A l'approche de Noël, les Pierres se rappellent à notre bon souvenir. Précisons qu'en matière d'actualité brûlante, il n'y a pas grand chose à attendre de nos maîtres à tous. Il est vaguement question d'un petit quelque chose pour les cinquante ans du groupe, mais bon...
Revenons donc à "Some Girls", paru en 78 à l'époque où les Rolling Stones songeaient à ériger un rempart contre les assauts des punks, et que beaucoup considèrent comme le dernier bon album du groupe. Rien de particulier à célébrer, cet album est sorti il y a trente-trois ans et, à moins d'y voir une allusion à la vie du Christ, rien ne justifiait, chronologiquement parlant, qu'on organise tout un tintouin autour de cette oeuvre estimable (cf la réédition de l'album d'origine avec des bonus).
A moins que Jagger et sa bande, irradiés tout-à-coup par les lumières de la lucidité, n'aient décidé que c'était là l'un des meilleurs témoignages de ce qu'ils étaient capables de faire au sommet de leur forme, pris à la moitié de leur carrière (car on peut considérer que celle-ci s'est arrêtée il y a près de dix ans), au bord du basculement dans le gigantisme des stades où ils iront défendre, à grands renforts d'effets spéciaux, des albums plus ou moins inécoutables. Pour une fois que l'on ne voit pas Richards et Wood à soixante mètres l'un de l'autre sur une scène grande comme un terrain de base-ball...
(La bande-annonce du DVD)
Il faut préciser qu'à cette époque, 78 je le rappelle, beaucoup considéraient que les Stones étaient déjà finis, bons pour la casse. Du balai, les vieux, place aux Pistols ! Quelle ironie ! Trente ans plus tard, Jagger paraît frais comme un gardon et en pleine possession de ses moyens. Qui, parmi le public de Fort Worth ce soir-là (Fort Worth ?! Le trou du cul du Texas !) aurait parié sur une telle longévité.
Ce 18 juillet-là, les Stones sont en ville et donnent une petite leçon de rock n'roll comme on les aime. Le répertoire est largement dévolu à "Some Girls" (six titres sur les dix de l'album) mais pas seulement. Les réserves stoniennes sont déjà largement constituées à l'époque et il n'y a qu'à se baisser pour ramasser des pépites déjà entendues cent fois mais dont, personellement, je ne me lasserai jamais. Rappelons qu'à l'époque, les Stones refusent de jouer Satisfaction mais pas Brown Sugar et Jumpin' Jack Flash, qui concluent le concert dans la frénésie. Les meilleurs moments ? A mon avis, un très grand Love in Vain, exhumé de "Let it Bleed", où Jagger, qui joue au possédé, se montre plus que convaincant, un Shattered festif, et Happy, qui donne l'occasion à Jagger, encore lui, de voler la vedette à Keith. Tout le reste étant par ailleurs d'une très bonne tenue.
Voir les choses dans une jauge moyenne change un peu de cette perspective faussée qu'on avait avec le grand Barnum de ce dernier quart de siècle (le terrain de base-ball). On arrive à voir le groupe à peu près ensemble dans le même plan, selon une disposition hiérarchique triangulaire au sommet de laquelle trône Jagger. Les fans du lippu vont mouiller étant donner que la prise de vue, émanant souvent des premiers rangs, est le plus souvent focalisée sur son auguste personne, d'où un véritable bréviaire de la gesticulation jaggerienne. A côté, Richards et Wood font le boulot. Keith tient debout et délivre quelques-uns de ces solos approximatifs dont il a secret. Woody assume benoîtement son rôle de souffre-douleur et se transcende à la slide. Derrière, dans l'ombre, la rythmique, et notamment un Bill Wyman impassible (tautologie), dont on s'aperçoit à la dix-neuvième minute du DVD qu'il a deux doigts de la main gauche bandés. Trop fort le Bill! Quand on pense que le groupe aurait pu déclarer forfait pour si peu... Pas un plan, hélas, sur le pauvre Ian Stewart, qui assure pourtant sa partie de piano tout au long du concert.
(Shattered)
Les conditions de restitution de l'événement sont admirables. Initialement filmée en 16mm, la chose a été impeccablement restaurée, conservant juste ce qu'il faut de la patine de l'époque. On a vraiment le sentiment d'être dans la salle, les cadreurs font du bon boulot (dans des conditions pas évidentes) et on est très loin de l'immixtion au sein du groupe que proposait Scorsese dans "Shine a Light". Le son, remixé par Bob Clairmountain, est monstrueux. Bref, une acquisition qui s'impose pour tout fan des Stones, même blasé que ce concert de feu, une routine pour le groupe à l'époque. Pourtant Jagger précise qu'ils sont crevés parce qu'ils ont passé la veille à baiser. Mais on n'est pas forcé de le croire.
