La musique estonienne ne se résume donc pas à du black metal et de la folk datée, une conception avouons-le d'emblée réductrice mais la position est facile à camper quand la culture d'un pays aussi peu avenant ou charismatique est si mystérieuse. Maria Minerva (de son vrai nom Maria Juur) est une estonienne de 23 balais qui a publié des tas de disques en 2011, sauf que la quantité, même si la qualité suit, ça ne suffit pas à vous ouvrir les portes du grand public quand vous jouez dans la cour du lo-fi à tout prix. Être estonienne (exotisme (?)) et avoir des airs de Bella (dans Twilight) ne change rien à l'affaire : en dehors de quelques malins dans la presse spécialisée et d'une part de la blogosphère, personne n'a entendu parler de Maria. Son second LP vient pourtant de paraitre sous l'intitulé "Cabaret Cixous", et sa conclusion, Ruff Trade, est même affublée d'un clip :
Attention, malgré l'esthétique très irritante de ces images, il serait erroné de classer la musique de Maria Minerva dans la catégorie chillwave tant il manque, d'une part, trop d'éléments pour en faire une représentation de la chill,et tant on a affaire ici à de la véritable musique lo-fi. Disons que Minerva s'attaque au synthétisme par le même biais (que certains appellent hypnagogisme) qu'une grande sœur américaine, Nite Jewel. Entre ambiances électro-disco sous-marines et dream-pop à la limite de flirter avec les cieux, "Cabaret Cixous" est pile poil dans la tendance qui fait bander les hipsters mous du genoux dont je ne me considère pas membre, mais il faut bien reconnaitre qu'avec des chansons plutôt bien écrites comme celle-ci, Minerva a sans doute de l'avenir à moyen terme. Peut-être se défera-t-elle de son ethos lo-fi et ira-t-elle vers une électro-pop que les masses comprendraient mieux et qui pourrait passer au Festival des Inrocks. Ce serait sa meilleure chance de placer l'Estonie sur la carte car en attendant, les chercheurs d'or mélodique sont rarement attirés par son coin de paradis, que cette métaphore délimite son pays ou son cadre musical.
Joe Gonzalez
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