Je suis à cran, pas vous ? Je ne sais pas si c'est ce va-et-vient météorologique qui me laisse sur ma fringale d'ultraviolets ou bien si l'anticipation de quelques échéances redoutées couplée à l'excitation de vacances proches ne me fait pas littéralement boulotter mes doigts de pieds les uns après les autres (je fais ça quand je suis mal dans ma peau). La seule chose qui pourrait faire dresser ma vertu ce matin serait d'ouvrir la radio pour entendre un flash spécial désespéré narrant comment suite à un incident x ou y d'entières factions de nihilistes désœuvrés ont mis à sac ma bonne ville de Toulouse, brûlant voitures et terrasses de café avant de s'en prendre aux institutions Républicaines, pillant les vitrines et hurlant à la mort. Pas de slogan, aucune intention politisée, mais des animaux s'extirpant dans la douleur d'une mue reptilienne désagréable en crachant au visage d'une société qui un beau matin finit par sérieusement les estranciner.
Ne vous inquiétez pas, ne composez pas le 911, ça n'est qu'un vœu pieux de ma part, rien de plus. Après tout, nous avons tous, à intervalles plus ou moins réguliers selon notre degré de sociopathie des pulsions négatives liées au stress ou à des concours de circonstances particuliers, ne me faites pas un procès que je ne mérite pas, et puis si l'Homme a réinventé le bruit et l'a estampillé "noise music" c'est aussi pour ça : pour que des tocards comme moi passent leur rage sur autre chose que des crânes innocents et que nous autres mélomanes trépanés du cigare laissions à d'autres le soin de "foutre la merde." C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les musiques les plus bruyantes ont toujours été les plus pacifistes et je ne comprends pas ceux, fourvoyés ou incultes, qui prétendent que le heavy metal ou le rock sont des incubateurs de violence (il y a encore des tas de gens qui pensent comme ça, je vous assure).
Alors, pour noyer mon coup de sang et vous réveiller avec une émeute sonore, j'ai choisi Lionel, une "chanson" de DNA, le groupe d'Arto Lindsay (qui sera le mois prochain à la Villette Sonique à Paris), et l'un des fondateurs du mouvement No Wave.
En 1979, Brian Eno, toujours lui, était à New York et compilait les assauts de cette scène aussi bouillonnante qu'éphémère (par essence, une musique aussi nihiliste n'avait pas vraiment le choix - et lorsque de nos jours j'entends dire que The Kills serait un groupe nihiliste, je me tape le front contre un coin de table) sur "No New York" avec un concept : quatre chansons par groupe, quatre groupes. Aux côtés de Mars, Teenage Jesus & The Jerks et James Chance & the Contorsions, DNA y cogne des guitares, y hurle, et laisse la basse de Tim Wright diriger le boucan a-mélodique qui aura inspiré tant de groupes, à commencer par Sonic Youth. Je donnerais cher pour avoir un aperçu de vos tronches enfarinées au moment où vous avez lancé le morceau.
Joe Gonzalez
P.S. : Si vous pensiez avoir droit à une ballade hippie, encore une, bien fait pour vous.
nan, c'est Parfait, juste ce qu'il me fallait pour démarrer cette p* de journée !
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