C'est entendu.

lundi 20 avril 2009

[Vise un peu] Metric - Fantasies

Peter Case se remet lentement mais sûrement d'une opération à cœur ouvert impromptue qui l'a clairement mis dans un sale pétrin. En effet, il est souvent préférable, aux États Unis, de crever comme un chien plutôt que de se faire opérer sans assurance: tout le monde gagne du temps. Mais ne vous en faites pas, une organisation à but non lucratif a été très vite créée pour lever des fonds afin de l'aider à rembourser le coût de son opération. Sacré Peter.

Et là, vous devriez commencer à vous demander de QUOI je vous parle. "Qui est ce Peter Case ?" se demanderont les plus jeunes, et "Quel rapport avec Metric ?". Ces deux bonnes questions ont une simple réponse: Peter Case est l'un des trois types qui ont en quelque sorte démocratisé la Power Pop, avec Jack Lee et Paul Collins, au sein de The Nerves, au milieu des années 70, puis avec son groupe, The Plimsouls, au début des années 80, après avoir transmis le flambeau à toute une pallanquée de chouettes groupes dont le parangon fut bien entendu Blondie (dont le tube Hangin' on the Telephone était une reprise de The Nerves, le saviez-vous ?). Or à l'écoute des trois premiers albums de Metric, l'influence de Blondie n'était pas dissimulée, vous en conviendrez, ne serait ce que dans le line-up mettant très en avant la chanteuse Emily Haines - blonde (et sexy)... je n'invente rien - et un savant mélange de guitares punk rock et de synthés new wave, sans pour autant avoir l'air emprunté.

Pourtant, comme disait mon oncle :
Ecouter un disque de Power Pop, c'est comme se créer un Twitter. Ca défoule, c'est cool, on y revient une ou deux fois, et puis on l'oublie vite.
Seulement, entre Live it Out (2005) et Fantasies, le groupe a fait un break, chacun allant dans sa propre direction pendant que ressortait leur premier album (Grow up and blow away), injustement ignoré à sa sortie. Jimmy Shaw, le guitariste, repartit en tournée avec Broken Social Scene, le fameux collectif canadien. Joshua Winstead (basse) et Joules Scott-Key (batterie) formèrent Bang Lime, un duo indie de punk/dance. Emily Haines enregistra un album solo, atteignant un certain succès, avec son groupe The Soft Skeleton. Plus apaisées, d'avantage centrées sur le piano d'Emily, les chansons de Knives don't have your back avaient de quoi surprendre les fans de Metric.

Le résultat sur la musique du groupe enfin réuni est brillant. Tout d'abord, la guitare de Shaw s'impose désormais comme l'instrument au centre de Metric, prenant ainsi la place des synthétiseurs de Haines, qui, elle, chante en moyenne mieux que sur n'importe quel enregistrement précédent du groupe, et semble d'avantage se concentrer sur les chansons (dont un certain nombre de "balades", la meilleure étant Collect Call) que sur son clavier.


Là où Live it out était une évolution quasiment "progressive" (dans le sens prog) des brulôts power pop de Old world Underground, Where are you now ? (le premier album, sorti en 2003, qui, en réalité était le second vu que Grow up and blow away était sorti deux ans plus tôt dans l'anonymat le plus complet, vous suivez ?), Fantasies est en quelque sorte un retour aux sources de l'efficacité et de l'énergie des débuts. Gold Guns Girls, probablement la plus remuante des chanson de l'album, est une parfaite illustration de la simplicité avec laquelle le groupe applique les règles du genre: uptempo, guitares saturées sur le pré-refrain et le refrain, lequel se doit d'être répétitif et catchy. En régle générale, la Face A, presqu'entièrement composée de tubes en devenir, est une réussite de premier ordre, reprenant tous les ingrédients utilisés pour les trois premiers opus mais en changeant habilement les dosages. Moins brouillonne, moins rentre-dedans, la musique obtenue n'en reste pas moins incroyablement énergisante sans que cela n'empêche le groupe d'innover un minimum leurs structures (comme sur Help I'm alive).



Sur la seconde face, le propos oscille entre balades déguisées, comme Gimme Sympathy, dont la version acoustique, présente sur un EP promotionnel (comprenant aussi une très bonne face B, Waves, ainsi qu'une reprise acoustique chantée par Jimmy Shaw du Nobody Home, de Pink Floyd), est révélatrice de l'impact sur l'écriture de Haines de son travail solo, et qui aurait peut-être gagné à ne pas être vitaminée s'il n'y avait pas ce clip (juste au-dessus), faisant drôlement écho à celui du Zero des Yeah Yeah Yeahs, en plus drôle, moins poseur, et avec surtout une chanteuse bien plus sexy. Des deux autres balades Collect Call est la plus réussie et Blindness semble elle aussi avoir été boostée lorsqu'elle aurait probablement gagné à se voir dépouillée, aux dépens cependant du rythme effréné que semble vouloir absolument conserver le groupe et qui transparait dans Stadium Love, explosion sonore en bout de course.

C'est un pas de géant que le groupe a fait, depuis le très moyen Live it out, pour en arriver à enregistrer son meilleur album, raffraichissant, inattendu et qu'on aurait presqu'aimé voir sortir accompagné d'un second CD/LP présentant l'album dans une version entièrement acoustique, tant la voix d'Emily Haines a gagné en subtilité, et aussi parce que les chansons ne sont pas couvertes de cache-misères et résistent à la fouille au corps acoustique.

Je vous laisse apprécier par vous-même la version acoustique de Help I'm Alive, ci-après:




Vous pouvez écouter Gold Guns Girls dans le lecteur, et, parce que l'Internet c'est beau, je vous propose d'écouter l'intégralité de l'album avec ce petit lecteur:










Vous pouvez l'acheter ici sous différents packagings - la version ultra collector ultra bien est déjà épuisée, cependant.

P.S. : En bonus, voici un petit docu/interview d'Emily Haines.

7 commentaires:

  1. Super biopic parole d'honneur !

    Je viens de me rappeler avec une certaine émotion du live de Metric qu'on était allés voir ensemble, et de la culotte d'Emily Haines sous sa robe à ras-le-bonbon.

    J'étais un peu revenu de derrières les fagots de Metric mais j'écouterai ce disque parce que tu sais être très convainquant.

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  2. Je suis de plus en plus fan de ton blog mec.

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  3. J'connaissais pas et c'est pas mal du tout !
    Je me serais pas forcément fiée à la pochette (une ampoule c'est déja vu, cf Kings of Leon par exemple).

    Donc tu as bien fait ton travail !

    see ya

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  4. Merci à tous les deux ! Je suis content que ça vous plaise, je le trouve tellement cool, ce disque.
    Et les nombreuses photos d'Emily qui l'ornent sont une sorte de madeleine de ce fameux concert, en 2005 ou 2006, à Toulouse, qui avait été fantastique.

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  5. j'ai écouté deux fois l'album et je m'en souviens déjà plus, evidemment, mais la première photo d'emily dans ce sujet (rudement bien écrit de surcroit) est tout à fait fameuse. cherche photo d'emily haines ne montrant pas ses jambes, svp.

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  6. j'aime bien la première tof :D

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