Formation New-Yorkaise de la mouvance retro-funk, El Michels Affair consacre son dernier album à reprendre les meilleurs sons du Wu Tang Clan à sa façon. Ce n'est pas un hasard : après tout ils avaient déjà collaboré avec les bad boys de Staten Island puis les avaient accompagnés en tournée. Et on se souvient aussi que RZA avait déjà manifesté son intérêt pour créer des beats avec de vrais musiciens comme support, comme on a pu l'entendre sur "Chamber Music," sorte de projet à part dans la discographie du Wu.
Refaire du funk à partir du hip hop, c'est un peu l'arroseur arrosé tant le genre a pillé le funk à coup de sampling intempestif dès le début des années 90. Mais c'est aussi un défi pour le moins difficile de par la nature répétitive des beats et le minimalisme de RZA, qui offrent un espace d'expression très limité. Heureusement El Michels Affair compte parmi ses rangs des musiciens expérimentés puisqu'on y retrouve notamment des membres du Menahan Street Band.
Bâti sur une sélection classiciste mais de bon goût qui réunit parmi les meilleures productions de RZA pour le Clan et les albums solo de ses MC's, l'album a forcement le mérite d'offrir un net contraste avec le caractère sombre et étouffé des morceaux originaux. Même si le groupe s'efforce de reproduire avec exactitude les boucles de RZA, il est aussi question d'y ajouter quelques arrangements, et là les résultats varient. Au menu des réussites, Protect Ya Neck qui gagne en dynamique, Glaciers of Ice dont la première partie remplace avec brio l'introduction originale ou encore Can It All Be So Simple qui perd son sample vocal ainsi que le caractère presque atonal de sa basse percussive pour devenir une ballade groovy. Par contre on s'ennuie ferme sur un Shimmy Shimmy Ya sans la folie d'ODB ou sur un Bring Da Ruckus toujours aussi spartiate.
Pour résumer, plus la chanson est construite à partir de petits riens et moins il est facile pour El Michels Affair d'en faire un morceau de soul. Souvent, quand il est question de beats, un détail sonore complètement abstrait fait la différence, ce qui n'est pas si étonnant quand ce détail est répété tout au long de la chanson. On peut difficilement reprocher à El Michels Affair de ne pas égaler la minutie de RZA, mais c'est pourtant ce qui limite l'album à être une collection d'instrumentaux sympathiques là où les originaux conservent leur caractère exceptionnel après bien des années.
Soyons clairs, cet album n'est pas là pour remplacer les originaux, c'est un hommage de qualité, rien de plus. Et à vrai dire je suis pas mécontent que cet album existe, d'une part histoire de boucler la boucle du sample, d'autre part parce que je prends du plaisir à l'écouter malgré les quelques fausses notes.
El Michels Affair - Enter the 37th Chamber [Fat Beats], sortie Avril 2009.
Thomas.
El Michels Affair - Enter the 37th Chamber [Fat Beats], sortie Avril 2009.
Thomas.
Quand on aime le Wu Tang sans non plus se pâmer devant le groupe ni chaque projet solo (une préférence pour les disques de Meth et Red), c'est rafraichissant et ça ne souffre aucune comparaison, et ça c'est chouette.
RépondreSupprimerC'est plutôt pooossséééé, je m'écouterais ça tiens oui!
RépondreSupprimerAaah. Pile quand je me le procure en vinyl, il est parfait.
RépondreSupprimer"Sounding Out The City", un de leurs autres albums, est quand même super aussi ! (pour ceux que ça intéresse)