C'est entendu.

vendredi 25 juin 2010

[Réveille Matin] Alan Vega - Jukebox Baby

Alan Vega, il a un peu tout fait à l'envers. Je dis pas qu'il a rien pigé ou qu'il est pas très intelligent, non non, mais bon, vous pouvez reconnaitre qu'il a commencé par la fin. Il a d'abord été une espèce d'Elvis zombie glauque et terrifiant au sein de Suicide, revenu des morts après avoir vomi tous ses hamburgers de trop, chantant sur des types qui tuent leur famille avec sa voix d'outre-tombe. Et puis c'est seulement après, une fois tout seul, en solo, sur son excellent premier album sobrement intitulé "Alan Vega" qu'il s'est mis à vraiment faire du rockabilly moins crade, avec une voix de jeune premier (de 40 ans ahem) qui aurait pu passer dans des dîners américains dans les années 50's. Bon, bien sûr, c'était son rockabilly, donc ça donne des choses bizarres comme Kung-Fu Cowboy (oui, c'est vraiment le titre, et encore, vous avez pas lu les paroles ni entendu la manière dont Vega chante très sérieusement "he's the kung fu coooowboyyyy!") ou l'extraordinaire Bye Bye Bayou, tube minimaliste de 8 minutes, répétitif à en mourir (repris récemment par LCD Soundsystem d'ailleurs, James Murphy ayant sans doute préféré assumer le statut de reprise plutôt que de pomper en cachette, histoire qu'Alan puisse payer son loyer). Mais il a quand même fait de vraies tentatives rétro. Et la plus belle, la plus kitsch, la plus drôle, la plus cool, la plus superlative finalement, c'est assurément Jukebox Baby, qu'il faut vraiment que vous lanciez, là, maintenant, tout de suite, dans le player de gauche, à moins que vous préféreriez regarder ce simili-live très drôle :


Bien sur, c'est du pastiche, de l'hommage qui n'a peur de rien, tout est là, le petit delay sur la guitare, les claquements de doigts, la basse qui fait le même "too-doo-doo" en boucle, même l'harmonica qui tente de briser la monotonie ultime du truc. Mais le spectacle, ce qui fait tenir tout ce branlant retour dans le passé, c'est Vega lui-même, immense au milieu de ces conneries, chantant autant pour lui que pour le mur, improvisant ses paroles, lançant des petits cris de jouissance brute, rock & roll en diable, avec ses petits "han han han" complètement surfaits, mais il s'en fout Alan, il est là, il est dedans, il est cette rockstar qu'il a toujours voulu être et, effectivement, pendant près de 5 minutes, Alan Vega est une légende, un héros, il entre dans la mythologie du rock, serre la pince à Gene Vincent, boit un coup de trop avec Carl Perkins, danse un twist avec Presley, et vous, vous êtes là, devant ce spectacle, et vous avez vraiment le choix : soit vous voyez devant vous un vieux cinglé, soit vous voyez devant vous un dieu vivant. Moi j'ai choisi mon camp.

Emilien Villeroy.

1 commentaire:

  1. han han han ! yeah ! au fait dans un genre différent l'album Saturn strip de Vega est très recommandable aussi !

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