Tout ça me donne envie de réécouter Kraftwerk. Après tout, sans famille ou amis exilés aux antipodes, je n'ai pas d'autre inquiétude que (*) celle, vaguement lointaine et forcément évanescente, de la sauvegarde de l'écosystème. Bon d'accord, ça n'est pas tout à fait vrai : je ne me fous pas du sort des Japonais, c'est un fait, mais c'est avant tout l'avenir de leur terre qui me touche : comme si cette île tant fantasmée, surtout par nous autres petits bourgeois occidentaux, était vouée à devenir un no man's land irradié, obligeant un peuple à se re-localiser, à abandonner sa patrie, ses villes, ses maisons. Alors j'écoute Kraftwerk qui en 1976 avaient froidement annoncé les risques, comme l'aurait fait un roman d'anticipation de Philip K. Dick. Le luxe, lors d'une telle situation, c'est de trouver un écho musical si facilement, et d'autant plus lorsqu'il s'agit de l'un des premiers grands tubes de la musique électronique.
Est-ce qu'une telle chanson verrait le jour en 2011 après Tchernobyl et Fukushima ? Je ne sais pas si même Kraftwerk aurait les roubignoles nécessaires pour écrire "Radioactivity is in the air for you and me" et encore moins pour le chanter sur un ton pince-sans-rire telle une Cassandre robotique.
Joe Gonzalez
(*) : ça n'est pas tout à fait vrai puisqu'il y a aussi en moi un fond de cynisme noir ébène lorsque je pense "Et dire qu'il y a des types comme Jim O'Rourke qui ont décidé de ne plus jamais quitter le Japon..."
"comme l'aurait fait un roman d'anticipation de Philip K. Dick."
RépondreSupprimerj'aurais plutôt dit Huxley ou Orwell...