[Alors quoi ?] Mélanie Laurent ou comment l'hôpital se moque de la charité

Mélanie Laurent a un rêve. Au fond d'elle-même, elle nourrit un dessein dérisoire, une croyance de conte de fée. Suite à la sortie de son album, dont on ne prendra pas la peine de vous parler (vous n'avez pas besoin de lire un article pour savoir que sa musique ne nous correspond pas, et je pèse mes mots), de vives critiques se sont multipliées qui hurlaient la pauvreté de l’œuvre. L'actrice, avec une attitude proche du désespoir, a exprimé son avis face à la caméra de www.leberry.fr quant à ces critiques virulentes :

"On est jugé de tout"

(Rien dans les manches, rien dans la tête)

Pourquoi et comment publier un album (ou toute autre forme d'art) si l'on ne souhaite pas en entendre les critiques ? Un artiste médiatisé se soumet aux critiques, c'est ainsi. Il en a besoin, tout autant que le public. Comprenez-moi bien, le public, lui, n'a pas besoin de la critique pour apprécier l’œuvre, il en a besoin pour l'appréhender et pour la découvrir. Et ce, aujourd'hui bien plus qu'hier. A l'heure où Internet brasse chaque jours des millions de chansons, il serait vain de ne compter que sur sa propre personne ou même sur ses amis (autrement dit la publicité et la promotion) pour partir à la pèche au son (ou à l'image, etc). Les leaders d'opinion que sont les critiques sont un mal nécessaire à la bonne intégration de l'art. La critique ne donne pas un avis définitif, elle donne son avis, plus ou moins pertinent et aiguisé (*1). L'artiste, quant à lui, crée et puis se sert, ou non, des médias pour vivre de son art. Et Mélanie Laurent s'en sert énormément, elle que l'on voit partout, tout le temps (télévision, magazines, journaux, cinéma, maintenant chanson DONC radio et qui présentera bientôt la cérémonie du Festival de Cannes) sans savoir ni d'où elle vient ni pourquoi elle est là.

"C'est une ouverture sur la haine !"

Mélanie Laurent VS les médias : vers un point Godwin ?

Les grands mots ! Les lieux-communs ! Malheureusement la cuistre n'a pas oublié d'être sotte. Dans un élan réactionnaire (*2), l'actrice s'indigne devant "la haine", qu'elle confond avec une certaine dépréciation. Sa démagogie atteint d'ailleurs son paroxysme lorsqu'elle s'insurge devant le concept des télé-réalité et particulièrement de "A la recherche de la nouvelle star", qui n'est pourtant que le symbole d'un star-system que la jeune femme a volontiers intégré. A l'exception près qu'elle n'a pas eu a passer d'épreuve pour obtenir le droit d'enregistrer son album sinon celle d'avoir tourné dans quelques films (mineurs).

La femme fatale selon la France de 2011

Car en fin de compte, la seule chose que la chanteuse peut blâmer, c'est bien son manque de talent ou en tout cas la conclusion logique après tant d'acharnement de la critique que, peut-être, qui sait, elle n'est pas vouée à pousser la chansonnette. Que peut-être, qui sait, quelqu'un d'autre mériterait davantage la chance dont elle profite d'écumer les scènes. L'effort requis pour acquérir une reconnaissance en tant que musicien ou chanteur est loin d'être vain et gratuit. Cette épreuve de patience, d'acharnement et l'accumulation d'expérience (de la scène, de la composition, de l'écriture, du studio) qui en découle ont bel et bien pour but de produire un meilleur artiste, de nourrir son talent et d'en faire un élément bénéficiant si possible à la culture et à la collectivité. Mélanie Laurent n'aurait sans doute jamais du enregistrer son album, sinon pour ses amis et sa famille. Elle se plaint de la virulence avec laquelle les critiques y ont répondu mais a-t-elle songé un instant au mal qu'elle, son parcours pistonné et son hypocrisie réactionnaire avaient fait à l'Art et au bon sens ?

"On a pas d'autre choses plus intéressantes à se dire?"

Julien Masure & Joe Gonzalez


(*1) : En l'écrivant, j'ai l'impression de brasser beaucoup d'air, mais après avoir visionné à nouveau la vidéo susmentionnée, je crois qu'il est parfois nécessaire de clarifier des points essentiels pour ceux qui, comme Mélanie Laurent, n'étaient pas très attentifs lors du Cours d'Introduction à l'Art et aux Bonnes Gens qui nous est à tous dispensé tôt ou tard par "la Vie" du moment que l'on ne réside pas dans un cageot ou dans un coin reculé d'Amazonie.

(*2) : Pense-t-elle réellement qu'avant c'était différent ? Certes Internet et la télé-réalité ont un brin bouleversé le rapport de la société à la vie privée, mais cela ne concerne pas seulement les starlettes (et quand bien même, il y a une énorme part de mégalégo-désir coupable dans la volonté même de faire du cinéma ET de la chanson ET de la télé ET des couvertures de magazine ET etc), mais qui peut prétendre que l'absence de vie privée ne pré-date pas ce phénomène ? Monroe, Diana et tant d'autres n'ont ils ou elles pas été scrutés sous tous les angles, avant et après leur trépas ? N'a-t-on pas de tout temps critiqué les actes des princes, des puissants, des artistes ? Et même, ne vous permettez-vous pas de critiquer, vous comme elle (Mélanie L.), les gens autour de vous ? Certes vos critiques ne paraissent-elles pas dans un magazine à grand tirage mais qu'est-ce que ça change ?