C'est entendu.

mardi 3 mai 2011

[Vise un peu] TV on the Radio — Nine Types of Light

On peut en discuter, mais pour moi, TV on the Radio a longtemps été un groupe qui valait plus pour ses tubes que pour ses albums. "Desperate Youth, Blood Thirsty Babes" et "Return to Cookie Mountain" étaient deux albums inégaux, qui comprenaient de nombreuses perles, allant droit au cœur par leur tristesse (Hours, Dreams), leur tension (Staring at the Sun) ou leurs rythmes endiablés (Playhouses, Wolf Like Me), souvent les trois à la fois ; mais ces pistes remarquables en éclipsaient d'autres moins convaincantes, expérimentations pas toujours réussies qui pouvaient aller jusqu'à casser le rythme de l'album (Ambulance, Poppy, A Method), pistes trop simples qui ne fonctionnaient pas toujours et pouvaient sembler forcées, déplacées voire oubliables (Dirtywhirl, Let the Devil In… en fait une bonne partie des secondes moitiés de ces deux albums).

Par comparaison, "Dear Science" était un très beau pas en avant pour le groupe : quasiment rien à zapper, les tubes s'enchaînaient avec de nombreux changements de style et le disque ne souffrait de presque aucune baisse de régime (à peine quelques ballades séparaient-elles deux pistes dansantes). TV on the Radio avait enfin sorti un album recommandable du début à la fin, et l'album pouvait facilement être sacré parmi les meilleurs de 2008.

Et voilà "Nine Types of Light", un album qui, à première vue, semble manquer un peu d'originalité et ne comporte que peu de moments forts. Entre Second Song, agréablement funky avec sa voix de fausset et ses cuivres, et Caffeinated Consciousness, remplie d'énergie comme le laisse prévoir le titre, la première impression que donne cet album peut être celle d'un cœur mou, composé de ballades et pistes mélancoliques en demi-teinte, toutes dans un style finalement classique pour le groupe… Un pas en arrière pour TV on the Radio ? Un album raté ?


"Nine Types of Light" est aussi un film, composé de dix clips entrecoupés d'interludes.
Les clips sont plus ou moins intéressants (Celui de No Future Shock est plutôt laid,
celui de Second Song est très beau) mais l'ensemble vaut la peine d'être regardé.
Jusqu'à la section finale, qui fait à la fois preuve d'humour et de mélancolie, où l'on voit Tunde qui… enfin je vous laisse regarder !

Pas tout à fait. Si on cherche en "Nine Types of Light" un disque à singles comme d'habitude, alors oui, le résultat paraît décevant ; mais une écoute plus attentive de cet album révèle en lui une belle cohérence, une mélancolie douce et touchante, un sentiment de chaleur et d'apaisement qui transparaît même dans les chansons un peu plus faibles, qui gagnent alors en intérêt — une impression qui émane de l'album en entier et pas seulement de pistes séparées, et qui finalement fait tenir l'album debout. "Nine Types of Light" est l'album le plus cohérent que le groupe ait sorti jusqu'ici, un album moins immédiat que les précédents mais qui démontre une belle maturité de la part du groupe…

… et voilà : "maturité", le mot est lâché. Un adjectif censé être mélioratif mais qui cache trop souvent une stagnation de la part d'un groupe ayant bien vécu et ne sortant plus que des disques un peu ennuyeux, frustrants parce qu'ils conservent plusieurs des qualités des albums précédents sans en apporter de nouvelles. Ce n'est qu'en partie le cas ici, heureusement — s'il y a bien des pistes sur "Nine Types of Light" qui sonnent comme du déjà entendu de la part de TV on the Radio (Keep Your Heart, No Future Shock…), et un ou deux faux pas mineurs (les synthés kitsch sur You), tout cela reste pardonnable au vu du résultat d'ensemble.

Et puis il y a Will Do. Will Do qui, malgré sa simplicité, fait partie des plus belles chansons enregistrées par le groupe et dont la mélodie exprime parfaitement ce manque teinté d'espoir qu'expriment les paroles. La piste est suivie de New Cannonball Run, autre belle réussite qui renouvelle (discrètement mais efficacement) le son du groupe ; et ce sont ces pistes-là qui sont les plus réussies, animées à la fois d'une belle énergie et d'une chaude nostalgie. J'y ajouterai Caffeinated Consciousness, dont le refrain est à la fois le point culminant et le moment le plus calme, la paix qui se trouve au-delà de l'agitation en somme… sans doute ce que TV on the Radio communique de mieux à travers ce disque.

"Nine Types of Light" n'est pas parfait : il peut parfois ressembler à un simple écho de ce que le groupe a pu faire auparavant (surtout après l'excellent "Dear Science", qui lui fait incontestablement de l'ombre même si les deux ont des ambiances sensiblement différentes). Ce dernier TV on the Radio est un disque en retenue, peut-être en demi-teinte… mais animé d'un véritable esprit qui fait excuser nombre de ses défauts ; si la réussite n'est pas totale, elle n'en reste pas moins belle.


— lamuya-zimina

3 commentaires:

  1. Mince alors, moi je le trouve hyper décevant cet album. J'avais beaucoup aimé Dear Science et sur cet album, je ne retrouve pas la pèche du précédent, je trouve que c'est un album hyper pépère, bateau même. Méga déception.

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  2. Beaucoup de gens le trouvent décevant apparemment, et c'est vrai qu'il n'a pas la pêche de "Dear Science"... mais il a d'autres qualités. Personnellement c'est plutôt "Return to Cookie Mountain" qui m'avait déçu (sans doute parce que je l'avais écouté après "Dear Science") !

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  3. méga déception pour moi aussi...

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