Il n'y a qu'une seule chanson au Monde et c'est celle-ci. C'est peut-être parce qu'elle a cinquante balais et qu'on a difficilement fait plus direct depuis, mais cette chanson est plus ou moins objectivement à la complainte adolescente ce qu'une MILF de haut niveau est au genre féminin (pour certains d'entre vous, en tout cas - je n'ai jamais été attiré par ces "mamans que j'aimerais me faire") : un incontournable.
Désormais, faites l'effort de chasser de votre mémoire l'horrible métaphore que vous venez de lire et efforcez-vous d'imaginer la toute fin des années 50 américaines, avec tout ce que les clichés proposés par l'industrie audiovisuelle Hollywoodienne a pu vous mettre comme préjugés en tête : l'insouciance, le rêve américain et des high schools bourrés de jolies filles en jupes pas encore si courtes que ça mais déjà toisées par de jeunes garçons dont la seule rébellion consiste en l'axiome gomina/cuir/vitesse et, si tout va bien vous devriez arriver de façon naturelle à entendre, comme soufflé par votre inconscient, le son d'une époque. Ce son, c'est le doo-wop, ce genre musical jeune MAIS inoffensif qui, le plus souvent, mettait en avant un soliste (dans le cas présent, le jeune Dion Di Mucci), entouré de deux à quatre choristes du même sexe et de tessitures différentes, afin d'interpréter sans aucun danger des ritournelles ados (rappelons qu'à la même époque, Elvis, Johnny Cash ou encore Jerry Lee Lewis s'occupaient déjà de la véritable révolution) allant de la ballade prévue pour le slow du bal de promo jusqu'au hit au tempo un brin plus élevé sur lequel le soliste prenait un canif en plastique entre les dents pour faire rêver les minettes.
C'est peut-être bien l'un des courants musicaux les plus obsolètes aujourd'hui, non ? L'insouciance d'après-guerre d'une société bouillonnant d'un désir refréné d'évasion et de sexe, comment s'y référer en 2010 ? Et puis, c'est aussi l'une des branches les plus nunuches de la musique populaire contemporaine, il faut l'avouer. Pourtant, je m'y baigne comme un poisson dans l'eau et ne puis m'empêcher de raffoler de toute cette guimauve ingénue qui, finalement, ne représente rien d'autre à mes oreilles qu'une formidable fontaine de jouvence, protégée contre toute forme de cynisme, et à laquelle je me plais à boire les paroles de Dion ("Well if you want to make me cry /That won't be so hard to do / If you should say goodbye / I'll still go on loving you" et ce genre de bêtises) parce qu'il arrive un moment dans la vie de chacun où l'on a besoin d'avoir quinze ans à nouveau, au bord du précipice et les yeux pleins d'étoiles. Disons que j'en suis à peu près là.
Joe Gonzalez
Chouette article, ca m'a donné envie de me mettre I Only Have Eyes for You des Flamingos en boucle.
RépondreSupprimerEt moi d'enchainer Dion/Flamingos/Platters comme un porc.
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