Qu'y a-t-il de plus absurde que d'écouter la bande originale d'un film sans avoir vu ce dernier ? Laissez-moi poser la question autrement : qu'y a-t-il de plus absurde que de mettre en avant la bande originale d'un film plutôt que le film lui-même ? Pour les fêtes de fin d'année, Disney propose "Tron Legacy" pour le plus grand plaisir de nos lassitudes mornes. La stratégie commerciale de la souris aux grandes oreilles noires est assez neuve : centrer sa visibilité sur la bande son du film ; je me propose alors de jouer le même jeu et de critiquer ce disque sans avoir vu le film.
La tradition cinématographique trimballe une idée très précise du rôle que doit jouer la musique dans un film. On peut le résumer par l'adage bien connu : "une bonne musique de film, c'est celle que l'on n'entend pas." Dans cet état d'esprit, une bande originale accompagne l'image, suit le rythme du scenario, accentue les mots et avive les peurs. Elle ne peut alors pas porter le film à bout de bras ou lui donner une légitimité (sauf s'il s'agit de comédies musicales ou de biopics consacrés à des musiciens, bien sûr). Pourtant, de plus en plus d'œuvres voudraient donner tort à l'adage (pensez Amélie Poulain)... et pourquoi pas ! La musique doit pouvoir se libérer de ce carcan d'écolier à deux balles et pouvoir, si c'est légitime, revêtir un rôle autre que celui de la passive couverture. Mais pas à n'importe quel prix.
On ne peut pas le nier, Daft Punk avait son style (la French Touch) et certaines de leurs compositions portent en elles une époque, une effervescence. Seulement voilà, Daft Punk a comme tout groupe influent engendré des rejetons. Pedro Winter (aka Busy P. ancien manager des deux "robots"), Justice et les gens du label Ed Banger en général sont la progéniture acnéique de Daft Punk. Ils ont créé une sorte de French Touch 2.0, upgrade odieuse d'un style qui se voulait subtil autant qu'entraînant. Les guitares funky ont fait place à une dose maximale de rock'n roll dégoulinant. Les beats tapent dur, le poing est rageur, la guitare est saturée à ne plus pouvoir respirer et le souffle se coupe vite. Il faut croire que c'est ce que les gens demandent. Ces pseudo-rockeurs, coupables de parenticide sans idée avaient de quoi nous rendre nostalgique. Le retour de Daft Punk au plus près des samplers redonnait un brin d'espoir. Seulement voilà, la superbe est perdue, la subtilité n'est plus et on se croirait dans une boite, en 2005, remplie de fluokids, ce qui a le don de me foutre les jetons !
Le titre phare, Derezzed, représente à merveille l'étron cacophonico-beauf qu'est cet album.
Il y a quelques semaines, Derezzed, le titre phare de l'album était sur la toile. Quelques heures auront suffi pour créer un buzz exceptionnel. Rendez-vous compte, les Daft reprenaient du service ! Pourtant, à moins d'être un aficionado dépourvu objectivité, il fallait se rendre à l'évidence : ce morceau était mou, vide, autant le dire... mauvais. C'est malheureusement à cette image que l'album a été conçu. Alors que les deux français avaient montré de la créativité et du talent avec "Interstella 5555" (2003), ils livrent ici 22 pistes plus clichées les unes que les autres. Les violons y sont trop faciles (et trop présents) et les lignes de basses prévisibles. Pour tout dire, aucun indice ne permet de repérer la touche française d'un Daft Punk sombré dans la caricature vulgaire.
Un grandiloquence imbuvable, voilà ce que semblent révérer les sonophages sourds qui, la chemise en sueur, lèvent le poing en hurlant au génie. Daft Punk est perdu pour nous et comme pour tous les artistes ayant marqué leur époque, beaucoup mettront du temps à le réaliser.
Julien Masure
J'irais pas jusqu'à dire que leur style est LA french touch mon bon monsieur, parce qu'avant tout c'est au choix une scène ou une ombrelle sous laquelle on pouvait mettre tous les groupes de musiques électroniques français histoire de se faciliter l'écriture de ses piges quand on était journaliste musical à la fin des nineties. Wikipedia prétends que c'est un style, mais je demande vraiment ce qu'ont Motorbass, St Germain, Air, David Guetta et Laurent Garnier en commun ? Et qu'est-ce qu'il y connait aux femmes Rick Hunter ?
RépondreSupprimerPour en revenir à Daft Punk, on a jamais autant parlé d'eux que depuis qu'ils sont médiocres, j'ai donc ma carte du club des gens qui les emmerdent et qui préfèrent écouter de la musique électronique français de qualité (la compil' de remix de Pépé Bradock, ECOUTEZ LA !). En plus Tron ca va être tout pourri, foi de geek.