C'est entendu.

lundi 5 septembre 2011

Microcosme #11 - Septembre 2011

par Joseph Karloff
art par Jarvis Glasses

A chaque fois que je m'attelle à la rédaction d'un numéro de Microcosme, il pleut et il y a de l'orage. Dois-je y voir un signe de l'inanité de cette chronique peuplée de petits qui se battent pour exister, ou est-ce Dieu qui, terrifié à l'idée de voir une nouvelle fois l'ordre du monde bouleversé sous ma plume, nous refait le coup du déluge ? En plus y'a 11 et septembre dans le titre de l'article : ça sent pas bon cette rentrée, j'vous l'dis.

______________________________________

Microscope

______________________________________



Quand on fait partie d'un webzine de chroniques musicales, il y a forcément un moment où l'on se retrouve confronté à un dilemme cruel : faut-il ou pas parler des groupes de ses amis ?

Je vous la fais courte, je connais le batteur de my_little_underground. Et j'ai envie de dire "So what ?" mais vu que j'ai grandi en Isère, un "Et ben alors ?" rural-style fera l'affaire. Leur musique mérite qu'on en parle, et l'ami en question n'a aucune idée que j'écris dans le mag le plus influent de France, alors hein.





Crooner est de loin la chanson la plus pop de ce trio parisien, habituellement plutôt porté sur un garagrunge rock évoquant les premiers PJ Harvey. Une comparaison aussi facile qu'inévitable, la faute à une frontwoman à la voix qui grince et aux riffs décomplexés, soutenus par une basse bien lourde. La chanson est simple et efficace, et ça faisait longtemps que je n'avais pas été autant charmé par une chanson aussi directe. Les nappes de sons superposées et noyées dans la réverbe ne sont pas une fatalité pour la décénnie en cours, qu'on se le dise !



J.K.



Vous savez comment ça se passe. Toutes les gazettes en ont parlé. D'abord c'est la nana qui vient dormir sur votre clic-clac, "juste le temps de trouver un appart". Vous vous dites que l'histoire commence bien, et puis le frère débarque à son tour, mais bon, lui aussi est mignon, alors vous ne vous méfiez pas ; et avant même que vous ayiez bien compris ce qui se passait, c'est toute la famille qui squatte votre logis, et vous dormez dans le couloir. Qui ça ? Les Huns ? Les Manson ? Les Gonzalez ? Non, je veux parler d'un autre fléau : les Loseth.




Holobody est donc la dernière branche en date de l'hyperproductif tandem Sea Oleena / Felix Green (Charlotte et Luke Loseth dans le civil). Leur premier album est un peu trop frais pour que je vous en parle dès maintenant, ça attendra le mois prochain. Mais l'idée d'un gospel chanté par une ribambelle de blonds aux yeux bleus (dont pas moins de CINQ Loseth !) était trop séduisante pour passer sous silence l'avant-dernière chanson de l'album, un blanco-spiritual réjouissant, quoi qu'un peu gimmick sur les bords.



J.K.



Durant quelle période honnie de l'humanité être gentil est devenu un défaut ? Quand s'est-on mis pour la première fois à reprocher à quelqu'un d'être trop gentil ? Vous l'avez compris, Your Favorite Stars (merde quoi, Your Favorite Stars) est une chanson gentille, sûrement trop gentille, mais vous savez quoi ? Elle me plait à moi, cette chanson gentille. Que celui qui n'a jamais embrassé son/sa bien-aimé-e sur du Belle & Sebastian me jette la première pierre. Et voilà qu'on parle déjà de se jeter des pierres. Putain de société. Nardine.



Il n'y aura qu'une brève tension à 2:26, introduite tellement brièvement qu'on peut affirmer que l'hymen est intact, pour venir perturber ces trois minutes de candeur qui font un bien fou à l'homme moderne. Jacques Martin n'est plus, ces cons d'enfants chantent toujours aussi mal leurs chansons de merde, mais quelque part dans le Connecticut, trois jeunes gens ont su transmettre au monde entier pourtant hermétique à la bonté l'équivalent nébuleux des cinq fruits et légumes par jour. J'ai ma dose pour l'année à venir et mon âme leur dit merci.


J.K.


______________________________________

Macrodisques

______________________________________




Et on boucle la rentrée en douceur avec un EP qui coule tout seul. Pas de chant pour venir parasiter cette demi-heure de vagabondages électro-néo-psyché dans la chillwave instrumentale de Sun Deers - aka George Aicard, jeune touche-à-tout sauf-à-des-instruments d'à peine 17 ans. Sa musique s'apprécie comme une expo photo (l'autre dada d'Aicard) où l'on prend le parti de ne pas lire les descriptions à coté de chaque oeuvre, et où l'on flâne en attendant d'être touché au premier degré par un noir et blanc urbain, un regard fuyant, l'écornure d'un cadre.




Influence chillwave oblige
, l'expo en question a son lot de lens flare sur les visages, de couchers de soleil bleutés, de sujets sépia sapés comme c'est pas permis, de photomontages à l'UHU stick (cf la pochette de l'album) ; et il y a une odeur de gras de cheveux et de vêtements sales dans l'air. Mais après tout, malgré des inconvénients évidents et a priori rédhibitoires, on passe tous de bons moments aux cabinets. Surtout avec de la musique cool en fond. Vous devriez essayer.




J.K.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire