C'est entendu.

jeudi 7 janvier 2010

[Réveille Matin] Bikini Kill - New Radio

Ah, les Riot Grrrls, ça, ça avait de la gueule. Ça avait écouté les Runaways, les Slits, Patti Smith et les Raincoats (et puis du punk et du hardcore quand même), ça avait des choses à dire à propos du monde entier et de la condition féminine - mais pas que - et ça restait quand même fun à écouter. Toute cette scène foisonnante de filles en colère venues d'Olympia avait une énergie folle qui laisse encore des traces aujourd'hui au point que les gens se sentent obligés de citer ces rockeuses 90's à chaque fois qu'ils croisent un groupe de filles avec une guitare électrique (alors que c'était un garçon qui jouait de la guitare électrique dans le groupe bon sang !). Et si aujourd'hui plus personne n'écoute sérieusement les albums de Bratmobile malgré leur quota acceptable de chouettes chansons gueulardes, il nous reste le groupe-phare de ce mouvement en la personne de Bikini Kill. Formé en 1990 autour d'un fanzine féministe du même nom, le groupe s'est rapidement fait connaitre par des choses simples, à savoir des morceaux-slogans et des concerts de folie jusqu'à son split en 1998.


Chanteuse du groupe et héroïne vivante (du moins pour moi), Kathleen Hanna était là sur scène à gueuler "We're Bikini Kill and we want REVOLUTION GIRL STYLE NOW !", et bon dieu, qu'est ce que c'était classe, qu'est ce que c'était bien. J'adorerais vous faire toute la chronologie du mouvement et les groupes qui en ont porté le flambeau ensuite comme Sleater-Kinney (groupe dans lequel jouait Janet Weiss dont on parlait hier, continuité conceptuelle), mais bon sang, un réveille matin ne suffirait pas. Alors allons à l'essentiel : Bikini Kill, c'était aussi ce groupe qui faisait le pont entre l'underground et le mainstream (ils étaient potes avec Nirvana même) et qui est rapidement passé des petites cassettes pourries pour aller chez Kill Rock Stars avec un son bien lourd qui envoyait. Et leur moment de gloire, ce fut 1993 avec un premier album "Pussy Whipped" plutôt cool, et le single absolument immense New Radio/Rebel Girl.


Le second morceau était certes un véritable classique sur lequel on peut maintenant secouer la tête en tripotant du plastique puisqu'il est sur Rock Band II (ne m'en parlez pas...), mais j'ai toujours eu un amour immodéré pour New Radio qui mêle tout ce qu'on peut attendre de Bikini Kill. De grosses guitares, un refrain parfait et des cris ? Certes, tout ça est là, mais il y a deux trucs en plus : tout d'abord, c'est d'une intelligence et d'un humour incroyable derrière des côtés primaires. Lisez moi ces paroles : "I'm the little girl at the picnic who won't stop pulling her dress up", "Baby boy you can't kill what's fucking real !" ou encore "Come here baby let me kiss you like a boy does !", ou mieux, l'improbable "Let's wipe our cum on my parents bed !". C'est de la phrase qui accroche, qui claque, que l'on a envie au mieux d'hurler très fort, au pire de mettre en pseudo sur internet, mais peu importe, l'énergie ultime est là, et l'auditeur de sentir implacablement une rage, une puissance inévitable qui définit le groupe, mais jamais trop appuyée, le morceau se terminant sur un "come on !" de Kathleen absolument doux et sympathique.

Et puis ensuite, si vous avez déjà lancé le morceau dans le player, vous êtes malins certes, mais vous avez dû surtout vous rendre compte de l'autre grand atout de ce morceau : il dure 1m33. Il lâche tout et n'essaie pas d'en faire plus, il balance couplet/refrain deux fois puis un final et c'est tout, il n'en fait pas trop, il dit ce qu'il a à dire et il s'arrête dans toute sa grandeur sans avoir eu le temps d'ennuyer, ce que je ne sais manifestement pas faire dans ce réveille matin mais je m'y mets maintenant. La preuve.


Emilien.

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