Une amie me disait après le concert du Black Rebel Motorcycle Club à Clermont Ferrand l'autre jour :
J'ai pris une grosse claque.

Le lendemain, le groupe jouait à Paris leur classique Whatever Happened (to my Rock'n Roll) à la fin duquel Turner trouvait moyen de placer deux vers du Rock'n Roll Nigger de Patti.
(Les historiens semblent s'accorder sur un "retour du rock" (en admettant qu'il soit parti un jour) aux alentours de l'an 2000, avec l'arrivée des Strokes et tous ces types-là (même si j'ai entendu plusieurs fois Christophe Basterra de la revue Magic dater le retour aux environs de 1996 avec l'album "Denim on Ice" de Denim) mais finalement quel tas de bêtises toute cette histoire.) Le fait est que mon amie (qui décréta quelques temps après, alors que nous cherchions à intégrer une after party inexistante en infiltrant un club du centre ville de Clermont Ferrand, que cela avait été le meilleur concert de sa vie - à 19 ans, je la crois sur parole) n'avait pas tort. Peter Hayes jouait fort, Rober Turner hurlait, et la charmante batteuse convainquait dans la seconde ceux qui auraient pu regretter Nick Jago, et après avoir passé en revue la majorité des meilleures chansons de ses cinq albums (et quelques autres surprises), Turner venait seul interpréter le Visions of Joanna de Dylan dont tout le monde ou presque (appelez moi "Presque") se foutait mais qu'il TENAIT vraiment à jouer, parce que ce gars-là aime ce qu'il fait et il aime la musique, une évidence que l'on souhaiterait plus régulièrement fulgurante chez des musiciens après une dizaine d'année de "carrière."

En revenant à un son et une esthétique plus proches de leurs débuts (entre "Take them on, on your own" et "Howl"), le groupe évite l'écueil de se chercher un nouveau visage, et c'est le point positif ici. On l'a tous compris, et eux aussi, leurs tentatives de renouvellement ont échoué et il est facile de comprendre pourquoi : leur identité très forte (ce mélange d'influences allant du BJM à Bob Dylan en passant par Jesus&Mary Chain mais avec un look prononcé de motards gothiques piliers de bars) était leur atout dès le départ (en 2001, personne n'avait ce look-là, ou en tout cas personne capable de produire de bonnes chansons) et il est toujours dangereux pour un groupe à forte identité sonore ou visuelle (souvenez-vous lorsque Kiss a voulu laisser tomber le maquillage, c'était l'hallali) de faire ce choix. Non, le BRMC est un groupe de rock'n roll, dont la fonction est d'écrire toujours à peu près les mêmes chansons et de les jouer avec passion, alors qu'ils laissent expérimentation, réinvention et intellectualisation à d'autres conviendra à tout le monde.
(Bad Blood)
Reste que si je n'ai rien de particulier à reprocher à "Beat the Devil's Tattoo" sur la composition, l'interprétation ou les arrangements (une guitare, une basse, une batterie), et s'il faut reconnaître qu'après la bévue qu'était le mixage de "Baby 81" il faut saluer le son cradingue au possible avec lequel les chansons déboulent ici, il y a tout de même deux aspects du Club, qui ne me convainquent pas autant l'un par rapport à l'autre. De toute évidence, Turner et Hayes ont conservé avec les années ce je ne sais quoi d'adolescents torturés, cet amour pour une imagerie de poètes maudits et depuis cinq ans, conséquence de l'âge ou pas, cela se retranscrit par des ballades folk à la guitare (et plus récemment au piano !) qui, si elles ne sont pas franchement minables (certaines sont même très réussies) ne sont définitivement pas ce que j'attends du Black Rebel Motorcycle Club. J'échangerais mille The Toll pour une seule Mama taught me better, cent mille Long way down pour une seule Shadow's Keeper et consœurs bruyantes descendantes directes du Six Barrel Shotgun (sur "Take them on, on your own," 2003) qui a participé à mon apprentissage du bruit. La musique du Club est certes influencée par la tradition américaine (et on l'entend fort bien sur les deux pistes ouvrant l'album, parsemées d'envolées vocales rappelant des chants d'indiens d'Amérique) mais elle n'exploite jamais mieux ce trait de personnalité que lorsqu'elle le pervertit en y mêlant une énergie MC5esque comme c'est le cas sur Conscience Killer (en écoute sur votre gauche).
Là, tout fait sens, et l'existence-même d'un groupe de rock'n roll aussi peu novateur (et dont les concurrents se font de plus en plus rares) et aussi fichtrement dégommeur se voit justifiée. Le Black Rebel Motorcycle Club n'est peut-être que le Creedence Clearwater Revival ou le
Grand Funk Railroad de son temps, mais qu'est-ce qu'il le fait bien !
(Bad Blood)
Reste que si je n'ai rien de particulier à reprocher à "Beat the Devil's Tattoo" sur la composition, l'interprétation ou les arrangements (une guitare, une basse, une batterie), et s'il faut reconnaître qu'après la bévue qu'était le mixage de "Baby 81" il faut saluer le son cradingue au possible avec lequel les chansons déboulent ici, il y a tout de même deux aspects du Club, qui ne me convainquent pas autant l'un par rapport à l'autre. De toute évidence, Turner et Hayes ont conservé avec les années ce je ne sais quoi d'adolescents torturés, cet amour pour une imagerie de poètes maudits et depuis cinq ans, conséquence de l'âge ou pas, cela se retranscrit par des ballades folk à la guitare (et plus récemment au piano !) qui, si elles ne sont pas franchement minables (certaines sont même très réussies) ne sont définitivement pas ce que j'attends du Black Rebel Motorcycle Club. J'échangerais mille The Toll pour une seule Mama taught me better, cent mille Long way down pour une seule Shadow's Keeper et consœurs bruyantes descendantes directes du Six Barrel Shotgun (sur "Take them on, on your own," 2003) qui a participé à mon apprentissage du bruit. La musique du Club est certes influencée par la tradition américaine (et on l'entend fort bien sur les deux pistes ouvrant l'album, parsemées d'envolées vocales rappelant des chants d'indiens d'Amérique) mais elle n'exploite jamais mieux ce trait de personnalité que lorsqu'elle le pervertit en y mêlant une énergie MC5esque comme c'est le cas sur Conscience Killer (en écoute sur votre gauche).
Là, tout fait sens, et l'existence-même d'un groupe de rock'n roll aussi peu novateur (et dont les concurrents se font de plus en plus rares) et aussi fichtrement dégommeur se voit justifiée. Le Black Rebel Motorcycle Club n'est peut-être que le Creedence Clearwater Revival ou le

Joe Gonzalez
P.S. : Toutes les photos du concert de Clermont-Ferrand sont gracieusement prêtées par Solly.