C'est entendu.

mercredi 1 avril 2009

[Vise un peu] Fever Ray - Fever Ray

Si vous voulez réussir dans le monde de la musique "indé" ou "alternative" (comme vous préférez) en 2009, il y a trois ou quatre choses que vous devriez garder à l'esprit.

Tout d'abord, si vous avez dans l'idée de vous lancer dans la Pop Acoustique à tendance Mignon Mais Parfois Couillu Et Avec Des Touches D'Electro, comme 90% de ce qui nous vient de ce bon vieux Canada depuis au moins cinq ans, espérant ainsi capitaliser sur ce revival folk-pop rappelant les précédentes grandes heures du Nord de l'Amérique du Nord, dans les années 70 (Neil Young, Joni Mitchell, etc...), sachez que vous pariez sur un canasson en bout de course. C'était peut-être le meilleur choix commercial post-Arcade Fire, mais tout ce marché-là, usé jusqu'à la corde en quelques (longues) années par de jeunes adultes intellectuels de gauche et de vieux adolescents ramollis par une décennie franchement pauvre en matière de mouvements, d'idées et de révolte, est en train de tirer ses dernières cartouches (tout du moins, nous sommes quelques uns à l'espèrer) dont Dark Was The Night, charmante et complaisante compilation caritative regroupant toutes les superstars du genre, pourrait bien être le symbôle définitif, sorte de chant du cygne humanitaire ravissant une dernière fois un public-guimauve qui aurait bien besoin d'être tiré de sa torpeur.

Non, le mouvement est ailleurs, aujourd'hui, il est en partie dans la vague shitgaze (littéralement: "regarder la merde") dont je parlais l'autre fois. Si vous avez envie de produire de la musique de cette trempe, libre à vous, vous aurez certainement la reconnaissance de la critique, si vous ne donnez pas trop dans le cache-misère, et vous vendrez un peu parce que c'est tendance de faire du bruit inutilement. Cependant, sachez que vous avez peu de chances de voir un jour chroniqué par moi un groupe de cette vague-là, à moins que ça ne soit pour vous mettre en garde (comme pour No Age).

Alors quoi ? Que faut-il faire pour intéresser le public en 2009 et dans les années qui viennent ?
Si vous n'êtes pas le prochain Justin, que vous ne vous sentez influencé ni par Lily Allen, ni par La Roux, et que vous haïssez les Killers, vous allez très probablement vous diriger vers la New New Wave, et faire comme tout le monde: mêler les genres comme dans les années 80, utiliser des synthés comme dans les années 80, et faire de la pop une expérimentation constante. Vous aurez probablement raison. Je vous parie que plus de la moitié des albums qui nous intéresseront, vous et moi, en 2009, seront marqués par ce (non) (faux) mouvement.

Fever Ray est une femme, Karin Elisabeth Dreijer Andersson, alias la moitié de la fratrie à l'origine de The Knife, fameux suédois adeptes de pop synthétiques qui ont pas mal fait parler d'eux il y a trois ans, lors de la sortie de Silent Shout. Pour ceux qui auraient raté cet épisode, voici un petit rappel.

Sur son premier LP solo, Dreijer Anderson troque l'électronica à la limite du clubbing de The Knife pour une pop synthétique plus personnelle, prêtant une importance significative aux paroles, bien plus mises en avant, et à la voix en général, qu'elle soit - comme avec The Knife - dédoublée et fantômatique ou bien libérée du poids de cet effet et suggérant alors d'avantage une sorte d'écho aux mélodies vocales chères à Animal Collective.
Les arrangements, quant à eux évoquent tour à tour diverses productions des années 80 comme Kate Bush sur Triangle Walks ou Keep the streets empty for me (vous pouvez écouter celle-ci dans le lecteur, à gauche), mais aussi le Vangelis de la bande originale de Blade Runner sur Concrete Walls, Coconut ou Dry and Dusty.
Hormis en de rares occasions (comme peut-être sur l'entêtante I'm not done, en écoute, elle aussi, dans le lecteur de gauche), Fever ray a pour projet de vous projeter à l'intérieur du crâne de Karin (ou du vôtre) plutôt que sur une piste de danse. L'univers de Dreijer Anderson est très personnel, original et sa façon de chanter avec passion ses mélodies ("I put my soul in what I do") semble éclairer les textes et ses idées comme autant de flashes épiphaniques.
Vous vouliez un disque intéressant en 2009 ? En voilà un.

Voici le clip de If I had a heart:




Et celui de When I grow up:



P.S. : Je n'ai pas encore pris de décision concernant mon système de notation, mais cet article (et les précédents) sera mis à jour lorsque ce sera le cas.

10 commentaires:

  1. J'aime pas du tout la new new wave. Bon j'ai écouté que When I grow up, mais quand même.
    Je préférais la vague Arcade fire.

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  2. Tu devrais écouter les deux qui sont dans le lecteur de gauche. When I grow up, c'est la pire chanson pour découvrir fever ray en fait !

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  3. Fever Ray, j'avais essayé rapidement il y a quelque temps et j'avais pas accroché, mais là, avec les clips (ils sont beaux en plus, regardez-les!), ça me fait une bien meilleure impression! : )

    Je pense que je vais essayer l'album.




    Mais j'ai aussi envie de me mettre au shitgaze, j'aime bien le truc de Times New Viking que tu as posté — le bruit, j'aime bien. Faut dire que j'avais carrément acheté deux albums de Merzbow à l'époque et qu'‘Accelerator’ de Primal Scream est l'une de mes chansons de rock préférées, aussi.

    (Tiens, d'ailleurs, l'édition US d'XTRMNTR de Primal Scream se finissait par ‘I'm 5 Years of My Time’, l'album est sorti en 2000, et le premier album de Times New Viking est sorti en 2005! Coïncidence? Euh, oui. Coïncidence à fond. D'ailleurs c'était pas du shitgaze, c'était juste noisy et saturé à mort. Mais bon, j'avais envie de raconter des trucs.)

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  4. Ben j'en retiens que tu vas essayer l'album, ça me fait plaisir !

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  5. j'écouterai ça un jour, promis :D

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  6. hé, pour le "bruit inutile", tu met Times New Viking. Et pourtant. C'est quand même le meilleur groupe du genre oui. Enfin, je trouve.

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  7. Le pire c'est que je ne suis pas loin d'être d'accord avec toi. Mais ça reste un mauvais groupe qui fait de la mauvaise musique, et en prime ils portent l'étendard de ce mauvais genre.

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  8. J'ai beaucoup aimé cet album, une des bonnes surprises de cette première moitié 2009 !

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  9. et vous avez écouté Soap&Skin ?

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  10. A vrai dire non. J'avais été plus ou moins repoussé par la pochette de leur (son ?) disque, que je trouve vraiment laide. Mais le groupe (la fille ?) sera présent au festival "Les Femmes S'en Mêlent" 2010, que nous couvrirons, et ce sera l'occasion de les découvrir !

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