C'est entendu.

mercredi 10 février 2010

[Réveille Journée] Gowns - Stand & Encounter

Oh! Regardez! Encore un! Ça tombe comme les feuilles mortes! Encore un groupe totalement inconnu qui splitte dans l'anonymat après des années d'activité, des concerts et des albums, un groupe qui s'éteint en silence, sans doute aussi à cause du silence qui l'a de toute façon toujours entouré. L'autre jour, le groupe américain d'avant-folk et de drone expérimental Gowns a annoncé sa séparation, via le blog de sa chanteuse/guitariste Erika Anderson après 5 ans et 3 albums. Je ne vais pas essayer de vous faire culpabiliser en disant "le monde ne les a compris! Vous êtes des salauds imperméables à la beauté!" car je ne connaissais pas ce groupe moi-même avant d'apprendre sa mort. Mais il y avait dans le peu d'articles consacrés à ce sujet une sorte de rancœur de la part de ceux qui les écrivaient. L'impression que c'était un split illogique, injuste, que c'était vraiment une mauvaise nouvelle, pire, un gâchis. Mais tous se consolaient comme ils le pouvaient en expliquant que Gowns proposait, en guise d'adieu, un dernier morceau, en téléchargement libre, le dernier morceau qu'ils aient enregistré et qu'ils considèrent comme l'un de leurs meilleurs, une épopée de 17 minutes sous le nom de Stand & Encounter. C'est le morceau que nous vous proposons d'écouter ce matin, aujourd'hui, toute la journée. Que nous vous demandons d'écouter.

(Vous pouvez télécharger ce morceau directement en cliquant ici avec un clic droit)

On sait, oui, 17 minutes, c'est énorme pour la majorité d'entre vous, surtout venant d'un groupe d'avant-folk expérimental et noisy. Mais il faut écouter ce morceau et se rendre compte soudain qu'on est peut-être passé à côté d'un grand groupe lorsqu'il existait encore. Stand & Encounter est un véritable tour de force musical, une cavalcade surpuissante et émotionnelle qui vous tient en haleine pendant 17 minutes qui doivent autant à leurs expérimentations noisy et lo-fi qu'à la manière de chanter d'Erika, en transe pure dans la première partie, lui donnant des allures de procession de post-folk. "Got nothing nice to say/Say nothing at all/I still miss you" nous lance-t-elle en prélude avant que le tout ne se consume dans une montée déchirante à grand coup de violons. Et sur les échos de ce point d'orgue, le morceau de s'étendre dans sa deuxième partie vers une sorte de purgatoire musical où les mots se brouillent, criés au-dessus d'un riff destructeur qui crève devant nous. Tout est là finalement, les symboles et clichés d'un genre, le drone implacable, les percussions funéraires, les voix distordues, les grandes étendues de sons électriques sur deux accords, et tout est magnifié, comme si le groupe avait décidé de mourir de la manière la plus glorieuse, la plus forte, dans ce dernier hurlement, en y mettant tout, en même temps, pour toujours. Avant que ne revienne le silence.


Emilien.

3 commentaires:

  1. Fameux morceau, d'autant plus que ça a toujours été assez concept (et dommage en l'occurence) de découvrir un groupe par l'annonce de sa mort...
    Le regard que l'on y porte doit être différent, aussi.
    En tout cas j'ai aimé.

    RépondreSupprimer
  2. Ce morceau/EP est simplement énorme. Fameux chant du cygne que celui-là.

    RépondreSupprimer
  3. ça commence bien pour la première fois que je viens sur ce site, nan je mens, c'est la deuxième fois, j'avais lu votre compte rendu de la décennie.
    en tout cas je pense écouter la chanson du jour tous les jours maintenant, ce morceau est vraiment énorme...

    RépondreSupprimer