C'est entendu.

samedi 11 décembre 2010

[They Live] Arcade Fire, Fucked Up à la Halle Tony Garnier

C'est quoi la recette du concert parfait ? Du genre de ceux qui vous marquent pour la vie ? Bah t'es con toi, il suffit d'aller voir son groupe préféré et puis voilà, me direz-vous si vous êtes malpoli.



Oui mais non. Ce n'est pas aussi simple. Déjà il faut que le groupe en question existe toujours ; essayez de voir les Beatles aujourd'hui. Il faut également qu'il soit capable d'interpréter ses propres chansons. Ca peut paraître évident, ça l'est moins quand on a déjà assisté à un concert de Clap Your Hands Say Yeah. Il faut aussi tomber au bon moment de sa carrière. Pas forcément à son pic de créativité, mais au moins tant que l'artiste est lucide sur son passé musical et sait en extraire le meilleur. Pas sûr que les fans de Leonard Cohen se réjouiraient à l'idée de le voir interpréter ses derniers albums uniquement. (Mais au fait, il est pas mort, Cohen ? Et ses fans ?)



(No Cars Go)


En choisissant d'aller à un concert d'Arcade Fire vendredi dernier, j'avais apparemment fait le bon choix : un groupe que j'adore, dont les performances scéniques sont, de l'avis général, excellentes. Bien sûr, leur dernier album The Suburbs n'a pas fait l'unanimité, mais il ne représente guère plus du tiers de la setlist moyenne du groupe. A priori, on allait tout droit vers une soirée d'exception. C'était sans compter sur les multiples autres aspects qui font qu'un moment est inoubliable ou ne l'est pas.



(My Body Is a Cage)


La première partie, déjà. Il faut qu'elle soit suffisamment bonne pour se mettre en bouche, mais suffisamment oubliable pour pouvoir passer au plat principal sans arrière-goût. Ce soir-là, elle était assurée par ...Fucked Up. Oui oui, ceux-là même, avec le gros monsieur à moitié nu qui crie sans avoir de voix, pendant que ses trois copains guitaristes jouent tous les mêmes accords. Un choix curieux et regrettable : difficile d'oublier les petits tétons du chanteur gigotant en cadence ; et quand je dis cadence, bien malin celui qui arrivât à en déceler une dans ce brouhaha sonique qui caractérise...



(Keep The Car Running)


...la Halle Tony Garnier. On me dit que des travaux y ont été effectués récemment pour améliorer l'acoustique. Diantre. Oui parce qu'un concert, c'est aussi un lieu. En l'occurrence, cet entrepôt conçu par un sympathique architecte bolchevique (oui, le prénom Tony ne condamne pas nécessairement à appartenir à la mafia italienne ou à une activité de technicien de surface dans une maison bourgeoise) a une acoustique qui évoque des toilettes de 250000 m3. Sincèrement, vous vous imaginez passer un bon moment coincé dans des chiottes géants avec 10000 personnes ?



(Neighborhood #3 (Power Out), Rebellion (Lies))


Parce qu'il faut compter avec le public aussi. Et de ce coté-là on a été servis ; vu que c'était quand même sévèrement trendy d'être présent ce soir-là, je ne compte pas le nombre de gus qui ont passé le concert à filmer(*), à papoter, quand ils n'étaient pas carrément dos à la scène, mais quand même dans la fosse parce que bon, il faut bien qu'on les voie. Résultat, on n'a pas eu droit aux habituelles reprises par le public des morceaux de bravoure du groupe, qui a déjà eu toutes les peines du monde à le faire chanter en chœur sur la fin de Haïti.



(Wake Up)


Car le groupe, lui, a fait comme d'habitude : un show trop court, mais trop bon, avec une setlist parfaite, des gimmicks mignons, de l'énergie à revendre. Ça n'a pas suffi. Il n'y avait rien à faire. Ça restera juste un bon concert.


Joseph Karloff

PS : En revoyant le concert via Youtube, j'ai l'impression que les vidéos contredisent tout ce que je raconte... Mais c'était bel et bien mon ressenti pendant et après le concert.

(*) En voilà un beau spécimen : 15 vidéos prises par concert, pas UNE de regardable.

4 commentaires:

  1. "(Mais au fait, il est pas mort, Cohen ? Et ses fans ?)" --> ça c'est moche! d'autant plus que le vieux bonhomme a sorti un superbe album live y'a pas si longtemps, et les fans de james murphy crèveront bien avant ceux de Leonard Cohen.

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  2. florent > Pour ma part je trouve les lives récents de papy Cohen sirupeux au possible, il y transforme ses meilleures chansons en variété vilaine comme tout.

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  3. Moi je trouve que certains arrangements sont plutôt chouettes sur le dernier Cohen comparés aux albums. Que son octave en moins est plutôt cool et que il a quand même une setlist plus que respectable.

    Mais certains artistes même "légendaires", genre Dylan, jouent principalement leurs derniers albums en live. Et ce n'est pas pour déplaire l'adorateur de gens presque mort que je suis.

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  4. j'interviens juste pour dire que j'adore l'expression "adorateur de gens presque morts" :D

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