Jeremy et moi, on discutait musique, l'autre jour. Il s'est exilé à Paris depuis quelques temps, mais il est Californien à la base, alors je lui demandais ce qu'il pensait de la scène pop parisienne, et comme je m'en doutais, le nom de Sebastien Tellier a fini par faire surface. Forcément, je commençai à mordiller nerveusement ma lèvre inférieure à tel point que lorsqu'un mince filet de sang commença à s'écouler sur mon t-shirt blanc préféré, Jeremy me jeta un regard inquiet et me demanda quel était le problème. Ma réponse fut à peu près la suivante:
Ecoute, J, je veux bien que, Daft Punk et Air mis à part, Tellier soit l'un des rares français à s'être fait connaitre aux States, je sais qu'il a participé à l'Eurovision et été chroniqué par Pitchfork - et c'est pas rien - mais sa musique, Jeremy, je te le dis en un mot comme en six mille, sa musique c'est de la merde.A partir de là, la conversation a prit un tour intéressant lorsque mon interlocuteur, ne se fourvoyant pas sur la pente hasardeuse du changement de sujet, ni ne prenant le train fantôme de la contradiction vengeresse pure et simple - son avis définitif sur la musique de Tellier, je ne l'ai jamais eu - décida de me poser une question intéressante, la seule question réellement adaptée à ma haine profonde de la musique de Sebastien Tellier:
Ok, Joe, laisse moi te demander: est-ce à cause des claviers que tu n'aimes pas Sexuality (Ndl: Le dernier LP en date de Sebastien Tellier, sorti en 2008) ?La réponse me serait apparue comme une épiphanie si je n'y avais déjà songé plusieurs semaines plus tôt et ne l'avais sue avant même d'y réfléchir. Non, le problème ne venait pas des claviers. Non, non et renon, un disque n'a pas besoin d'être bourré de guitares pour me plaire, ou du moins, il n'a pas besoin d'être exempt de claviers langoureux rappelant quelque bande originale de film érotique enregistrée au début des années 90 (en vue, je suppose, d'être vendu à M6 pour la deuxième - ou troisième - partie de soirée du Dimanche).
Le problème de la musique de Sebastien Tellier, ce n'est pas la façon dont elle est habillée, ajoutai-je, mais ce qui se cache sous la tenue de soirée achetée dans une friperie au rayon "années 80", c'est à dire rien. Pour faire de la pop, il faut des chansons, et pas seulement des arrangements.
Plein de fougue suite à cette dernière pensée, je lançai un défi à Jeremy: glisser une palanquée de synthétiseurs datés sur son prochain album, Slow Dance, qu'il était en train de finaliser.
Je comptais ainsi lui prouver qu'un songwriter habile tel que lui réussirait à créer une musique passionnante en mêlant chansons et synthétiseurs cheapos.
Il topa dans ma main, et nous nous quittames en bon terme, ma main sur son épaule, la sienne sur ma fesse gauche.
Pendant toute la discussion, il serrait sa guitare contre sa poitrine, tel le nouveau né.
Quelques temps plus tard, Slow Dance était bouclé, et il m'en envoyait gracieusement une copie, avant la sortie du disque le 24 Mars prochain (toujours chez K Records) et je me réjouissais de ne pas m'être trompé.
Quelques titres seulement y sont épargnés par l'attirail synthétique (Winter Wonder, qui ressemblerait presque à du Silver Jews, et Gallop, plus proche de l'album précédent).
Quant aux autres, ils conservent le style de A place where we could go, mais y intègrent habilement des sons que ne renieraient pas Sebastien Tellier ou Fred Coppula. Cela peut se révêler un brin barbant (Canter Canter) mais en général, lorsque la chanson tient la route, ça ne fait que lui donner du carburant supplémentaire à des tubes en devenir (In this lonely town, Where could we go tonight).
Le gros morceau, le climax, le point chaud, le point G de l'album est le morceau titre, Slow Dance, parangon du synthétiseur osé, qui vous fera un effet boeuf, dans un sens ou dans l'autre, à savoir petit A: hérisser les poils sur les avant bras, et hurler des insanités à mon encontre, à celle de Jeremy et de toute la musique postérieure à 1791, soit petit B: crier au génie, danser (lentement) et avoir envie de sexe torride et urgent.
A vous de voir.
Quoi qu'il en soit, Jeremy a démontré mon théorème, et ce n'est pas rien, ça fait de lui un chouette mec.
Son Myspace, sur lequel vous retrouverez plusieurs titres issus du LP.
Je vous rappelle que le dernier clip en date de Jeremy est disponible ici.
Et si vous n'avez pas encore lu la chronique de son précédent album, il est encore temps
Joe Gonzalez
Avec moi les synthés c'est toujours l'option petit- grand A qui l'emporte... les poils des avants bras qui se dressent, donc.
RépondreSupprimerEn fait je vais aller au concert dans le secret espoir d'une panne de courant. Au pire, c'est moi qui pars en courant.
Quant à l'autre option , celle qui fait se dresser autre chose (les cheveux) me reste plus qu'à te souhaite "bonne B." !
Au 10 donc, en collants lamés - costard pas blanc.
Il est de la famille de Daddy Dee ?
RépondreSupprimerje croyais que c'était le 3 son concert. Le 3/3/9. Le 3 Mars. Y'a pas un concert le 3 ? J'avais prévu d'aller à un concert le 3, mais c'était quoi ? Rappelez-le moi. Joe y'avait quoi le 3 ? Dépêche c'est demain !
RépondreSupprimerD'après mes infos, ce n'était ni le 3 ni le 10 mais bien le 9 Mars que Jeremy avait prévu de jouer à Toulouse.
RépondreSupprimerPour vérifier, je vous propose d'aller sur son myspace, ou bien de se renseigner auprès de Friends of P, qui organisent le-dit show.
Quoi qu'il en soit, j'y serai, et j'espère vous y voir nombreux.
J'ai vérifié, et ce sera bien le 10 Mars. Plus d'infos ici:
RépondreSupprimerhttp://www.facebook.com/home.php?ref=logo#/group.php?gid=42145143334&ref=ts
t'es un chef !
RépondreSupprimerComme je le disais chez moi, assez inégal quand même cet album là. Mais j'irai écouter le premier, qui est très réussi a priori.
RépondreSupprimerPar contre, arriver à placer Fred Coppula dans une chronique sur Jeremy Jay, je dis: CHAPEAU!
Jeremy <3 Et en plus sur scène, c'est vraiment bien.
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