Les Godfathers sont arrivés un poil trop tard sur la scène du revival rock et c'est peut-être ce qui a causé leur perte. Un premier véritable album sorti en 1988, le définitif "Birth, School, Work, Death", alors que Dr. Feelgood avait cessé toute activité vraiment consistante, cela faisait un peu anachronique dans le contexte. Les Parrains avaient beau arborer le look idoine (costards cintrés et mines mauvaises) et composer d'impérissables tueries, on sentait qu'avant que ça n'ait vraiment commencé, leur heure était déjà passée. D'où vingt piges de galères parsemées d'enregistrement erratiques et, il faut bien le dire, inégaux.
Oui mais bon, les revoilà, l'esprit de vengeance chevillé aux tripes, délivrant sur la minuscule scène du 100 Club vingt-cinq titres pour leurs vingt-cinq années d'existence. En chemin, les garçons ont perdu du monde et ne subsiste plus du line-up d'origine que la paire constituée par les frangins Coyne. Le nouveau guitariste, Del Bartle, un gros type, assure tout seul le boulot qui était dévolu aux deux grattes d'origine et il faut avouer que manque un peu, quand même, le jeu de slide de Kris Dollimore. Sinon, tout est là, bien en place, ce rock n'roll et ce rythm and blues séditieux délivrés avec toute la hargne nécessaire par ces garçons issus des bas quartiers du sud londonien, revenus de tout et auxquels, j'en suis sûr, il manque des dents.
(Birth, School, Work, Death)
(Birth, School, Work, Death)
Fondamentalement pessimistes (Love is Dead), réalistes (Birth, School, Work, Death), péremptoires (Cause I Said So), les Godfathers, revisitant fidèlement le meilleur de leur répertoire avec un sens de l'enchaînement qui confine à l'empressement, lâchent tout de leur rock prolétarien dans un set ramassé, gratifiant de quelques "Fuck !" entre les titres un public certes un peu clairsemé mais collectivement sonné par tant d'énergie. D'ailleurs, le DVD bonus accompagnant l'enregistrement vidéo du concert le montre bien, peu flatteur pour le physique des garçons, bedaines et cravtouzes en avant, assurant maladivement comme si beaucoup en dépendait, Peter Coyne crachant ses morceaux plus qu'il ne les chante. En rappel, une reprise de Brand New Cadillac qui fait passer la version des Clash pour une bluette folky.
Un concert comme celui-ci n'est pas révolutionnaire et réservé aux amateurs de rock'n roll basique, c'est certain, mais aussi, comment dirais-je... rassurant en quelque sorte.
AGM
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire