C'est entendu.

mardi 11 mai 2010

[Réveille Matin] Klaus Nomi - Lightning Strikes

C'est l'histoire d'un Allemand qui avait un petit talent au niveau vocal, une tessiture de contre-ténor qui lui avait permis de se produire sur quelques scènes étant jeune, puis qui était allé à New York en 1972 pour participer à la scène arty de la ville, entre deux cours de chant et un métier de pâtissier, et qui a fini en tant que star underground. Avec une imagerie unique, il reprenait du Saint-Saëns lors de soirées, mais chantait aussi de la pop music baroque et outrée et il sortit deux albums et fait office de choriste pour David Bowie à la télévision avant de mourir finalement à 39 ans du Sida. Un destin bizarre, excentrique, brutal qui a fait de Klaus Nomi un artiste culte, reconnaissable entre mille, et dont la carrière a été si singulière et osée qu'on ne peut pas ne rien en penser. Ce costume en plastique, cette voix qui vient vous vibrer dans les tympans, cette ambiance 80's, tout semble venir d'ailleurs avec lui, pour le meilleur comme pour le pire, et c'est une attaque en règle contre vos préjugés en que ce cross-over téméraire entre l'opéra et la synth-pop. Le paradoxe du début de carrière de Klaus Nomi, c'est qu'il a été découvert par le biais de ses interprétations de "musique classique," mais que ses albums ont été remplis de chansons pop, comme pour faire passer la pilule, le label RCA se disant que cela pourrait attirer le public, avant de finalement le laisser se recentrer sur des œuvres d'opéra à la fin de sa vie, en comprenant que le public avait été davantage marqué par son Cold Song, composé par Purcell.

(Il faut aussi VOIR Klaus Nomi)

Il n'empêche que Klaus Nomi a tout de même chanté de la pop sur ses deux albums, et il devait aimer ça puisque l'on y trouve des originaux composés particulièrement pour lui (The Nomi Song ou le formidable I'm Wasting My Time), mais aussi des reprises de grands classiques et autres vieux tubes comme par exemple Lightning Strikes de Lou Christie, un morceau qui s'était vendu à un million d'exemplaires en 1966. Sauf que si c'est Klaus qui s'occupe d'une reprise, on est forcément loin d'une simple copie carbone de l'originale. Et d'une chanson un peu kitsch, on passe alors à un tube qui laissera tout le monde circonspect à la première écoute. Un accent allemand qui roule un peu les "rrrr," un couplet qui sonne désormais comme une chanson traditionnelle bavaroise et puis finalement l'explosion du refrain avec cette voix de tête qui va toucher des notes suraiguës insoupçonnées avec une audace folle, rien que ça, et c'est fascinant de voir une telle ré-appropriation aussi bien réalisée. C'est au-delà de l'outrance : ça va tellement loin que ça atteint tout naturellement des sommets. Et le pré-refrain est alors un moment magique et surpuissant, tout particulièrement dans la façon dont Klaus lâche ses "I can't stop ! I can't sssstop myseeeelf !" de plus en plus criés, de plus en plus forts, de plus en plus jouissifs.


Emilien Villeroy

6 commentaires:

  1. Roh cette voix dis ! Mais alors cette voix ! Et l'accent ! J'arrive pas à savoir si j'aime ou si la chanson m'a surpris de bon matin. Il n'empêche que c'est la quatrième fois que je l'écoute, et je trouve toujours quelque chose à noter sur le personnage. L'instrumentation derrière, toute ingénue, et lui qui vient contrebalancer pour donner à cette chanson une ambiance toute particulière, inclassable (ambiance sur laquelle je n'arrive toujours pas à mettre de mot au bout de la 5ème écoute...) Bref, je valide ce réveille-matin, à fond les ballons, il aura eu le mérite de me faire cogiter avant 8h du matin et c'est pas négligeable !

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  2. Je suis heureux d'enfin savoir à quoi ressemble la musique de Nomi : Luis Mariano chez les boches :D

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  3. Quoi c'est bien Luis Mariano :X

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