On n'est pas sortis de l'auberge du beau sentiment mélancolique inoffensif et justiréférencé, voilà une certitude. Vous en avez goûté du lyrisme kitsch de Coldplay, et moi aussi, mais remettons-ça encore une fois, une dernière fois, si vous le voulez bien, ne serait-ce que pour en tirer une brève leçon de morale façon comptoir de bistro.
Ainsi donc, "Mylo Xyloto" l'a-t-on nommé et c'est précisément sur ce point que je veux m'attarder. Commençons par l'évidence : ces chansons ne sont pas bonnes, elles sont tout au plus "bien fichues", bien foutues, bien branlées comme on dit vulgairement des filles ou des garçons qui ont ce qu'il faut où il faut mais qui sont trop maquillées, trop musclés, trop vulgaires ou trop grossiers. Le genre que l'on "baise" mais qui n'éveilleront jamais la moindre étincelle de passion, d'amour.
Il y a ça et là une guitare claire à la Edge (l'album tend, plus que toute autre œuvre de Coldplay, vers un pastiche appuyé de tout ce qu'il y a de plus critiquable dans le cliché qu'est devenu U2 dans les années 90 et qu'il est resté depuis), quelques passages où la guitare acoustique fait naître l'émotion marketée, d'autres où l'absence de gimmick fera dire à certains que Brian Eno est définitivement de la partie (comme sur les derniers U2, n'est-il pas ?) et partout ailleurs, du gimmick par pelletées, comme si "Mylo" n'était qu'un gigantesque refrain facile à retenir, à entonner (dans un stade de préférence) et à oublier. Ce ne sont pas de bonnes chansons parce qu'un gimmick, un refrain, ça ne suffit pas. Mais elles fonctionneront pour le public (large) de Coldplay, qui verra là quelque chose de moins extravagant ou arty que "Viva la Vida" et y retrouvera pourtant suffisamment d'éléments supposément branchés pour s'en tirer bon compte en écoutant un disque mainstream qui se veut davantage.
(Paradise)
Il y a ça et là une guitare claire à la Edge (l'album tend, plus que toute autre œuvre de Coldplay, vers un pastiche appuyé de tout ce qu'il y a de plus critiquable dans le cliché qu'est devenu U2 dans les années 90 et qu'il est resté depuis), quelques passages où la guitare acoustique fait naître l'émotion marketée, d'autres où l'absence de gimmick fera dire à certains que Brian Eno est définitivement de la partie (comme sur les derniers U2, n'est-il pas ?) et partout ailleurs, du gimmick par pelletées, comme si "Mylo" n'était qu'un gigantesque refrain facile à retenir, à entonner (dans un stade de préférence) et à oublier. Ce ne sont pas de bonnes chansons parce qu'un gimmick, un refrain, ça ne suffit pas. Mais elles fonctionneront pour le public (large) de Coldplay, qui verra là quelque chose de moins extravagant ou arty que "Viva la Vida" et y retrouvera pourtant suffisamment d'éléments supposément branchés pour s'en tirer bon compte en écoutant un disque mainstream qui se veut davantage.
(Paradise)
Brian Eno en cinquième roue du carrosse, Rihanna en guest star, et puis le decorum qui va avec, de la pochette inscrivant en caractères pop (on se croirait chez MGMT) un mot-qui-ne-signifie-rien-mais-qui-symbolise-parfaitement-la-musique (dixit Coldplay) sur fond du mur taggé le plus esthétisant possible (un graffiti dépourvu de sens, et le moins esthétiquement intéressant que l'on puisse imaginer mais cela va sans dire) jusqu'aux inévitables clips aux images ralenties, il n'y a rien à redire : Coldplay est une machine à tuer. Ils vont sans doute rafler la mise une fois de plus parce qu'ils ont le talent non pas de musiciens mais d'interprètes de la saveur extra moelleuse que Parlophone a trouvé pour contenter le goût de ses clients. Chris Martin se paie même le luxe d'être lucide sur sa condition (*).
(Every teardrop is a waterfall)
(Every teardrop is a waterfall)
Pourquoi tirer sur l'ambulance, alors, quand la condition est connue de tous et que les remèdes seraient sans doute plus intéressants que les symptômes ? Des remèdes, on essaie chaque jour de vous en prescrire ici et ça n'est pas une analyse régulière du mal qui nous fera perdre de vue notre objectif de guérison, ou disons de mutation (on ne guérira jamais vraiment, j'en ai peur, de la maladie du kitsch, ni du syndrome de l'immobilisme). Celle-ci, d'analyse, n'avait pour but que de d'explorer les deux mots Mylo et Xyloto, deux mots qui, ensemble comme séparément ne signifient rien, un rien qui définit, lui, la musique, tout en lui offrant, par des consonances helléniques, un semblant d'ancien, de sacré, un référentiel supplémentaire. A une époque où la référence fait jurisprudence et plaidoyer, loi et juge, on n'est jamais assez bardé de renvois comme autant d'arguments plaidant une "cause" que l'on peut défendre sans se fouler, une guerre que l'on fait sans jamais tirer une balle, un art absent mais dont on suggère tant la présence qu'il apparait à tous, et ça nous suffit. Coldplay n'en est qu'un grossier exemple, dont les ficelles sont apparentes, et s'il en était le seul, ce serait presque amusant. Hélas !
Joe Gonzalez
(*) : "We’re not as good musically [as Radiohead], but we’re much more attractive" (http://consequenceofsound.net/2011/10/coldplay-hits-the-colbert-report/)
L'enfer... du froid calcul... dans les oreilles. SOs...
RépondreSupprimerYusuf
La pochette est ignoble.
RépondreSupprimerAu moins, quand Muse fait du vilain, ils y vont à fond, jusqu'à l'auto-parodie, ils se vautrent dedans et c'est bon comme un grec à 2 heures du matin à la sortie du bar, l'estomac creusé par trop de bières.
La seule bonne chose dans Colplay, c'est Gwyneth Paltrow...
Si vous lisez l'anglais je vous conseille cette lecture complémentaire (un avis parallèle, une conclusion très différente, par le meilleur magazine musical anglophone en ligne - Wire ne compte pas) :
RépondreSupprimerhttp://thequietus.com/articles/07234-coldplay-mylo-xyloto-review
Pourquoi chroniquer cet album sérieusement ...
RépondreSupprimerParce que c'est intéressant.
RépondreSupprimerbof quand on a jamais trop écouté coldplay et ce qui j'espère le cas des 90% de vos lecteurs.
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