La curiosité. Voilà ce qui m'a donné envie de voir qui se cachait derrière "anbb", nom qui, quand j'ai vu la pochette de "Mimikry" pour la première fois, ne me disait rien. La curiosité encore, mais cette fois aussi un certain enthousiasme, m'ont fait écouter ce disque quand j'ai appris qu'il s'agissait d'une collaboration entre Alva Noto, artiste électro-minimaliste expérimental habitué de chez raster-noton (le très bon label chez qui l'album est paru), et Blixa Bargeld, le chanteur d'Einstürzende Neubauten (et ex-guitariste de Nick Cave & The Bad Seeds, mais ça n'a pas d'incidence ici).
(Once Again)
L'association n'avait rien d'évident en apparence : même si ces deux musiciens sont coutumiers de l'expérimentation, leurs univers sonores respectifs semblent on ne peut plus éloignés. Mais dès les premières secondes de Fall, on se rend compte du formidable potentiel de cette rencontre : le cri aigu caractéristique de Bargeld est désarticulé, manipulé et prend des allures d'instrument, d'instruments même, la richesse de ce cri est révélée, catalysée, par les manipulations d'Alva Noto. Puis le son de cette voix est réutilisé par Alva de la même manière qu'il manipule ses sons électroniques et Blixa se met à parler-chanter par dessus, un Sprechgesang qui évolue de plus en plus vers un vrai chant, rejoint par des instruments à cordes pour former un son riche dont l'expérimentation n'est finalement que la base.
(One)
Ce n'est là que le début, mais c'est déjà assez pour savoir qu'on a affaire à un disque particulièrement intéressant. Les pistes suivantes sont plus courtes et plus directes mais tout aussi réjouissantes, que ce soit la boucle électro-abrasive et très prenante de Once Again, la douce tristesse de la chanson One, l'électro-glitch polyphonique de Ret Marut Handshake, l'atmosphère cinématographique et mélancolique de Bernsteinzimmer, ou l'étonnante froideur de la reprise de la chanson traditionnelle américaine I Wish I Was a Mole in the Ground. Sur les dix pistes présentes sur l'album (52:40), pas une ne se répète, pas une ne manque de charme ni d'originalité.
(Ret Marut Handshake)
Vous l'aurez compris, cet album est une sacrée bonne surprise et dépasse même largement mes attentes ; pour être tout à fait honnête, les albums d'Einstürzende Neubauten sortis après 1996 (après le départ de F.M. Einheit et Mark Chung), malgré leur(s) qualité(s) indéniable(s), me laissaient un peu sur ma faim, alors que "Mimikry" me comble. Et plus encore qu' "Insen", déjà très belle collaboration entre Alva Noto et Ryuichi Sakamoto. anbb fait plus que trouver un terrain d'entente entre Noto et Bargeld, il révèle les qualités de ces musiciens sous un jour nouveau (la possibilité pour les sons cliniques de Noto de donner naissance à de vraies chansons, et la richesse sonore, l'originalité et la polyvalence de la voix de Bargeld). "Mimikry" est un excellent disque, et une collaboration comme on aimerait en voir plus souvent !
— lamuya-zimina
(Once Again)
L'association n'avait rien d'évident en apparence : même si ces deux musiciens sont coutumiers de l'expérimentation, leurs univers sonores respectifs semblent on ne peut plus éloignés. Mais dès les premières secondes de Fall, on se rend compte du formidable potentiel de cette rencontre : le cri aigu caractéristique de Bargeld est désarticulé, manipulé et prend des allures d'instrument, d'instruments même, la richesse de ce cri est révélée, catalysée, par les manipulations d'Alva Noto. Puis le son de cette voix est réutilisé par Alva de la même manière qu'il manipule ses sons électroniques et Blixa se met à parler-chanter par dessus, un Sprechgesang qui évolue de plus en plus vers un vrai chant, rejoint par des instruments à cordes pour former un son riche dont l'expérimentation n'est finalement que la base.
