C'est entendu.

lundi 3 octobre 2011

Microcosme #12 - Octobre 2011

par Joseph Karloff
art par Jarvis Glasses

Pas un album ce mois-ci. Même pas le moindre petit EP ; tout au plus, un bon vieux 2-titres comme au temps des 45 tours ou des Boys Band. "Don't hate the player, hate the game" avait coutume de dire Ice-T, ou était-ce Axelle Redbull ? Quoi qu'il en soit, ne boudons pas notre plaisir : avec ses vidéos chiadées, ce numéro de Microcosme est une sorte de petit frère du Vidéodimanche d'hier, celui qui n'a pas forcément plus de talent mais qui épate quand même tout le monde, parce que c'est le chouchou. Bâtard.

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Microscope

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Figurer dans un numéro de Microcosme, au fond, c'est aussi simple que d'avoir son nom au générique "Joyeux anniversaire" de feu le Club Dorothée. Il suffit de taper droit dans mon petit coeur de geek. La preuve avec cette vidéo vintage de Luneville, vintage dans le sens où l'on voit le groupe interpréter sa chanson Going Digital à travers l'objectif d'une Game Boy Camera.





Le titre n'a d'ailleurs pas de chiptune que son clip : les synthés et effets utilisés évoquent autant l'electropop 80's que les sonorités de la Super Nintendo. En résulte une chansonnette délicieusement surannée qui saura parler à tous les nostalgiques de l'ancienne modernité, celle qui faisait surtout appel à l'imagination du consommateur, qui n'en pouvait plus d'attendre les années 2000 pour semer la zone dans son quartier à dos de Hoverboard.


J.K.



Je dois avouer que je suis surpris, très surpris qu'Ödland n'ait pas plus percé que ça avec leur premier album (que nous chroniquâmes l'an passé) ; non pas qu'il fut génial, mais tous les éléments étaient là : un twee folk chanté en français, tantôt frais et spontané, tantôt franchement énervant à force de pose trop indie pour être honnête. Un an plus tard, la formule de la formation lyonnaise n'a guère changé, mais elle s'affine, reposant sur une esthétique visuelle encore impeccable, comme en témoigne ce clip de la chanson Trottoirs vermoulus.





Depuis son premier album, Ödland s'en est allé à travers l'Europe, un road trip devenu le thème central de leur nouvel album "Sankta Lucia". Chaque chanson a pour décor l'une des villes visitées par le quartet (ici, Sarajevo) et a droit à sa mise en scène brillament filmée, il faut le dire, grâce au talent indéniable du leader Lorenzo Papace pour tout ce qui touche au visuel (les pochettes des deux albums, atypiques, sont d'une classe folle). Pour le reste, la chanson (et a priori l'album) ne plaira toujours pas aux détracteurs du premier album ; mais sans être moi-même complètement emballé, j'ai une certaine tendresse pour cette comptine folk très sombre.


J.K.



J'évacue d'emblée : impossible d'écouter ces deux nouveaux titres de Micah Buzan sans penser à Radiohead et aux bricolages solo de Thom Yorke. On pourrait presque se dire qu'Andy Yorke est rentré par effraction dans la chambre de son grand frère, a piqué des démos au hasard, s'est enregistré par-dessus et les a publiées sous un pseudonyme.

Déjà auteur de plusieurs albums disponibles sur Bandcamp, tous plus lo-fi par défaut que par choix, Micah Buzan est un artiste en pleine phase d'affinage ; ce que confirme ce single Heal The Weak qui est en fait un ancien titre remis au propre par le jeune américain, accompagné d'une nouvelle composition, Phantoms.





Et si la face A place l'auditeur dans une atmosphère sombre entretenue autant par la lourdeur du riff principal que par des transitions inconfortables, c'est cette seconde chanson qui séduit le plus, car elle parvient à conserver la tension du premier titre tout en lorgnant vers une nonchalance à la Electrelane qui donne envie de s'intéresser de près au nouvel album de Micah Buzan (dont je peux déjà affirmer qu'il sera un highlight du prochain numéro de Microcosme).


J.K.


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They Microlive !

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  • Pierre Georges Désenfant @ le Sonic, Lyon

Sous ce nom qui sonne comme un pseudo chelou se cache le projet parallèle d'un artiste hyper prometteur déjà évoqué dans nos pages il y a quelques mois : Blackthread. Le lieu, une péniche pleine de néons rouges, à la fois cool et glauque, est coutumier des expériences sonores en tous genres pour pas cher, et a accueilli pas mal d'artistes de renom, Otomo Yoshihide ou Tim Hecker en tête. Pierre George Désenfant a sans doute vu défiler pas mal de ces gugusses, vu qu'il officie habituellement au Sonic en tant qu'ingé son.

Bref, si Désenfant a choisi ce soir-là de tomber le nom de scène habituel, c'est peut-être parce que la pièce pour Moog qu'il proposait tenait plus de la musique contemporaine que de sa drone pop habituelle, et que comme le veut la tradition, quand on fait de la musique sâââvante, on se découvre, surtout quand on s'appelle Pierre Georges. On n'imagine pas Philip Glass ou Arvo Pärt faire la même carrière s'ils avaient conservé leurs pseudonymes de départ, à savoir Gl4ssn0st et Tabula Libanais.

Outre Philip Glass justement, la pièce proposée n'est pas sans rappeler la musique d'un autre rhodanien bien connu de nos services, à savoir Witxes. Les deux barbus (la ressemblance est aussi physique) partagent un même passé rock bruyant qui transparait dans leurs compositions actuelles, tout comme transparait leur velléité à chercher à s'extraire de cette influence. La composition jouée par Désenfant, construite sur une superposition de mélodies simples, parvient à saisir l'auditeur au premier degré par la beauté évidente des sons, à le prendre par la main pour l'emmener vers des thèmes plus ambigus sans que jamais l'inconfort ne prenne le dessus. Une sorte d'initiation à la musique contemporaine, aussi brève (un gros quart d'heure) que touchante.

Un petit mot sur Library Tapes quand même, le gars qui avait donc Pierre Georges Désenfant en vedette américaine, et que l'on voit sur la photo ci-contre considérer la grosse dizaine de personnes qui se sont déplacées pour l'écouter. Une photo qui illustre d'ailleurs parfaitement l'émotion, ou plutôt la non-émotion qui s'est emparée de moi au bout de quelques minutes de ces balbutiements pianistiques, sentiment mille fois accentué par le consternant diaporama projeté en arrière-plan, où des photos qu'on aurait juré tirées de l'Ami des Jardins se succédaient, non sans avoir pris le temps de dévoiler leur absence totale d'intérêt par un effet de zoom avant interminable. J'avais l'impression d'être enchainé devant l'économiseur d'écran du PC de ma mère pendant que mon petit cousin, le regard dans le vide, répétait distraitement ses gammes en attendant la fin de la leçon pour rejoindre les copains au terrain de foot.


J.K.

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