C'est entendu.

mardi 30 août 2011

[Comptez pas sur moi] Girls - Father, Son, Holy Ghost

Sur leur premier album, Chris Owens et Chet Jr. White donnaient l'impression d'avoir bourlingué, d'avoir égrainé les disques de Suede, Spiritualized, Pet Shop Boys et Elvis Costello et, avec une énergie et une ambition sans égales, de s'être donné pour mission de sublimer la pop de la fin des années 80 en une collection de tubes superbement enregistrés. Vous vous en souvenez ? C'était il y a deux ans. Ils étaient mes héros. Ils avaient enregistré des chansons sur lesquelles on pouvait décemment chialer et d'autres que l'on pouvait brouillonner sur sa guitare avec une rage adolescente retrouvée. Ils étaient mes héros. Deux ans plus tard, un EP et un nouvel album sont sortis et le constat est sans appel : Owens et White sont deux grosses brèles. Des cœurs d'artichaut façon marshmallows incapables de réitérer ne serait-ce qu'une fraction de la beauté, de l'intensité et de la puissance de leurs premières chansons.


(Vomit, le... single. Le clip vante la gloire des... belles voitures.)

Comme le "Broken Dreams Club" EP l'avait démontré en 2010, Owens ne semble plus capable que d'écrire des bluettes sans originalité et à crooner sans conviction. Tout le talent de producteur de White ne pourrait sauver le disque du naufrage annoncé par ce programme mais ça ce serait si White y mettait du sien et ça n'est même pas le cas. Il y a bien quelques trucs pas complètement ratés (les guitares au tout début de Magic, deux trois idées sur Alex) mais l'album ne fait qu'enchainer les clichés les uns après les autres. De la pedal steel bien cheesy (Myma), des guitares-à-refrain épouvantables (partout), et des choses absolument impardonnables ("Myyyy Loooove... is liiiiike... a riiiver" au début de Love Life, la guitare qui se prend pour un steel drum à la fin de How can I love you...).


Si ce groupe n'avait pas convaincu son monde en 2009 et que ces chansons-là étaient les premières proposées par Girls au monde, PERSONNE ne les aurait signés (du mois j'ose l'espérer). Ce ramassis de nullités cucu la praline miaulées sans émotion est-il sensé être la déclaration d'amour publique de Chris Owens à sa dulcinée ? Si c'est le cas, sa copine doit être sacrément friande de flan, de gelée et de soupe froide parce que tous ces morceaux sont joués avec l'énergie d'une éponge. C'est le genre de chansons qu'on imagine bien dans une salle de bal pour faire danser la promo '53 du lycée de Fremont, dans le Nebraska, à l'heure des slows. Autant dire qu'on se fait chier un maximum. Je n'ose même pas m'imaginer à quoi peuvent ressembler les ébats d'Owens et de sa belle dans la chambre à coucher. Pas besoin, me direz-vous puisque personne n'a semble-t-il eu le bon sens de lancer un bon vieux "Y'a des hotels pour ça" (on n'est plus à un cliché près) à ce sacré Chris lorsqu'il a enregistré ses chansons, ce qui fait qu'on se retrouve avec dans les oreilles quelque chose qui devrait appartenir au domaine du privé. Quelle plaie.


(Honey Bunny)

Les deux chansons les moins abrutissantes du lot sont les plus rapides. Honey Bunny rappellerait presque le premier album avec ses guitares parfois rugissantes, si seulement Owens avait encore en lui un brin de charisme sexuel, un minimum de fougue juvénile ou ne serait-ce qu'un peu d'âme, et si la chanson ne se perdait pas inutilement comme toutes les autres s'écoulent : en une diarrhée de sentiments. Quant à Die, on en vient à se demander ce qu'elle fiche sur ce disque puisqu'il s'agit plus ou moins d'un exercice de style pseudo-hard-rock avec une batterie lourde, des guitares hurleuses dans une sorte de pastiche du plus mauvais des seventies sans réelle chanson derrière le bruit. Quand on pense que dans la seule Lust for life (la toute première chanson de Girls, celle qui nous avait conquis), on compte au moins cinq bonnes idées (la longue intro dissonante, le chant idiot, les paroles marrantes, le melodica, les arpèges de la fin), c'est à se tirer une balle. Il n'y a rien d'intéressant sur ce disque, rien. Il ne provoque que l'ennui, l'agacement et le dégoût. Quelques mots d'Owens ne sont pas à jeter (et c'est peut-être pourquoi il a été choisi d'affubler la pochette de l'ensemble des paroles, ce qui en soi est probablement la seule vraie bonne idée du lot) mais qui aurait envie de s'envoyer pareil somnifère maxi-effet pour réécouter la poésie de pacotille d'un jeune-vieux déjà mort ?


Joe Gonzalez

15 commentaires:

  1. bien d'accord.. gros gros disque de merde!

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  2. C'est un disque de vieux en effet mais j'ai trouvé les arrangements superbes pour ma part et venir dire qu'il n'y a pas de bonnes idées dans leurs nouvelles chansons c'est un peu de la mauvaise fois! Je crois l'aimer autant qu'Album...
    Comptez pas sur moi pour vous soutenir sur ce coup là.

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  3. Oui ça ne m'a pas étonné. J'ai quand failli déglutir bruyamment et me mettre dans le merde socialement en lisant des trucs comme "all the while managing to sound like no one else". Srsly ?

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  4. Ouaip, "all the while" ça s'emploie pas comme ça dans mon souvenir. Je peux me gourer mais le mec voulait plutôt dire "while" et s'est dit qu'"all the while" ça sonnait plus lettré.

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  5. Ah si si. Autant ce qu'il dit est stupide autant il le dit correctement.

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  6. Merci Maître. Je savais pas que vous étiez aussi un caïd de l'anglais.

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  7. Je t'ai fumé depuis ma tombe dans les Cornouailles, Karloff, depuis ma toooombe !

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  8. Haha les mecs qui ont un gros complexe avec pitchfork.

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  9. Il y a une différence entre causer de quelque chose et complexer à propos de cette chose. Rien à foutre de Pitchfork. On ne fait que déplorer leur manque de discernement quant à cet album raté.

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  10. Un "complexe" avec Pitchfork ? Pourquoi ? Perso je suis juste triste que le site soit de plus en plus prévisible et qu'il ne me fasse quasiment plus rien découvrir et aimer... alors qu'à une époque il y parvenait très souvent. Simple constat, dénué de quoi que ce soit d'autre.

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  11. J'avais pas lu cet article et quand j'ai écouté l'album hier, les mots qui me sont venus spontanément figurent dans cet article. "Instadelete"

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  12. Perso, j'adore cet album, pitchfork et les autres mis à part (je connaissais le groupe bien avant qu'ils en fassent un fromage). Il me fait ressentir des choses incroyables. Je le connais par cœur maintenant, je le mets et je chante par dessus, c'est chouette. C'est une montagne de sincérité et d'émotions (vraiment!). Je voudrais tellement que vous l'aimiez autant que moi, les gars. Donnez-lui une seconde (et une troisième, même) chance, quoi!

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