C'est entendu.

mercredi 3 février 2010

[Réveille Matin] Stereolab - Olv 26

Bonjour à tous ! Hier, pendant que vous étiez tous captivés par notre top de la décennie et son débat inattendu et virulent, un lecteur a ressuscité un vieil article d'Émilien et n'y est pas allé de main morte pour nous faire comprendre nos différends. Et du même coup, il nous a semble-t-il reproché d'être des lecteurs assidus de Baudrillard. Ni une ni deux, j'enfonce le clou : sur C'est Entendu, on est plutôt Guy Debord, la société du spectacle c'est notre truc à nous, et je le prouve en évoquant le meilleur groupe de pop situationniste au monde, a.k.a. Stereolab, avec un extrait de "Emperor Tomato Ketchup," sorti en 1996 et qui a la solide réputation de meilleur album du groupe, même si pour tout vous dire, nous on lui préfère tout de même "Sound-Dust" sorti en 2001, dont Joe vous avait parlé un de ces quatre matins.

Sans pour autant nous laisser avoir par leurs revendications, le groupe y va fort sur cet album. La regrettée Mary Hansen nous parle de l'aliénation d'une société vampirisée par ses institutions dans Tomorrow is Already Here tandis que sur Motoroller Scalatron, Laetitia Sadier se demande sans cesse sur quoi celle-ci est construite. Et dans le morceau de ce matin, Olv 26, petit groove sucré qui part d'une transe minimaliste à la Suicide avant de décoller vers le cosmos en guitare timide et synthés tournoyants, le discours sur l'illusion du concept de paradis ("C'est un appel sourd, une promesse aveuglante qui noie la conscience") est complètement sublimée par l'intervention d'un spoken word qui vient nous susurrer à l'oreille "Le paradis est derrière moi, dans le ventre de ma maman". Voilà, vous lisez cette petite phrase et je suis sûr que derrière votre écran, vous pouffez vilement. Pourtant, ces quelques mots d'une innocence et d'une naïveté absolues, aux syllabes gentiment appuyées, ne font pas que me coller un sourire pas possible sur la tronche : ils donnent au morceau un aspect de petit nuage mélancolique où le temps s'étire et semble sans fin.




Thelonius.

6 commentaires:

  1. Il est où le truc Baudrillard là? J'ai loupé putain! Elle est où la baston?

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  2. C'était le meilleur commentateur de la journée et de très loin.

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  3. c'était une fausse baston en fait, tout est rapidement rentré dans l'ordre et le commentateur s'est révélé cool.

    concernant ce morceau, je l'avais complètement oublié je dois dire... Et, dis donc, il fait vachement Suicide en effet au niveau de la rythmique. Il est vraiment super.

    Et sinon, quand on prend pour nom d'album un film expérimental et révolté de Shinji Terayama, forcément, on est un groupe "politique" d'une manière ou d'une autre (en plus d'avoir bon gout).

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  4. Très content de t'avoir fait aimer le morceau tiens. Faut dire que sans lui, on n'aurait pas eu le droit à ce débat philosophique inspiré avec ce clochard dans un Quick près de Bercy hrm.

    Sinon, j'ai appris qu'il y avait deux versions du film Emperor Tomato Ketchup, que l'ami Shinji l'avait refait. La première n'existe je crois que dans une copie noir et blanc infâme qui tire sur le vert, t'as vu laquelle ?

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  5. Tiens, je ne savais pas qu'il l'avait refait, j'étais juste au courant d'une version non-censurée et d'une version censurée, l'une durant 72 minutes, et l'autre... 29, ahem. Moi je l'ai vu en version non censurée en rip VHS bien dégueu. L'image était entièrement rose clair, enfin presque couleur chair en fait sur mon rip ignoble, mais en fait, c'est sensé être tout rose (sacré shinji, il aimait bien les filtres de couleur!).

    C'est un film bizarre sinon. Où des enfants font l'amour à des adultes et se révoltent. Mmm. MMMMMM. Sacré Shinji.

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  6. Oh je suis bien content qu'on parle des paroles de Stereolab. Pour moi c'est un idéal de paroles en français. Alors bien sûr c'est très spécifique et ça ne peut convenir qu'à eux, mais je trouve ça particulièrement fort de transmettre de tels slogans avec autant de grâce poétique !

    Duck.

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