C'est entendu.
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vendredi 26 mars 2010

[Vise un peu] Broken Bells - Broken Bells

Alors qu'en est-il ? Après avoir travaillé avec Gorillaz, The Black Keys, ou encore, bien évidemment, après sa participation à Gnarls Barkley, Brian Burton (alias Danger Mouse) allait-il livrer un travail riche et soigneusement produit ? James Mercer, chanteur de The Shins allait-il faire preuve d'une faculté de composition à la hauteur de ses travaux précédents? La réponse n'est pas si simple.



(Vaporize)


L'une des franches qualités de l'album tient au travail réalisé sur la voix. On sent que Mercer, fort de son expérience avec The Shins, maîtrise son domaine d'expertise. Les mélodies sont fouillées, et on a droit à tout plein d'harmonies et de chœurs, avec son timbre naturellement tendre et même un peu touchant : exactement la voix qui convient à la production de Danger Mouse.
Sur Vaporize (l'un des deux meilleurs titres de l'album), avec une fameuse partie de batterie et un orgue assez classe, la guitare sèche exprime toute sa simplicité, et puis il y a l'idée ultime, le coup d'éclat : la petite trompette, qui fait une brève apparition, et qui ne pouvait pas mieux tomber. Voilà un tube. Vous en voulez un second ? J'imagine que oui, alors prenez October. L'ouverture instrumentale, tout à fait légère, nous débarque sur des sonorités étranges, avant un couplet remarquablement mené par un chant lumineux et un riff de guitare court et marquant. C'est là le genre d'argument qui éliminerait d'entrée toute remarque du style "si individuellement ils sont bons, ensemble ils n'arrivent à rien."


Malheureusement, force est de constater que malgré quelques autres morceaux sympathiques, comme le single The High Road, ou The Ghost Inside, qui égrènent de bonnes idées, mais manquent peut-être un peu d'aboutissement ou de dynamisme, l'ensemble est inégal. En effet, régulièrement, les sons choisis ne semblent pas convenir ou alors le rendu est lourd, parfois d'une infinie mollesse, et on en arrive à regretter amèrement qu'une chanson comme October soit suivie par un raté tel que Mongrel Heart (dans le lecteur, sur votre gauche). Ce qui est frustrant, c'est que là encore, quelques rares choses ne sont pas à jeter, comme la mélodie du chant, tristement noyée dans une mare d'arrangements et de choix médiocres. Certaines décisions sont plus que discutables et à titre d'exemple, on pourra citer Trap Doors, incroyable mou avec son clavier midi, et lorsque les voix du refrain font leur apparition, le morceau s'alourdit encore, résultat sans doute aux antipodes du but initialement recherché, et attrape même des airs lointains de mauvais Tears For Fears.

Au final, on se demande si l'on a aimé, si on l'on a vraiment apprécié l'écoute ou non, les quelques bonnes chansons étant éclipsées par de nombreuses maladresses. J'ai surtout eu l'impression d'écouter un album lambda, pas franchement terrible, avec des longueurs mais aussi de bons morceaux, car on ne peut le leur enlever, Mercer et Burton sont tous deux des musiciens accomplis, capables de proposer des compositions de qualité. Simplement, avec ce premier album, leur collaboration ne fait que confirmer que le duo a le potentiel d'être un bon "supergroupe," sans pour autant éviter de se prendre les pieds dans le tapis de bain de Brian Burton. C'est bien dommage.


Hugo






P.S. : Thelonius était présent au concert donné par le groupe le 1er Mars dernier, voici ses impressions :


Autant vous le dire d'emblée, à la fin du concert de Broken Bells au Nouveau Casino, on ne savait pas très bien si c'était le public ou le groupe lui-même qui n'était pas vraiment convaincu par la prestation. Oh bien sûr, leurs morceaux de pop-rock gentiment indé sont bien foutus... En fait, ils sont tellement bien foutus, tellement lissés et travaillés, qu'ils semblent déjà ennuyer le groupe lui-même qui peine à feindre sur scène quelque décontraction ou spontanéité. A exécuter l'album complet (dans l'ordre ou presque) avant de revenir sur scène avec deux reprises, le tout avec l'énergie d'un groupe de quadragénaires à la fête de la musique, Broken Bells sur scène ressemblaient plus à de bons élèves qui s'appliquent à écrire droit et à ne pas trop déborder qu'à ce que la somme de ses talents laissait imaginer. Restons positifs et plaidons les circonstances atténuantes pour cette fois : quand un groupe qui ne suscite principalement de l'intérêt que par la réputation déjà établie de ses membres joue pour la deuxième fois de son existence devant un public qui ne connaît de son répertoire qu'un seul morceau, il y a de fortes chances pour que le tout sonne comme une répétition. C'était le cas.


Thelonius