Il y a tout juste une semaine, je ne sais pas où vous étiez, mais surement pas au concert de The Konki Duet et Suzanne The Man dans une petite salle parisienne encerclée par le Moulin Rouge et des cars d'Allemands en vadrouille. Non, vous êtes restés chez vous à regarder la télévision mollement pendant que Suzanne The Man jouait de manière très belle sa folk lumineuse et que The Konki Duet justifiaient, même avec un son pas génial et un éclairage désespérément statique, tout le bien qu'on pense d'elles, alternant extraits de leur dernier e.p. ou bien inédits qui annoncent un troisième album merveilleux. Et entre deux futurs tubes de demain, les filles ont joué un morceau formidable qui s'est avéré être une reprise d'un groupe que je ne connaissais pas, mais Dieu merci, l'Internet. Et voici donc, pour vous, ce matin, Family Fodder et leur morceau Savoir Faire.
On est en 1980 à Londres, l'époque est à l'art, au post-punk, au D.I.Y. le plus pur, à John Peel qui passe des disques hors du commun à la radio. Alig Pearce, jeune pianiste, après des petits enregistrements entre amis et un single sorti en 78 sur le même micro-label que les débutants The Cure, se lance dans Family Fodder, un groupe à géométrie variable qui se veut aussi expérimental que ludique. Pendant cinq années fertiles, cet ensemble bordélique (plus de vingt personnes s'y succéderont !) ira de genre en genre, appelant même l'un de ses essais "All Styles," avant de disparaitre aussi mystérieusement qu'il est apparu et dans l'anonymat le plus complet. Mais pour l'heure, en 1980, Pearce, accompagné entre autre par sa french girlfriend Dominique Levillain au chant, et deux membres de This Heat (ça devait les changer de leurs travaux sonores extrémistes), enregistre rapidement un premier album réussi, "Monkey Banana Kitchen," où se suivent sans logique des collages bizarres, du post-prog-punk (sic), du dub décalé et, surtout, de la pop arty qui atteint des sommets. Pour preuve : Savoir Faire. En un mot comme en cent, ce morceau est tout simplement génial. Pendant trois minutes aussi inventives qu'amusantes, Family Fodder accumule les bonnes idées avec fougue : le clavier, les petits bruits, les guitares à toute vitesse, la structure étrange. Et tout se dirige vers un refrain en français dans le texte complètement parfait avec Dominique qui nous lance "Apprendre à faire des rasoirs ! Apprendre à faire des passoires ! Apprendre à faire des lumières ! Apprendre à faire des éclairs !" C'est l'exemple même de la merveille entêtante que l'on a envie de s'écouter en boucle et en gigotant dès qu'on la découvre, jusqu'à un éventuel écœurement qui de toute façon n'arrive jamais, parce qu'on se demande vraiment comment il serait possible de se lasser de quelque chose d'aussi délicieux. Et ce matin, c'est mon tour, j'ai envie de partager ce morceau comme je l'ai découvert, en espérant de tout cœur que quelqu'un, quelque part en fera, comme moi, rien que pour un moment, sa chanson-préférée-du-monde.
Emilien Villeroy.
Sans vouloir être désagréable, parce que l'article est cool en dehors de ça, ça fait plusieurs fois qu'on lit ici "Vous n'y êtes pas allés, vous n'y étiez pas, parce que vous êtes des brêles et des tanches". Pas plus loin que dans l'article précédent sur les Times New Vikings, on retrouve presque cette idée, mais plus généralement c'est récurrent, et c'est assez lourd à lire. "Y'avait encore un truc génial hier dans telle cave Parisienne dont mon oncle possède un jeu de clés et vous n'y étiez pas parce que vous regardiez la télé comme des abrutis". Oui hier soir j'admirais l'inimitable Frédéric Taddéi sur la 3, homme le plus sexy de France, qui me rend folle avec son air ô combien intelligent, et j'ai peut-être passé un meilleur moment que si j'étais venue écouter une fille gueuler: "Apprendre à faire des passoires, apprendre à jouer de la guitare". En tout cas c'est pas en disant au lecteur qu'il craint trop de ne pas s'être rendu à tel concert qu'on lui donne envie d'aller au prochain. Cependant, l'article est cool :-)
RépondreSupprimerBah, excusez nous de vous dire que vous êtes tous complètement nazes, mais c'est vrai, vous allez jamais voir les bons trucs!
RépondreSupprimerNon, plus sérieusement, c'est surtout pour rire et pour aller dans la continuité de l'article d'Arthur que j'ai écris ça. On aime bien violenter le lecteur, mais c'est parce qu'on l'aime. D'une manière curieuse et masochiste, mais quand même. Et il y a aussi des soirs où on a du rester à la maison à regarder Taddéi (si sexy que ça claire?) plutôt que d'aller voir des bons groupes, oui, sans doute.
Plus sexy que Paul Banks, Daniel Kessler et cie !
RépondreSupprimerSur-sexy oui.
RépondreSupprimerClaire: C'est vrai que ça peut être irritant, et je ne suis pas le dernier à utiliser ce genre de phrases; mon premier article paru sur CE commençait d'ailleurs par "Vous n'étiez pas là et vous avez eu tort". J'essayerai d'y faire gaffe à l'avenir mais il ne faut pas le prendre comme une affirmation de notre superiorité égocentrique. Il faut le comprendre dans l'autre sens: je ne dis pas que j'ai raison et pas vous mais c'est surtout que je ne voit pas l'interet d'écrire un truc sur un groupe que tout le monde connait, un évenement où tout le monde est allé. Je n'aurais pas le talent nécessaire pour y apporter quelque chose de neuf. Par exemple je ne ferais jamais la chronique d'un concert d'AC/DC.
RépondreSupprimerEn conclusion, j'essayerai de taire ce qui pourrait être considéré comme une manifestation de mon ego. Mais je ne m'interdirai pas de dire des conneries et de violenter le lecteur. ça jamais!
j'allais faire un commentaire à ce sujet. alors c'est "pour de rire", bon.
RépondreSupprimerj'ajoute:
"dans une petite salle parisienne encerclée par le Moulin Rouge et des cars d'Allemands en vadrouille."
c'est quand même hyper pauvre comme description du quartier... mais à la limite c'est pas le problème, c'est surtout qu'on retrouve de façon sous-jacente cette même opposition entre son bon goût et la vulgarité des autres (on se reportera également à l'article sur mgmt)
on aura compris.
le truc c'est que même présenté "pour de rire", je suis pas sûr qu'il y ait pas un petit peu de complaisance malgré tout.
sinon, la chanson est sympathique, je suppose.
hyper irritante aussi. lol
"lol."
RépondreSupprimerc'était pas le but de te faire loler, mais puisque c'est la seule chose que mes interventions (ici, ou ailleurs... c'est pas la première fois) suscitent chez toi, je prends note. lol
RépondreSupprimerOh la la, détendez-vous les gens. Faut pas le prendre comme une agression personnelle, c'est juste une pique qui traduit le désespoir bien légitime de l'honnête homme qui constate qu'un si bon concert ne rameute que peu de monde...
RépondreSupprimer...sauf si vous vous sentez vraiment coupable de quelque chose lolilol.
Tu as entendu parlé de Family Fodder dans Rip It Up And Start Again Emilien ou pas du tout ? Ça ne me dit rien du tout mais wow, il y a tous les éléments pour que j'adore ! La chanson est géniale en tout cas, pop et parfaitement bizarre !
RépondreSupprimerMerci beaucoup, sacrée découverte !
Duck.
Merci joseph.
RépondreSupprimerNight Shift : bah, qu'est ce que tu veux que je te dise? je veux dire, j'ai écris cette phrase juste comme ça et tu y vois tout de suite le signe de mon mépris pour tout ce qui m'entoure...
Duck : non, dans Rip It Up, le groupe n'a le droit qu'à une mention très courte dans la partie des "Peel Hits", morceaux bizarres que Peel passait à la radio, en évoquant leur tout premier single, "Playing Golf With My Flesh Crawling". J'ai découvert le groupe uniquement via la reprise de the konki duet et mes recherches sur l'internet. je te conseille FORTEMENT le premier album oui oui oui.
Je veux juste préciser que je ne suis pas d'accord avec le dénommé Night Shift. Je n'ai pas l'impression de lire des gens qui se croient supérieurs au reste du monde et qui méprisent le tout venant. C'était juste une remarque sur une phrase qui était plus gênante dans sa récurrence qu'en elle-même. Et même si je ne suis pas séduite par la chanson, je suis contente de l'avoir entendue (je ne connaissais pas !), et je trouve l'article plutôt chouette. :-*
RépondreSupprimerc'est un blog polémique.
RépondreSupprimersavoir faire est un morceau qui déchire, un point, c'est tout. et pensez, jeunes parisiens, aux pauvres petits provinciaux, qui doivent se contenter des concerts provinciaux, de leur province un peu pourrie. alors oui, bon sang, restez pas devant la télé alors que vous pouvez aller voir des trucs chouettes, réalisez un peu la chance que vous avez.
Je peux comprendre l'avis de Claire, mais personnellement j'aime me faire taquiner par les articles de C'est Entendu, c'est un peu le style de la maison quelque part...
RépondreSupprimerEt si malgré tout c'est si dérangeant, il faut le prendre comme l'a si bien dit Joseph plus haut : "c'est juste une pique qui traduit le désespoir bien légitime de l'honnête homme qui constate qu'un si bon concert ne rameute que peu de monde".
Bon sang quel morceau fantastique, tout est dit dedans! Merci Emilien!
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