C'est entendu.

jeudi 5 février 2009

[Vise un peu] Yeti - The Legend of Yeti Gonzales

Il y a des disques qui, lorsqu'on les entend, donnent envie de faire de la musique. Par exemple, cet après midi, j'écoutais le second album des Lovin Spoonful et je crevais d'envie d'attraper une guitare, un harmonica, une basse, un clavier, bref de faire de la musique.

Mais il y a aussi des disques qui, lorsqu'on les entend, donnent envie de parler de musique et d'écouter encore plus de musique. C'est plutôt le cas de ce second album de Yeti.

Yeti est un groupe formé autour de John Hassal, anciennement bassiste de feu les Libertines. Et cela me donne envie de faire une parenthèse pour parler des Libertines, justement. Malgré tout ce que l'on peut trouver à redire de ce groupe, il faut avouer qu'il a été l'un des gros piliers (si ce n'est le pilier central) de la renaissance pop en angleterre, aux côtés des Coral et autres satellites. Somme toute, l'associer à la vague des "groupes en the" de 2000 (à l'époque, souvenez vous, on rangeait dans cette catégorie aussi bien The White Stripes que The Strokes, The Coral, The Libertines, (The) Interpol (lol mais véridique), ou même The Vines et The Hives). Force est de constater que cette "vague" s'est tellement scindée qu'elle parait illusoire de nos jours, huit ans plus tard. Le véritable courant (celui qui nous intéresse aujourd'hui, qui plus est) est donc celui des Libertines et des Coral: des groupes qui ont écouté les Beatles. Oubliez toutes les influences ponk des Libertines, et oubliez qu'ils ont été produits par Mick Jones, on s'en bat l'oeil, le "revival punk" n'ayant aucun sens, concentrons nous sur la pop là dedans. Après huit années, on se rend aisément compte que le punk des Libertines n'était qu'une façon de percer dans la gelatine Spice Girlesque de la fin des années 90, une façon de se faire entendre, et on s'aperçoit que la pierre angulaire des chansons de Pete Doherty (et de Carl Barat dans une moindre mesure) ce sont des suites d'accords, et un chant décontracté à la coule, souvent, qui, d'ailleurs, et les fans s'en souviendront, avaient valu à Doherty d'être préféré lorsqu'il jouait ses chansons sur une guitare acoustique, tel un "héros folk des temps modernes" (n'exagérons pas, tout de même).

Pete Doherty l'a prouvé avec ses Babyshambles, il a une ambition pop avant tout, et son premier groupe, tel les Beatles, quarante ans plus tot, a été le moteur d'une dynamique pop en Angleterre, et comme les Beatles, après avoir rendu son dernier souffle (je précise très vite que la comparaison avec les Beatles est du domaine de l'importance dans un mouvement, et pas de la qualité intrinsèque des compositions ou quoi ou qu'est ce), le groupe a donné naissance à de nouveaux groupes: Pete Doherty et son groupe (lui, donc) Babyshambles, Carl Barat et ses Dirty Pretty Things (encore plus insipides que les Wings), et John Hassal en chantre pop folk, tel un George Harrison, discret, carré, un peu dans les nuages.

Si je reviens sur tout cela, c'est aussi pour féliciter ces groupes (les Libertines les premiers) qui ont à la fois redonné un enthousiasme pop en Angleterre mais aussi dans nos lycées, et ont assuré une descendance solide avec des gens comme Alex Turner et Miles Kane (Arctic Monkeys / Last Shadow Puppets). Je ne suis pas particulièrement client de tous ces groupes et j'y fais mon marché (Yeti/Coral) mais j'applaudis le renouveau, l'envie, et la diversité.
Voilà pour ma parenthèse.


Yeti donc se compose de ces types là:

* John Hassall, chant/guitare
Image

* Brendan Kersey, basse
* Andy Deian Jung, guitare
* Harmony Williams, guitare
* Graham Blacow, batteur

Les morceaux sont composés en majorité par Hassal et en minorité par Williams, qui se partagent la tâche du chant, mais le groupe tout entier assure les harmonices vocales (très réussies) omniprésentes dans leur musique dont l'inspiration principale vient directement de la pop anglaise des années 60 (Beatles, Who...). Mais, là où leur premier album (Yume! - sorti l'année dernière) pèchait par un certain manque de folie ou d'originalité, The Legend of Yeti Gonzales se démarque de par sa diversité (on sent des influences américaines de folk et country music dans certaines compositions, et on pense parfois au Dylan de Blonde on Blonde dans l'esprit) et son humour (la dernière chanson, cachée, jouée à moitié en se marrant et qui cite Star Wars est nécessaire et inutile à la fois).

Nouvelle parenthèse ici pour parler de deux choses qui me paraissent significatives et à la fois obsolètes dans la pop. Je veux parler tout d'abord des chansons cachées. Les chansons placées sur la dernière piste, après au moins 6 minutes de silence. Ces morceaux souvent inutiles, mais tout de même indispensables parce qu'ils nous ont un jour, lorsque l'on était de jeunes boutonneux découvrant la musique pop, paru "génie", "trop fun", "culte". Il arrive que l'on ne se souvienne d'un disque que par son morceau caché idiot.
Loin de moi l'envie de glorifier une utilisation qui ne devrait rester qu'occasionnelle, mais tout de même, ce genre de chose fait selon moi partie du plaisir d'écouter des disques pour jeunes.
L'autre élément important dans la pop, c'est la référence à la pop culture. Quand Donovan chante Sunshine Superman et fait allusion à Green Lantern, eh bien je bande. C'est un peu gros, mais cela résume bien mon propos. Les choses trop sérieuses, qui se prennent trop au sérieux, ça finit souvent mal, ou vite. Lorsque l'on fait de la pop, il faut de temps en temps se rappeler ce qu'on fout là, et à qui l'on s'adresse. Et moi j'adore les gens qui parlent de ce qui m'intéresse. Les chansons sur les choses de son temps, ou sur les filles, c'est chouette, mais de temps en temps, parler de ce qui les intéresse vraiment (la musique, la pop culture, leurs amplis, leurs caisses, leurs pompes à vélo...)ne fait pas de mal aux songwriters pop. Finalement, c'est comme ça que la culture jeune est née avec le rock'n roll (ces types là parlaient de gros cylindres et de petites pépées).
Fin de la seconde parenthèse.

Yeti suit toutes ces règles que j'expose, mais sans jamais en faire trop. Ils consacrent une chanson à Shane McGowan, font une chanson cachée débile sur Star Wars, et à la fois sont extrêmement efficaces tout en évitant de "sonner exactement comme". Obvious-Lee et Never lose your sense of wonder (le premier single) sont des tubes très efficaces, mais le groupe de distingue d'autant plus sur leur tout nouveau single Don't go back to the one you love, plus complexe (le clip est étonnant, aussi) et très prenant.
En somme, je suis très heureux que les Libertines aient existé, mais surtout qu'ils aient splitté, parce que ce groupe me donne envie de me tourner vers l'Angleterre, que j'avais laissée de côté depuis très longtemps.
J'attends impatiemment la suite.

2 commentaires:

  1. Par contre le bassiste s'est cassé dufion et c'est Hassal qui a repris la basse.

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  2. Ah merci pour cette précision, très cher !

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