C'est entendu.

jeudi 4 juin 2009

[Vise un peu] Gold Chains - Gold Chains EP

Topher Lafata est un gars à la cool à plusieurs titres :
De un, c’est mon copain sur Facebook déjà.
De deux, il habite San Francisco, former land of pleins des trucs comme les bosses à prendre super vite en voiture, les moustaches portées avec du cuir, les gros ponts rouges et tous ces cons de hippies.
Et de troize, il a monté un groupe comme un grand, Gold Chains.
Gold Chains, qui a sorti 1 EP et 2 LP dans un anonymat plus que total que d’aucuns pourraient assimiler au fait que Gold Chains soit un groupe tout cagneux.

Halte au feu les balles sont creuses, Topher Lafata ne mange pas de ce pain là, c’est juste une grosse feignasse. Le type même du coquin qui s’il devait écrire un article sur lui-même, ne finirait pas ses.
Le parfait exemple du fumiste qui a du talent, le procrastinateur par excellence affublé d’un seul putain de défaut n’ayant de cesse de l’éloigner de la musique : un travail.

En voilà un qui est tout banalement designer dans une random company de Frisco alors forcément vas-y que ça se bouge moins le cul pour sortir des disques et que ça fait pas de concert parce que de toutes manières "j’ai un salaire et une hybride et blablabli et blablabla."
Ses émoluments couvrant sa "pas fastlife" il peut à loisir se toucher la nouille dans une maison bleue ou avec un chien qui s’appellerait Comète.

Sauf…
Sauf s’il revêt sa cap des 49ers, l’égo-trip qui sommeillait derrière son bide flasque réveille le white thug en Topher qui comme un seul homme se met derechef à l’ouvrage.

2001 : Topher, qui a écrit une ballade sur les Twin Towers, s’entraîne devant son miroir à chanter en ayant l’air concerné par ce qu’il raconte. Par un jeu de lumières hors du commun né de la conjonction du soleil et d’un néon, il aperçoit la tonsure naissante sur le sommet de son crâne, constituant son Ground Zero à lui.
Son sang ne fait qu’un tour, allant aussi vite que faire se peut farfouiller dans les affaires qu’il remisait depuis le milieu des années 90 et sa folle adolescence, il extirpe de sa malle une casquette des San Francisco 49ers et la coiffe.
Dans la foulée, poursuivant ses pérégrinations dans son vieux coffre, il prend sous son bras quelques Moogs, Hammonds, des boombox et autres samplers H-O8 (et aussi un porte-clefs de Space Jam mais ce n’est pas le point le plus pertinent).
Chaud comme la braise et sûr de lui comme d’autres illustres chauves qui ont osé le couvre-chef pour sauvegarder leur virilité (Elie Baup, Ron Howard, Alain Bashung), Topher se dit que pour choper de la gonzesse, le Booty Bass made in Detroit ça le fait carrément mieux, et c’est ainsi que naît "le" (en français dans le texte)Gold Chains EP...

Et ben moi quand Topher rappe et ben moi, j’aime bien moi, oui, mieux que quand il dessine des choses/trucs/machins (attention je ne remets pas en doute ses qualités de dessinateur de choses/trucs/machins, surtout après visionnage de ses clips, mais j’m’en cogne quand même un peu, pis c’est pas un article branchouille sur les choses/trucs/machins qui font fureur dans la ville des sœurs Halliwell).
Quand le Topher rappe donc, il passe en revue les thèmes de prédilection chers à la communauté hip-hop : les filles, l’égo-trip à base de "ouais de toutes manières je suis tellement trop fort que BAM BAM je frappe à la porte," l’argent et la drogue.
Thèmes récurrents à beaucoup d’entités gesticulantes en sneakers collectors, je vous l’accorde… sauf une.
Son amour du son.
Le type produit des petites merveilles électroniques qui se suffiraient à elles-mêmes et il en parle.
En effet, dans cet EP comme dans ses 2 LPs, rares sont les chansons où les références d’instruments, de techniques utilisées ne sont pas citées.

The wonderful girls of Hypno, ante-pénultième chanson de cet EP préfigure le premier LP Young Miss America avec des refrains chantés complètement off tune (on aime ou pas).
N°1 Face in hip hop et son breakbeat fabuleux, Back in the day et son côté "listen all y’all on a vu DXT scratcher à la télé quand il était avec Herbie" font la bonne liaison entre les deux morceaux phares que sont Rock the Parti et I come from San Francisco.

