C'est entendu.

lundi 27 septembre 2010

[Vise un peu] Luke Abbott - Holkham Drones

Cette année, un album peu commun a trouvé sa place dans les sonothèques des plus curieux. Un LP à la pochette si étrange qu'elle laisse dubitatif. Un album complexe, qui, pour être compris, nécessite un petit retour en arrière de presque cinq ans. C'était à l'époque où, si l'on force le trait, la "musique dansante intelligente" (l'IDM) connaissait un essor considérable et n'était plus du tout l'objet précieux d'une minorité. Cette popularité nouvelle d'une musique électronique "plus subtile", on la doit à un label et un album en particulier qui connurent (l'un entraînant l'autre) une hype des plus considérables. L'album en question, c'est "Drowning In A Sea Of Love" de Nathan Fake et le label : Border Community.

Chez Fake, les sons uniques en leur genre, aériens, éthérés, volatiles, enivrent l'auditeur et se réécoutent en boucle. Tout le monde se souvient de la track The Sky Was Pink remixée par James Holden (créateur de la Border Community) qui fut le morceau auquel il était impossible d'échapper, il y a cinq ans. Le label avait alors un nom et une place de choix sur la scène électronique (il est difficile de définir leur style, sinon sous le terme générique d'IDM qui reste cependant trop réducteur).


En 2006, James Holden sortait "The Idiots Are Wining" et proposait un album profondément techno. Les structures rythmiques y sont perturbantes, voire perverses. Dès lors, et après ces deux albums, la Border Community prenait le rôle d'un label unique, qui offrait des créations exceptionelles. Seulement voilà, depuis 2006, plus rien de vraiment passionnant n'est sorti des studios anglais. Les mauvaises langues creusaient d'ailleurs déjà la tombe du label qui semblait voué à mourir d'une petite mort. C'était cependant sans compter sur Luke Abbott et son premier album, une surprise totale, un nouveau souffle.

"Holkham Drones" est, en fin de compte, le mélange parfait des deux albums majeurs qui l'ont précédé, à savoir "Drowing In A Sea of Love" et "The Idiots Are Wining". Les beats frappent avec force et détermination aux travers de nappes sonores légères comme l'air. Chaque nouvelle track est à la fois surprenante et pourtant parfaitement cohérente avec celle qui la précède. L'album est solide et forme une oeuvre homogène.

Deux pistes en particulier vont retenir l'attention, deux moments-clefs, deux pièces maîtresses. La première est la plage éponyme de l'album où l'auditeur découvre une montée en puissance presque éternelle aux climax sous-entendus. Presque-sept minutes d'une techno mélodieuse et harmonieuse compose cette track subjuguante.

(Holkham Drones)

Le second grand moment de ce LP est la plage Brazil. Les BPM chutent pour y adopter un rythme singulier, envoutant. Avec Brazil, Lukke Abbott se transforme en polisseur d'orfèvre et nous offre l'un des morceaux les plus aboutis qu'il ait réalisés. Les deux mélodies, aériennes, s'y répondent et s'entre-croisent sans cesse. L'émotion y est subtile et n'est pas sans rappeler un certain You Are Here de maître Nathan Fake.

(Brazil)

"Holkham Drones" se plaît à s'éloigner des lieux communs autour desquels nombre d'artistes actuels aiment graviter. Voilà un album étrange dont la force repose en son art de la reformulation et de la redécouverte de certain sons (principalement ceux de Fake et de Holden). Luke Abbott signe ici un LP exceptionnel (sens premier du terme) et redonne au dénigré label Border Community ses lettres de noblesse et tout son crédit.


Julien Masure

1 commentaire:

  1. Il ne faut tout de même pas oublier l'album de Fairmont "Coloured In Memory" sorti en 2007 !

    Et puis des artistes comme Ricardo Tobar, The MFA, Petter, qui sont passé par là et ont sorti des morceaux inoubliables !

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