En plus d'un goût certain pour sélectionner et arranger l'artwork de ses disques (ou en tout cas pour trouver quelqu'un d'assez compétent pour le faire), le canadien Abel Tesfaye a su imposer ses premières mixtapes (publiées en 2011, la dernière en date, "Echoes of Silence", date du 21 décembre) au public à travers son amitié avec la nouvelle superstar du r&b moderne, j'ai nommé Drake. L'aide de ce compatriote (qui n'est pas vraiment en odeur de sainteté par chez nous) n'est pourtant pas la seule raison du succès grandissant de The Weeknd ces derniers mois. Avant toute chose, Tesfaye est plutôt malin. Un remix de Gaga par-ci, un featuring (chez Drake) par-là et surtout un choix rigoureux pour les bandes-sons de ses mixtapes. C'est ainsi que l'on retrouve Siouxsie & The Banshees, Beach House ou Cocteau Twins sur "House of Balloons" (la première partie de sa trilogie de mixtapes), Martina Topley-Bird et Thieves Like Us sur "Thursday" (la seconde partie) et Michael Jackson et France Gall sur "Echoes of Silence". De quoi renforcer la nature populaire référentielle de la musique de Tesfaye et lui offrir, en attendant un premier album original, un potentiel de séduction accru vis à vis de ceux que le r&b moderne ne comble pas d'emblée.
Je n'avais pas été si convaincu que ça par les deux premiers essais de The Weeknd mais avec "Echoes of Silence", la chimie s'est produite aussi rapidement qu'avec la "Nostalgia, Ultra" de l'autre petit génie du r&b moderne, Frank Ocean. Sa réinterprétation du Roi de la Pop (à travers le titre épique Dirty Diana) d'entrée de jeu donne le ton et expose son énorme travail de production (vocoders bien choisis, synthétiseurs glacés et boites à rythme inattendues). Il se dégage une ambiance très particulière des titres présentés ici (et que vous pouvez bien entendu télécharger gratuitement), quelque chose entre la profonde mélancolie (le "Laisse Tomber les Filles" de Gall sonne sur Montreal comme un triste constat), une épique conquête du terrain de jeu de ses concurrents à la force de la voix, jusqu'au climax The Fall et la lente et glaciale descente émotionnelle qui termine le disque. Tout comme Ocean, Tesfaye a encore beaucoup à prouver, mais si l'on doit parier sur des canassons dans les prochains mois de la course à la popularité, on a déjà en tête deux noms pleins de promesses.
Joe Gonzalez
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