C'est entendu.

lundi 28 mars 2011

[45 Tours] Tyler, The Creator - Seven / Assmilk feat. Earl Sweatshirt






Il fallait absolument que je vous parle du collectif Odd Future Wolf Gang Kill Them All Don't Give A Fuck, abrégé OFWGKTA. Je vous la fais courte : une bande de potes de Los Angeles, de l'herbe, du skateboard, des conneries, des beats et un flow énorme. Emmené par Tyler, The Creator, leader qui ne cache pas son hostilité à la blogosphère et dont le deuxième album devrait sortir le 10 mai, mais aussi par Hodgy Beats ou encore Earl Sweatshirt dont on connait très mal l'actualité (la théorie/rumeur dominante dit qu'il serait forcé par sa charmante mère à suivre des cours dans un internat), ce groupuscule est hyper productif, et on peut le dire, vraiment bourré de talent.

Odd Future, c'est aussi un peu la famille. Tous les artistes collaborent aux divers projets, aux clips, à des multitudes de featurings, et il s'en dégage un esprit fraternel puissant. Parce que pour eux il n'y a rien de formel. Sans se prendre au sérieux, ces gars là arrivent à des résultats stupéfiants, et ouvrent une réelle brèche dans le mur du hip-hop indépendant américain. Brèche sublimée par la voix grave et sombre de Tyler que vous avez forcément déjà du entendre, et dont je vais vous reparler séance tenante.

- FACE A: Tyler, The Creator - Seven -


(Seven)

Voilà donc le deuxième morceau de "Bastard", premier album de Tyler sorti en 2009 (le rappeur est alors âgé de 18 ans). Musicalement, c'est extrêmement simple me direz-vous, le morceau tient sur une boucle ou se croisent deux parties distinctes, et cela tout du long. Sauf que pour qu'une telle structure ne soit pas lassante à la longue, il lui faut le petit quelque chose en plus qui va rendre nos oreilles accros. En l'occurrence, pour moi ce sont clairement les claviers ultra soft derrière la voix rugueuse et agressive du créateur. Le contraste est saisissant et colore l'ensemble d'une touche glauque d'incertitude et d'ombre : des éléments qui semblent constituer la ligne directrice du travail du leader sur la musicalité de ses propres compositions. Il y a dans la grande majorité des morceaux une violence verbale parfaitement maîtrisée grâce à cette voix, qui cohabite avec des instrumentations pesantes, comme torturées, et à grand renforts de beats ultra lourds. On ne fait plus du rap pour les mêmes raisons qu'avant, chez Odd Future. Ici, la volonté est de tâcher l'auditeur au marqueur indélébile, pour qu'il prenne conscience de lui-même et qu'il ressorte changé de l'écoute, et si dans le fond, ce concept peut ne pas être révolutionnaire, dans la forme, la façon de le matérialiser est à mon sens vraiment nouvelle. Et unique.

-FACE B: Tyler, The Creator - Assmilk feat. Earl Sweatshirt -


(Assmilk feat. Earl Sweatshirt)


(Tyler & Earl)

Assmilk, lui aussi tiré de "Bastard", est à mes yeux son titre le plus abouti. C'est à dire qu'il brasse un peu plus large. Je m'explique : on retrouve cette structure tylerienne de la boucle contenant deux éléments, à la différence qu'ici, chacun d'eux a sa propre voix. Les claviers cool vont à Earl Sweatshirt, autre maître d'armes absolu du collectif, tandis que les grosses basses et l'inquiétude reviennent une fois de plus au créateur. L'interaction entre les deux est savoureuse, surtout lorsque Tyler décide, pour casser un peu l'écoute, d'insérer un enregistrement de lui-même frappant Earl pour plaisanter en lui demandant de dire "pardon", ce que ce dernier finira par faire, suscitant le rire des autres membres. Dans l'ensemble, cela donne un titre mouvant et sérieux mais pas dépourvu d'humour. Un petit joyaux du rap US à l'heure ou Snoop Dogg commence à réaliser des featurings avec David Guetta. Ça ne peut nous faire que du bien...

Sur Assmilk, en plus du talent des deux artistes et de cette idée de communauté, il y a surtout une aura de jeunesse, qui est fortement revendiquée par les deux cadors du collectif. Au final, même s'ils veulent se donner des airs sérieux, ils sont là avant tout pour déconner. Pourtant, quand ils décident de s'en payer une tranche, c'est une rigolade digne de ce nom, visez plutôt:



(Un skatepark, des niggas en veux-tu en voilà tous plus cool les uns que les autres, et un objectif fisheye)


Hugo Tessier

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