C'est entendu.

jeudi 5 février 2009

[Vise un peu] Joseph Arthur & The Lonely Astronauts - Temporary People

Il y a une sorte de sentiment qui surnage un peu depuis quelques années.

En 2001, les Strokes ont sorti un disque et toute la critique rock s'est emballée sur le "retour du rock". Bon, je veux bien, mais le rock n'était pas parti. Pour ces mêmes (papys) critiques, il était mort en même temps que Kurt Cobain. Quelle connerie... C'est un raisonnement de fainéant, permettez moi de vous le dire. C'est certain, si on s'attend à trouver le rock dans les bacs à CDs de Carrefour, alors oui, il est mort en même temps que Cobain, ou en même temps que le punk, peu importe. Le rock a tout simplement migré, dès la-dite fin du punk dans l'indépendance, vu que le marché semblait, selon les maisons de disques, plus sûr si l'on pariait sur la variétoche, et autre world music, boys band et assimilés. De facto, si l'on voulait trouver du rock entre 1994 et 2000, on n'avait qu'à se sortir un peu et fréquenter les disquaires: Pavement, Radiohead, Modest Mouse, Built To Spill, Luna, Yo La Tengo, Eels, Far, le BJM, les Smashing Pumpkins.... et j'en passe ! Tous ceux-là n'étaient même pas indépendants, enfin !

Et donc, les années 2000 seraient un retour du rock ?

On est en 2008, et laissez moi vous dire que je ne suis pas d'accord. Les années 90 ont été bien plus rock que les huit molles années marquées par l'octonat Bush. Alors on a bien quelques faux exemples de "retour du rock", oui, des exemples assez navrants en vérité, que ce soit Steeve Estatoff qui gagne la Nouvelle Star, les Vines, ou encore le dernier single de Pink ("So What", dont je vous conseille de lire les paroles, pour mieux comprendre).
Mais soyons réalistes, après les quelques albums des groupes en "The" du début de la décennie, on n'a pas été bousculés par une énergie folle, par des beats novateurs ou dansants sur des guitares saturées et des refrains accrocheurs.
Attention je ne dis pas que nous n'avons eu droit à aucun groupe ou album de rock, mais ce ne fut jamais un raz de marée.

Non, j'ai vécu ces 8 ans comme une incursion de plus en plus poussée dans un mélange d'électronique, de fluo, de prog pop, et si je devais trouver un axe majeur dirigeant la musique indépendante (puisque c'est d'elle que l'on parle) depuis au moins 2004, je dirais: "le Canada". J'y reviendrai un de ces jours, d'ailleurs, parce que je trouve ça intéressant.

Dans le même temps, cette année, je me suis souvent retrouvé dans les critiques d'Emilien, sur Dans Mon Mange Disques, lorsqu'il évoquait des disques raffraîchissant par leur simplicité, leur nostalgie, leurs sonorités évoquant le passé, et tout simplement leur "rock'n roll attitude". Cela a notamment été le cas des albums de Love is all, The Dutchess and the Duke, ou encore sa fameuse review coup-de-poing de Cheap Time. C'est un sentiement que j'avais d'ailleurs en partie exprimé dans mon article sur l'album de Yeti, plus haut sur cette adresse.
Ce sentiment est celui qu'après huit années de vache maigre, quelques sursauts rock font leur apparition depuis plusieurs mois, et que cela a le don de me faire l'effet d'une bombe à chaque fois.

Vous l'aurez compris, si j'évoque tout cela, ce n'est pas par hasard. J'ai lâché l'affaire Arthur depuis bien quatre ans, maintenant. Son second album était une merveille, et ses lives solo de 2002 étaient fabuleux, mais lorsque j'ai acheté Redemption's son en 2003, j'ai déchanté, et la sortie de son album suivant ne m'a pas rendu plus jouasse. Et depuis c'est de pire en pire, chaque fois que j'entendais ses nouveaux albums (il est très prolifique) je ne m'y retrouvais pas. Sauf que.
Sauf que je suis tombé par hasard sur l'"Album de la Semaine" sur Canal + il y a deux semaines, et que lui et son (nouveau) groupe, les Lonely Astronauts étaient là.
Et toute la semaine je les ai attendus à 18h12 précises pour entendre un nouveau titre de cet album. Et parfois j'avais droit à un bout d'interview de Joe et sa bassiste, qui ne disait rien, pendant que Joe disait du vent, mais pas du vent en souriant, pas du vent en promouvant. Juste du vent. "Cet album parle d'amour", ce genre de conneries.
J'ai été conquis.

Cet album a été comparé à Blonde on Blonde de Dylan, à Exile on Main Street des Stones. Et ce n'est pas très crédible mais je m'en fous. Mélodies, arrangements, rien ne rappelle le passé, si ce n'est une chose: la morgue et le désabus de Joe et son groupe.
Joseph semble en avoir eu assez de travailler ses disques dans tous leurs détails. Il semble en avoir eu marre de jouer seul sur scène. Il a l'air d'en avoir marre de se morfondre dans son coin. Et le résultat c'est ce disque de pur rock'n roll aux refrains simplistes, aux guitares saturées, aux pianos superposés, porté par sa guitare acoustique et sa voix encore plus éraillée que d'habitude.
Je m'étais lassé des expérimentations folles et fouillées de Joe, et cette année il a eu le bon goût de sortir quatre Eps avant cet album, dévidant (presque, l'intermédiaire "A dream is longer than the night" est la seule chanson sortant de l'ordinaire rock de l'album) son trop plein de folie avant de laisser s'exprimer son songwriting direct et qui fait mouche: les mélodies accrocheuses se bousculent et je ne saurais quelle chanson préférer à une autre entre Temporary People, Dear Savior, Look into the Sky, Heart's a Soldier ou Winter Blades...

Il y a donc quelques petites choses à retenir à propos de Temporary People:

- Ce disque n'est pas un disque de Joseph Arthur, c'est un disque de Joseph Arthur & The Lonely Astronauts.
- Ce disque n'est pas "génial". Il est "terrible".
- Ce disque est plus rock'n roll que le dernier Interpol, le dernier Muse, le dernier Coldplay, le dernier Vines, le dernier Strokes, le dernier White Stripes réunis. Et en plus il se targue d'un "The" (Lonely Astronauts).


Cet album est numéro 3 de mon top 10 albums 2008.

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