
C'est idiot mais ce morceau est répétitif, niais et un peu ridicule et c'est pour ça qu'il me plait, ou qu'il me parle. Dès que retentissent les premières mesures du beat, accompagné de ce synthé débutant, ma caboche se met à remuer inlassablement avec une nonchalance convaincue et mon regard se vide tandis que mes bras s'agitent sans but. C'est là une démonstration sans faille de toute la force qui peut habiter la musique. Cet état second, autistique, cette servitude instantanée aux dépens d'un beat, voilà qui a de quoi effrayer le plus libre des hommes et séduire le plus corrupteur. J'ai écrit plus haut que la chanson était "bête" mais c'est un raccourci : "bête" est l'état dans lequel elle peut vous plonger si vous y êtes sensible. C'est peut-être une composition simpliste et aisément critiquable mais quel potentiel de domination ! Je me prends à rêver que le clip qui lui a été associé soit différent d'ailleurs. Au lieu d'une énième vidéo sombre et étrange, j'aurais préféré voir quelque chose de moins sérieux. Une idée : une rame de métro, le personnage principal met ses écouteurs et lance la chanson sur son lecteur mp3 et lorsque le beat arrive, tous les passagers de la rame se mettent à gesticuler le crâne à la façon de "A Night at the Roxbury". Peu importe ce qui se passe ensuite, la vidéo serait bien plus adaptée pour décrire ce qu'est cette chanson.
Joe Gonzalez