Revenons donc à "Some Girls", paru en 78 à l'époque où les Rolling Stones songeaient à ériger un rempart contre les assauts des punks, et que beaucoup considèrent comme le dernier bon album du groupe. Rien de particulier à célébrer, cet album est sorti il y a trente-trois ans et, à moins d'y voir une allusion à la vie du Christ, rien ne justifiait, chronologiquement parlant, qu'on organise tout un tintouin autour de cette oeuvre estimable (cf la réédition de l'album d'origine avec des bonus).
A moins que Jagger et sa bande, irradiés tout-à-coup par les lumières de la lucidité, n'aient décidé que c'était là l'un des meilleurs témoignages de ce qu'ils étaient capables de faire au sommet de leur forme, pris à la moitié de leur carrière (car on peut considérer que celle-ci s'est arrêtée il y a près de dix ans), au bord du basculement dans le gigantisme des stades où ils iront défendre, à grands renforts d'effets spéciaux, des albums plus ou moins inécoutables. Pour une fois que l'on ne voit pas Richards et Wood à soixante mètres l'un de l'autre sur une scène grande comme un terrain de base-ball...
(La bande-annonce du DVD)
Il faut préciser qu'à cette époque, 78 je le rappelle, beaucoup considéraient que les Stones étaient déjà finis, bons pour la casse. Du balai, les vieux, place aux Pistols ! Quelle ironie ! Trente ans plus tard, Jagger paraît frais comme un gardon et en pleine possession de ses moyens. Qui, parmi le public de Fort Worth ce soir-là (Fort Worth ?! Le trou du cul du Texas !) aurait parié sur une telle longévité.
Ce 18 juillet-là, les Stones sont en ville et donnent une petite leçon de rock n'roll comme on les aime. Le répertoire est largement dévolu à "Some Girls" (six titres sur les dix de l'album) mais pas seulement. Les réserves stoniennes sont déjà largement constituées à l'époque et il n'y a qu'à se baisser pour ramasser des pépites déjà entendues cent fois mais dont, personellement, je ne me lasserai jamais. Rappelons qu'à l'époque, les Stones refusent de jouer Satisfaction mais pas Brown Sugar et Jumpin' Jack Flash, qui concluent le concert dans la frénésie. Les meilleurs moments ? A mon avis, un très grand Love in Vain, exhumé de "Let it Bleed", où Jagger, qui joue au possédé, se montre plus que convaincant, un Shattered festif, et Happy, qui donne l'occasion à Jagger, encore lui, de voler la vedette à Keith. Tout le reste étant par ailleurs d'une très bonne tenue.
Voir les choses dans une jauge moyenne change un peu de cette perspective faussée qu'on avait avec le grand Barnum de ce dernier quart de siècle (le terrain de base-ball). On arrive à voir le groupe à peu près ensemble dans le même plan, selon une disposition hiérarchique triangulaire au sommet de laquelle trône Jagger. Les fans du lippu vont mouiller étant donner que la prise de vue, émanant souvent des premiers rangs, est le plus souvent focalisée sur son auguste personne, d'où un véritable bréviaire de la gesticulation jaggerienne. A côté, Richards et Wood font le boulot. Keith tient debout et délivre quelques-uns de ces solos approximatifs dont il a secret. Woody assume benoîtement son rôle de souffre-douleur et se transcende à la slide. Derrière, dans l'ombre, la rythmique, et notamment un Bill Wyman impassible (tautologie), dont on s'aperçoit à la dix-neuvième minute du DVD qu'il a deux doigts de la main gauche bandés. Trop fort le Bill! Quand on pense que le groupe aurait pu déclarer forfait pour si peu... Pas un plan, hélas, sur le pauvre Ian Stewart, qui assure pourtant sa partie de piano tout au long du concert.
(Shattered)
Les conditions de restitution de l'événement sont admirables. Initialement filmée en 16mm, la chose a été impeccablement restaurée, conservant juste ce qu'il faut de la patine de l'époque. On a vraiment le sentiment d'être dans la salle, les cadreurs font du bon boulot (dans des conditions pas évidentes) et on est très loin de l'immixtion au sein du groupe que proposait Scorsese dans "Shine a Light". Le son, remixé par Bob Clairmountain, est monstrueux. Bref, une acquisition qui s'impose pour tout fan des Stones, même blasé que ce concert de feu, une routine pour le groupe à l'époque. Pourtant Jagger précise qu'ils sont crevés parce qu'ils ont passé la veille à baiser. Mais on n'est pas forcé de le croire.
A.G.M.
Jagger "frais comme un gardon" ok, mais un vieux gardon alors !
RépondreSupprimerChouette bannière !! :)
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