant aucune initialement.
Free City Rhymes est non seulement un morceau sur lequel O'Rourke tient la basse (il n'est pas exclu qu'il y triture également de l'électronique dans l'introduction) mais également un titre parfaitement représentatif du génie de cet album sous-estimé, à savoir la coexistence d'une multitude d'ambiances et de sons dans un tout cohérent, urbain et froid mais jamais vraiment inhumain. Et Free City Rhymes est à la fois un travail de textures dissonantes tissées par des entrelacs de polyrythmes, le doux flottement d'une mélodie légère, fragile, portée par la narration délicate de Thurston Moore et des explosions de guitares dans un déluge de lumière blafarde et hypnotique. Un voyage miniature de 7 minutes dans le labyrinthe qu'est New York.
Après la sortie de l'album en 2000, Jim O'Rourke part en tournée dans les bagages de Sonic Youth afin de pouvoir jouer les nouveaux morceaux en live, ce qui ne l'empêche pas non plus d'ailleurs d'accompagner le reste du répertoire du groupe en passant de la guitare à la basse au synthé. Il en devient par la suite officiellement membre le temps de deux albums, qui ne sont certes pas empreints de la beauté terrible de ce chef d'œuvre tardif (bon sang, combien de groupes ayant deux décennies à leur actif se permettraient ça ?), mais qui restent d'excellents albums mineurs du groupe. En 2005, Jim émigre définitivement au Japon et quitte donc le groupe aussi naturellement qu'il l'avait joint.
Thelonius.
cool !
RépondreSupprimerquel morceau! quel album! jim o'rourke mon amour! oh la la.
RépondreSupprimerpeut être un jour les gens verrons que NYC Ghosts & Flowers est un chef d'oeuvre ultime et un des trois meilleurs albums de Sonic Youth, tout simplement. Free City Rhymes, c'est d'une richesse incroyable, et d'une beauté pas possible.
Han!
RépondreSupprimerJe profite d'être seule dans mon bureau pour écouter l'album. Quel disque! Je suis passée à coté de tellements de trucs, ça me déprime....
merci bâtard!
Un jour ils se feront à nouveau voler tout leur matériel et ils ressortiront un album de la trempe de NYC Ghosts & Flowers ! : )
RépondreSupprimerEn bon complément, il y a aussi les SYR 1 et 2 qui annoncent plus ou moins les expérimentations plus contemplatives. Le morceau Tremens est génial ! Bon par contre, c'est avant que le gentil O'Rourke n'intervienne et ne gâche le SYR3 ah ah ah.
Duck.