J’ai découvert Gold Chains par la dernière chanson de cet EP, Rock the Parti (en écoute dans le lecteur), lors d’un obscur DJ set au Fatkat à Bordeaux, cette tune donc, pleine de keyboards soutenus par un beat up-tempo "headbanging-ogène" est juste furieusement danceflooresque et jouissive.
Une lente montée du digital à l’analogique avec en fil rouge un rythme que ne dénigrerait pas les fans de Stoner.



I come from San Francisco, le single de l’EP combine tout ce qui se fait de mieux et de pire chez Gold Chains sur les albums suivants. L’illustration parfaite du mec au taf qui essaie de caler sa boucle sur Soundforge sans que son boss l’entende et qui finit par décréter d’un commun accord avec lui-même que "de toutes manières, ça devrait le faire."
Comme Martine aime la campagne, dans I come from San Francisco :
Topher aime bien les mélodies off tunes, off key et of course.
Topher aime bien les rythmiques atypiques et les fat breakbeats.
Mais aussi Topher aime montrer qu’il s’y connait et qu’il aime ce qu’il fait quitte à stretcher son morceau de 2’30 d’instrumentale en plus pour bien montrer qu’il sait appuyer sur des boutons.

Au final, Topher, c’est Superman en plus cool (édité par Marvel et avec des griffes). Il mérite ses 3,5 "Agassi Air Tech Challenge" sur l’échelle de la sneaker de concours.









BONUS: Apprend à parler Yvze à moindres frais :
- Frisco : San Francisco pour "ceux qui savent" qu'on ne dit plus Cisco depuis ce chanteur de R'n'B et sa chanson sur les tongues.
- Cap: Rien à voir avec Guillaume Canet ou Marion Cotillard, c'est juste une casquette en anglais et qui fait dire aux marins par grands vents :"tiens ton cap".
- 49ers: Equipe d'un quelconque sport américain mais de San Francisco.
- White thug (prononcez feug): Renaud Sechan fût white thug là où Tupac était un Black Thug, Muggs de Cypress un latin thug alors que Pascal Sevran n'était qu'un white fag.
- Ground Zero: Gros trou béant dans New York qui réveille très fortement la libido des autres planètes.
- Fastlife: Jouer à la roulette russe avec un automatique (ex: Amy Winehouse, Pete Doherty, Pierre Beregovoy).
- Booty Bass: Style originaire de Detroit milieu des 90's combinant une forte rythmique Dance/house et un phrasé rappé (Outhere Borthers, DJ Assault, Splack Pack,..).
- Sneakers: Sorte de barres chocolatées hors de prix qui se portent aux pieds de préférence avec des fat laces.
- Fat laces: gros lacets.
- Lacets: non, en fait cette blague est éculée.
- Offtune/offkey: A ne pas confondre avec "être sans argent" ou "avoir perdu ses clefs", en gros c'est chanter faux, pas sur la même tonalité.
- Breakbeat: une grosse rythmique faisant la part belle à la grosse caisse et à la caisse claire (cf. Dizzee Rascal - Fix up Look Sharp).
- Headbang: Action de perdre des neurones en projetant son cerveau contre sa boîte crânienne (en rythme et avec des cheveux si possible).
- Soundforge: Outil de travail numérique pour faire un peu tout sur de la musique.
- tune: Prononcer tioune ou toune si vous êtes québecois. Mélodie, chanson...

8 commentaires:

  1. J'ai pas lu l'article, mais putain Joe je suis pressé que tu touches le RSA.

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  2. Ah ouais, pas bête. Lis l'article maintenant, il est chouette.

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  3. C'est vrai qu'il est chouette cet article!

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  4. (Penser à se mettre en anonyme quand on s'envoie des fleurs)

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  5. Tu t'es tocardé Yvzer! Bien ouej! J'ai lu ton article, il est chouette, mais putain, wow les mots. Si le début m'a donné envie d'écouter, pas la fin, ca donne l'impression que ce mec, c'est juste un gros con. Comme moi, mais un gros con quand même.

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  6. Assez fameux le titre dans le player. Ca mérite d'y jeter une oreille.

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