par Bertrand Bruche
art par Jarvis Glasses
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John Coltrane - A Love Supreme
Après avoir fait ses preuves dans les orchestres de Thelonious Monk et Miles Davis, le saxophoniste John Coltrane décide de créer son propre groupe. Au travers d'un quartet, il va ainsi pouvoir développer à fond le style qu’il s’est approprié lors de son long apprentissage aux côtés des maîtres.
La dimension mystique ou spirituelle généralement attribuée à l'album n'est pas fortuite, Coltrane la définissait ainsi : "Mon but est de vivre la vraie vie religieuse et de l'exprimer dans ma musique. Si vous le vivez, il n'y a plus aucun problème quand vous jouez parce que la musique fait partie de quelque chose de plus important. Etre un musicien, c'est vraiment quelque chose. C'est très très profond. Ma musique est l'expression spirituelle de ce que je suis, de ma foi, de mon savoir, de mon être."
Dès les premières mesures du thème d'Aknowledgment, qui ouvre l'album, on entend un ostinato se mettre en place : un riff répétitif va en effet s’installer et rester présent tout au long du morceau, donnant valeur de sermon à cette ouverture. Le pianiste y fait sans arrêt référence de façon subtile dans son accompagnement, ce qui permet d’ailleurs à l’auditeur de focaliser son attention sur le discours de Coltrane. Elvin Jones, à la batterie, semble prendre beaucoup de liberté, s’approchant plus de la percussion que du célèbre swing lancinant. Le riff est rejoué par Coltrane à la fin de son improvisation, avant d’être repris à la voix, par le saxophoniste : "A Love Supreme, A love Supreme, A Love Supreme…"
Les quelques délicats accords joués à la contrebasse en guise d’introduction à Resolution nous plongent rapidement dans un univers assez particulier. Arrive ensuite cette première note de saxophone appuyée vigoureusement par un coup de cymbale et un accord de piano. Le contraste avec l’introduction est énorme, le niveau sonore augmente considérablement et l’ambiance y est sensiblement différente. C’est d’ailleurs là que les choses se gâtent. Coltrane attaque plein pot, et moi je perds pied. Les notes sonnent étrangement. Heureuses et mélancoliques, elles instaurent une certaine tension que l’on retrouve tout au long de l’album. Les improvisations s’enchaînent alors, Coltrane et Tyner (le pianiste) se donnant la réplique et créant un tout cohérent et étrangement hypnotisant.
Complexe et riche, l’œuvre de Coltrane ne pourrait se résumer à "A Love Supreme" mais cet album donne, dès la première écoute, une vision plutôt exacte de la musique de ce saxophoniste de talent. L’album peut paraître un peu obscur de prime abord, mais l’hypnose qu’il propose vous procurera des sensations intenses. Que les sensibles de l’épiderme ouvrent grands leurs pores, ça va frissonner ferme !
Je le regrette (vraiment) mais ça me saoule horriblement Coltrane...
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