C'est entendu.

vendredi 18 décembre 2009

[Réveille Matin] Beck - Sexx Laws

Non mais Émilien je vous jure, c'est parfois vraiment pas un type fin. Mercredi, ce qu'il a fait, j'appelle ça du terrorisme, c'est un attentat à votre moral, et je mâche pas mes mots. Hiver. Froid. Nuit. Bluesman dépressif. Non mais vraiment ? Son intro là, c'est le manifeste du Club du Suicide de Stevenson je crois, et le morceau c'est le futur lip dub des employés de France Telecom. Alors on recommence depuis le début si vous le voulez bien.

Ce matin en vous levant, vous avez vu les flocons tomber et ça faisait de chouettes reflets en plein dans vos mirettes émerveillées, et soudain l'évidence vous est apparue : l'hiver, c'est une saison sacrément groovy. De plus on peut innover en matière de méthodes pour se réchauffer, et je le prouve en invoquant Beck qui, il y a une décennie déjà, offrait à la fois un tube au groove pas possible, cuivres lumineux et grosse basse pleine de fioritures à l'appui, et une invitation à "défier la logique des lois sexuelles" (tout un programme) avec la bonne dose d'humour cryptique qui le caractérise. Ouais, le bonhomme avait alors déjà pris l'habitude de se métamorphoser tous les deux ans en faisant mouche à (presque) tous les coups, et cette fois-ci c'était au tour de l'androgyne mutant qui débarquait sans prévenir en hybridant sa pop foutraque unique d'une grosse louche funky dévastatrice.


Pochette par eYe, leader de l'immense groupe de noise-rock nippon Boredoms.
Ça fait rêver non ?


Le plus brillant dans Sexx Laws, le morceau en question, c'est peut-être le tour de force de pouvoir créer un tube aussi instantané à partir d'une écriture et d'une production aussi tordues. Qui oserait parasiter un groove pareil avec ce solo de banjo trépignant, franchement ? Le blondinet surprend toutes les secondes, semble aller n'importe où mais retombe toujours sur ses pattes, et cet aspect à la fois urgent et maîtrisé (comme dans tous ses grands moments me direz-vous) au service de l'ambiguïté sexuelle, c'est trop bon pour être boudé sous prétexte d'une déprime hivernale auto-persuasive.
Et preuve ultime que Beck est un jeune dandy post-moderne, mais plus cool que tout : un clip en forme de joyeux bordel qui prend en référent Mr. Freedom, film pop ultime (millésime 1969) de William Klein.



(Beck - Sexx Laws)


Thelonius.

1 commentaire:

  1. J'ajoute que le clip, vers 2m40, avec des types qui dansent ensemble et en balançant de la peinture fait, il me semble, référence au début du téléfilm Anna (1967) avec Anna Karina et Jean-Claude Brialy sur une musique de Gainsbourg.

    Fameux morceau et très bon article sinon.

    (Et j'assume totalement mes choix quand je cherche à détruire le moral du lectorat sinon, je tenais à le dire)

    RépondreSupprimer