
Pas mal pour un type dont la renommée ne dépasse pas les cercles de connaisseurs, et qui, contrairement à beaucoup de ceux qui vendent encore beaucoup après vingt années de carrière, n'a pas paumé une once de son savoir-faire. J'en connais peu qui peuvent se vanter d'en faire autant.
Comme chaque album de Merritt, "Realism" est une collection de petites étiquettes colorées, rangée dans un cahier portant le titre qui selon le groupe est sensé représenter non seulement le contenu mais aussi l'élément qui a le plus de chance de recueillir la critique des auditeurs. Je vous laisse deviner à quoi ressemblait le précédent album, sorti en 2008, et qui était titré "Distortion"... Les plus studieux parmi vous auront d'ailleurs remarqué une gémellité entre la pochette de "Realism" et celle de son prédécesseur, ça n'est pas innocent puisque les LP's ont été imaginés comme deux faces d'une même pièce, le monolithe bruyant étant naturellement suivi par une collection hétérogène de balades.
Le premier single, We are having a Hootenanny
Le premier single, We are having a Hootenanny

Sans dénaturer leur style ni avoir l'air de partir avec la caisse, le groupe chante ainsi la polka (The Dada Polka, en écoute sur votre gauche), introduit une chorale teutonne sur un morceau qui ne s'y attendait vraiment pas (Everything is one big Christmas Tree), barde les compositions de banjos, accordéons, et de très beaux arrangements de cordes (From a sinking boat). Claudia Gonson (pianiste et chanteuse attitrée) va même jusqu'à jouer d'un kinderklavier (piano-jouet) sur une chanson-dinette que l'on imaginerait aisément comme la bande-son idéale pour la lecture d'un recueil de nouvelles de Katherine Mansfield (The Doll's Tea Party). De la culture folk américaine (We are having a Hootenanny) au classicisme européen pré-Révolutionnaire (Seduced and Abandoned) en passant par le bagage colonial ramené jadis par les Beatles (Walk a lonely Road), les Magnetic Fields se réapproprient un large héritage et en profitent pour écrire quelques classiques supplémentaires.

Joe
Belle review ! J'écouterai peut-être cet album après avoir réécouté 69 love songs.
RépondreSupprimer