Mettons les choses au clair : Slow Joe est une escroquerie. Je ne parle pas de l'histoire narrant la création de cet improbable quintet, et dont tous les médias se sont goulûment emparés afin de ne pas trop avoir à se prendre la tête avec la rédaction d'une chronique. Cette histoire-là est rigoureusement exacte, je peux en témoigner. Non, je parle de ce monsieur Slow Joe, bombardé ça et là chanteur au talent exceptionnel, parce que l'histoire doit être belle jusqu'au bout et que cet ancien mendiant des rues de Goa doit forcément devenir prince charmant à la voix d'or. Ou plus tristement, parce que c'est marqué dans le dossier de presse.
(Back Home Soon)
Slow Joe n'est pas un grand chanteur, loin de là. Il n'a de coffre que sur une gamme de notes limitée, chante volontiers faux, et son sens du rythme est parfois parkinsonien. En revanche, c'est un excellent acteur, cabotin et charmeur. Plus qu'Elvis ou que Frank Sinatra, interprètes qu'il vénère et à qui on le compare, c'est du coté de Gil Scott-Heron que l'on peut établir une filiation avec Joe le Lent. Son vécu chaotique lui a conféré une voix inimitable que la simplicité d'un Back Home Soon, moment superbe parmi tant d'autres sur ce remarquable album, permet de mesurer à sa juste valeur.
(Brunette Blonde)
Slow Joe est l'arbre exotique qui cache la forêt Ginger Accident. Une putain de forêt de fous furieux, comme celle que traverse Alice dans le dessin animé de Disney. Slow Joe est un leurre qui attire ses proies tandis que le Ginger Accident, tapi derrière un buisson, bondit et leur démonte le cerveau avec toute l'énergie de leurs frises sixties. Du plus polissé au plus psychédélique, le quartet rouquin mélange tous les genres sans leur demander leur avis, et le résultat est tout simplement époustouflant. C'est les Doors qui jouent la BO de Wayne's World, avec Slow Joe dans le rôle de Big Jim.
Il y avait un vrai risque qui nous avait effleuré lors de la parution de leur premier EP : Slow Joe & The Ginger Accident est un groupe porté médiatiquement par l'image qu'il donne. Il serait facile pour eux d'en jouer à mort et aller dans le cliché jusqu'à l'ennui ; chose qu'ils n'évitent d'ailleurs pas complètement, comme en témoigne cet enchainement Just One Touch + Give Me Your Love + Inside of Me, un peu lourdaud et qui ne permet pas d'anticiper la tournure que prend l'album passés ces trois morceaux (dont deux proviennent de l'EP susnommé, curieux rescapés alors que la survoltée Introducing est, elle, restée sur le carreau).
(Climbin' a Mountain)
Car entre un clin d'oeil au pays natal de Joe (Ab Kahan Javen Hum) et une sublime ballade (So Many Dreams), le groupe emprunte des directions que l'on ne pouvait soupçonner qu'après avoir entendu leur reprise de Set The Controls For The Heart Of The Sun, parue sur un EP de reprises destiné à faire monter le buzz, aux cotés d'une reprise de l'abominable Black Horse & The Cherry Tree de K.T. Tunstall (forcément une commande de leur label... Ah, commerciaux, que n'avez vous écouté pendant vos masters Tech de Co...). "Sunny Side Up" lorgnait déjà vers le prog sur Brunette Blonde : il y bascule complètement avec l'incroyable Climbin' a Mountain, résumé indispensable de "Atom Heart Mother", et pas seulement parce qu'il vous autorise à ne jamais écouter ce pénible album des Floyd.
(Money Mama)
Deux ans après leur naissance aux Transmusicales de Rennes, l'accouchement a été long et rude, mais le bébé est beau : "comme tous les bébés métis" me dit ma mère, qui aime bien "Sunny Side Up". C'est toute la réussite de cet album : psyché et solaire pour me plaire, pop et dansant pour plaire à maman.
Joseph Karloff
Bof , pas beau la jalousie , moi je veux y croire , cet album est magnifique ! Pourquoi faut-il toujours des gens qui gâchent tout !!C'est petit petit .
RépondreSupprimerRelis l'article, l'ami. (indice : j'ai mis 4.5/5 à cet album)
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