(One)
Ce n'est là que le début, mais c'est déjà assez pour savoir qu'on a affaire à un disque particulièrement intéressant. Les pistes suivantes sont plus courtes et plus directes mais tout aussi réjouissantes, que ce soit la boucle électro-abrasive et très prenante de Once Again, la douce tristesse de la chanson One, l'électro-glitch polyphonique de Ret Marut Handshake, l'atmosphère cinématographique et mélancolique de Bernsteinzimmer, ou l'étonnante froideur de la reprise de la chanson traditionnelle américaine I Wish I Was a Mole in the Ground. Sur les dix pistes présentes sur l'album (52:40), pas une ne se répète, pas une ne manque de charme ni d'originalité.
(Ret Marut Handshake)
Vous l'aurez compris, cet album est une sacrée bonne surprise et dépasse même largement mes attentes ; pour être tout à fait honnête, les albums d'Einstürzende Neubauten sortis après 1996 (après le départ de F.M. Einheit et Mark Chung), malgré leur(s) qualité(s) indéniable(s), me laissaient un peu sur ma faim, alors que "Mimikry" me comble. Et plus encore qu' "Insen", déjà très belle collaboration entre Alva Noto et Ryuichi Sakamoto. anbb fait plus que trouver un terrain d'entente entre Noto et Bargeld, il révèle les qualités de ces musiciens sous un jour nouveau (la possibilité pour les sons cliniques de Noto de donner naissance à de vraies chansons, et la richesse sonore, l'originalité et la polyvalence de la voix de Bargeld). "Mimikry" est un excellent disque, et une collaboration comme on aimerait en voir plus souvent !
— lamuya-zimina
P.S. : …Normalement, je pourrais m'arrêter là, mais ce serait passer sous silence ce qui est à mon avis un autre élément intéressant de l'album, un lien entre la photographie et la musique. Lorsque Blixa chante, sur la piste-titre, "You/You as an insect…/mimic yourself" (avec une voix dans le fond qui dit qu'on peut bien faire ça sous Photoshop), difficile de ne pas voir un lien avec la photo de la pochette, l'un des autoportraits de Veruschka von Lehndorff, artiste, actrice et mannequin. Veruschka a en effet composé et/ou posé pour plusieurs séries de photos où elle se camoufle dans le paysage ou se déguise, en insecte, en pierre, en zèbre, en homme, en mannequin, etc. Quand on sait que l'une de ces séries de photos s'appelle "Mimicry-Dress-Art", et lorsque l'on entend cette même Veruschka pousser des cris de chats sur Katze, la dernière piste de "Mimikry", on peut se dire qu'il y a effectivement plus qu'une simple coïncidence ou qu'une vague inspiration là-dessous. Veruschka, (l'une des) muse(s) d'anbb ? Pourquoi pas ?
J'ajoute qu'en fait, One est une reprise. C'est à l'origine une chanson de Harry Nilsson, dont nous avions parlé ici :
RépondreSupprimerhttp://cestentendu.blogspot.com/2010/01/reveille-matin-harry-nilsson-gotta-get.html
La chanson originale :
http://www.youtube.com/watch?v=-nB5VxPOoio
on dirait Sarkozy à droite, sur la dernière photo
RépondreSupprimerJ'ai découvert l'album via l'article pour ma part, et l'ai trouvé très intéressant. Assez long aussi, je n'ai pas fini de le fouiller, mais il y a des tas de choses à découvrir, et Blixa Bargeld lui donne vie, véritablement. Merci lamuya.
RépondreSupprimerOuep, super album. Après avoir redécouvert Einsturzende Neubauten il y a quelques semaines avec votre post, celui-ci tombe à pic.
RépondreSupprimerLamu je suis sûr qu'il erre dans les rues de Strasbourg dans la même position et le même accoutrement que la meuf sur la pochette. Ça me fait froid dans le dos... Je l'imagine tout à fait. Exactement pareil sauf que y'a sa teub qui pend.
RépondreSupprimerImaginer Lamu en véritable caméléon urbain, rampant comme un lézard, planqué comme un putois et bandé comme un guacamole, ça me fait mal : <
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