C'est entendu.

vendredi 30 juillet 2010

[Réveille Matin] Mission Of Burma - That's When I Reach For My Revolver

Je ne connais pas Mission of Burma. J'ai vaguement écouté leur album "Vs." dont tout le monde parle sans savoir vraiment trop quoi en penser, ce qui doit surement signifier que je n'en pense absolument rien. J'ai aussi écouté leur premier e.p. qui est plus propre et un peu mieux à mes oreilles, mais, pareil, là, ce serait un exercice digne d'un partiel de fin d'année que d'oser écrire plus de cinq lignes dessus vu l'état de mes connaissances. J'aimerais vous mentir en étalant ma science pompée sur wikipedia comme je l'ai fait mille et une fois par le passé dans moult réveille matin, mais non, je suis désarmé, alors je vais juste vous raconter la seule anecdote que je sais sur eux, qui est super connue, mais c'est pas grave, les choses répétées plaisent comme disait Horace : ce groupe s'est séparé au début des années 90 après leur premier album juste parce que le chanteur/guitariste avait des gros problèmes d'acouphènes en raison du volume beaucoup trop élevé du son à leurs concerts. Je trouve ça chouette comme histoire, quoiqu'un peu tragique. C'est vraiment se tuer à petit feu quand même que d'être musicien dans un groupe de rock. Enfin, je sais pas, je trouve ça fort. J'imagine soudain un guitariste qui déciderait de se donner pleinement dans son art, sachant bien que ses oreilles siffleront jusqu'à la fin de sa vie, en sacrifiant totalement ses tympans dans un dernier concert durant lequel il déciderait volontairement de devenir sourd, allant au delà de toutes les limites, en collant son oreille à un mur d'amplis qui auraient tous leurs boutons sur 11, ce serait une espèce de mort artistique surpuissante. Bon, les mecs de Mission of Burma, ils ont juste splitté. Ils ont reformé le groupe récemment d'ailleurs.

Enfin, tout ça n'a rien à voir avec le morceau que je vous propose d'écouter ce matin et qui s'appelle That's When I Reach For My Revolver, qui est dans le player à gauche, extrait du premier e.p. du groupe, du temps où leurs oreilles ne faisaient aucun bruit la nuit (je repense moi-même parfois avec nostalgie à l'époque où je n'avais pas des petits "biiip" dans les oreilles, lorsque mes tympans étaient purs, ah la la) et qui est l'un de leur plus gros tubes. Ça a même été repris par l'ami Graham Coxon sur l'un de ses albums solos. Aussi par Moby dans une version dégueulasse d'ailleurs mais qui avait eu un petit succès. On comprend assez rapidement pourquoi en fait : il y a le refrain, et il écrase tout. Il est amené par la nonchalance un peu ado, un peu émo, un peu molle des couplets, dans lesquels le bassiste nous lance des "Once I had my heroes..." désabusés. Mais toute une colère sourde et désespérée arrive finalement quand ce post-ado à la voix tremblante vous hurle le titre du morceau, inspiré de la célèbre phrase faussement attribuée à Goering "quand j'entends le mot culture, c'est là que je sors mon revolver," ou quelle que soit la déformation que vous connaissez (c'est extrait d'une pièce de théâtre pro-nazie en fait, écrite en 1933), phrase symbole d'un mal-être, d'un rejet d'absolument tout et sur la déception infinie qui touche l'adolescent qui grandit et qui se rend compte que toutes ses jolies idées sur la vie sont faites pour tapisser le fond de sa poubelle qu'il sort les lundi et vendredi soir. Mais ce n'est pas non plus un appel con au nihilisme. Au contraire. "That's when it all gets blown away." C'est juste un appel au changement, quoique non, même pas un appel, juste la prise en compte du paramètre temporel dans nos vies qui crée du changement, qui viendra forcément, et qui n'est ni mauvais ni bon, juste différent. C'est la mort de quelque chose mais pas la mort d'absolument tout. C'est la destruction de ce que l'on croyait être vrai mais qui ne laisse aucun vide puisque tout cela est rempli par autre chose. Finalement, nous pensions être des héros et nous ne sommes que des esclaves. Ça semble triste, mais on peut prendre ça de façon positive d'une certaine manière. Pas vrai ? Après ça, il ne pourra y avoir que des bonnes nouvelles.


Emilien Villeroy

4 commentaires:

  1. La description de ce morceau correspond parfaitement bien à l'ensemble de leur travail. J'ajouterais simplement qu'en album, cette musique rampante qui n'a l'air de rien devient totalement addictive après cinq ou six écoutes.

    Tant qu'à parler des acouphènes, on peut aller au bout. J'ai vu Mission of Burma live en 2004 dans une micro salle à Louvain en Belgique et c'était assez étonnant de voir Roger Miller en partie isolé des autres par des parois en plexiglas et portant un casque amortisseur de bruits. Il est probablement effectivement en train de lentement se suicider soniquement...

    PS : Leur album de 2009 est un must...

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  2. Emilien m'a donné envie de redonner une chance supplémentaire à MoB et mmarsupilami d'écouter leur dernier album : une belle victoire collective.

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  3. ça m'a donné envie de réécouter aussi, ça fait un sacré bail. Il me semble que j'avais découvert ce groupe et leur album-culte parce que Yo la Tengo les cite souvent parmi leurs principales influences, j'avais été tout de suite conquis, mais je l'ai laissé de côté depuis.

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  4. c'est Trem Two ma préférée du groupe!

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