"The Meadowlands" est l’un de ces rares albums de rock indé pur et dur que je continue à écouter avec plaisir de temps en temps. Rarement, certes, mais quand ça arrive, je ne suis jamais déçu, car j’y retrouve toujours ce que j’étais venu chercher. Très remarqué à sa sortie par le petit milieu indé, ce disque est à présent doté d'une réputation assez enviable. Une solide base de fans, ceux-là mêmes qui se retrouvent totalement dans la critique dithyrambique de Pitchfork (9.5/10 !), va jusqu’à le présenter comme un petit classique dont il faut encore vanter les qualités, histoire de convertir de nouveaux fidèles. Rien de tout ça ne me semble incompréhensible ou usurpé. L'album a également participé à donner un nouveau statut à ce groupe obscur, définitivement à part car extrêmement rare, j'en veux pour preuve que depuis 2003, on n'en finit pas d'annoncer le successeur de "The Meadowlands", sans qu'il ne pointe jamais véritablement le bout de son nez (*1). Malgré cela, le groupe continue à tourner régulièrement, à écumer les festoches, et là encore, ils jouissent d’une belle réputation : les Wrens seraient des "bestioles de concerts à ne pas louper" (*2).
(Happy)
Avant d'effectuer leur véritable breakthrough, les quatre vieux types du New Jersey qui constituent The Wrens avaient pondu deux albums penchant clairement vers un post-hardcore sans complexe, une sorte de noise pop enjouée mais anonyme, qui ne faisait pas suffisamment de vagues pour se faire remarquer si ce n’est par quelques illuminés qui portaient déjà aux nues "Secaucus" (le deuxième LP, paru en 1996). Une traversée du désert de 7 ans due à un profond désaccord avec leur maison de disque a alors amené le groupe à se remettre en question. Peut-être inspiré par de glorieux exemples (on peut entre autres penser à Built to Spill, Pavement ou Guided by Voices), les Wrens décidèrent de changer de formule pour un rock indé plus abordable, très en vogue en ce début des années 2000 et s'inscrivant donc dans l'air du temps.
(This boy is exhausted)
"The Meadowlands" est le fruit de ce virement de cap, aussi net que bien assuré. On nage ici en plein rock indé typique, bien fignolé, aux compositions riches et variées, doté d’un son poliment lo-fi. Le début du disque est fait de lentes montées en puissance (She Sends Kisses, Happy) qui s’enchaînent parfaitement et qui auront normalement pour effet de retenir votre attention et de vous garantir l’écoute du disque dans son intégralité. La musique des Wrens déploie dès ces premiers morceaux un aspect emo très présent mais pour une fois pas gênant, tant il a l'air pleinement assumé, sincère, et non racoleur. On ne sera donc pas étonné que le chanteur partage avec nous son grand désespoir suite à de basiques ruptures amoureuses (Hopeless) et l’on accueillera d’autant mieux qu’il se relaxe un peu, qu’il "laisse pisser", via une ballade sympathique, plus optimiste et décontractée (Thirteen Grand) ou qu’il passe ses nerfs sur quelques chansons aux rythmes entêtants, aussi débiles qu’efficaces (Faster Gun et Per Second Second, où le groupe pourra alors nous rappeler le pire des Pixies). A d’autres moments, The Wrens propose des chansons pop très directes et plutôt gaies, comme la très réussie This Boy is Exhausted. Autre indice qui ne trompe pas sur la qualité générale du disque : l’écouter aujourd’hui ne donne pas l’impression de faire un bond en arrière désagréable, de se retrouver figé dans une époque.
Avant de clôturer l'ensemble sur une chanson où l'émotion sera censée atteindre son point paroxystique (13 Months in 6 Minutes, et apparemment pas les meilleurs mois de la vie du compositeur...), arrive un super morceau sur lequel j’aimerais un peu plus m’attarder : Everyone choose sides, la onzième piste de cet album. Cette chanson vient secouer l'auditeur une dernière fois dans le but de regagner son attention pour mieux le préparer au coup final.
(Everyone choose sides)
Quand un petit groupe indé se met à pousser une gueulante et à brancher les guitares à toute berzingue pour pondre l'inévitable morceau excité de leurs albums au demeurant bien gentillet sous leurs fausses apparences, ça donne souvent des chansons assez ridicules, que l'on peut certes apprécier comme un plaisir coupable, le temps d'une révolte passagère, avant de se rendre compte a posteriori que ça ne valait pas bien cher. Ces morceaux-là sont faits pour ravir les hipsters lambda, qui attendront sagement son interprétation pendant les concerts, pour enfin s'agiter un peu et se rappeler que leur si précieux groupe pourrait être de véritables rock stars s'ils le souhaitaient vraiment. Je vous parle de tout ça en connaissance de cause, même s'il me serait laborieux de vous citer des exemples pour appuyer mes dires. Ils sont légion, croyez-moi. Everyone choose sides est à mon sens le parfait contre-exemple, ou quand ce genre de morceau est une réussite totale, d'une efficacité implacable. Un vrai sens du riff, répétitif, asséné avec force et fracas par des grattes saturées, un jeu de batterie énergique, un chant insolent et relâché, quelques pauses au milieu de la tempête : on a aussitôt envie de se la renvoyer après sa fin prématurée du plus bel effet ! Je comprendrais toutefois très bien que vous ne soyez pas de mon avis, mais je vous demande quand même de lancer cette chanson (vous serez de toute façon très vite fixés !) et d'éventuellement me donner vos impressions, pour aussi savoir si je dois me sentir seul et à nouveau me raccrocher aux nombreuses critiques positives de l'album dont est issue cette chanson !
(Happy)
Avant d'effectuer leur véritable breakthrough, les quatre vieux types du New Jersey qui constituent The Wrens avaient pondu deux albums penchant clairement vers un post-hardcore sans complexe, une sorte de noise pop enjouée mais anonyme, qui ne faisait pas suffisamment de vagues pour se faire remarquer si ce n’est par quelques illuminés qui portaient déjà aux nues "Secaucus" (le deuxième LP, paru en 1996). Une traversée du désert de 7 ans due à un profond désaccord avec leur maison de disque a alors amené le groupe à se remettre en question. Peut-être inspiré par de glorieux exemples (on peut entre autres penser à Built to Spill, Pavement ou Guided by Voices), les Wrens décidèrent de changer de formule pour un rock indé plus abordable, très en vogue en ce début des années 2000 et s'inscrivant donc dans l'air du temps.
(This boy is exhausted)
"The Meadowlands" est le fruit de ce virement de cap, aussi net que bien assuré. On nage ici en plein rock indé typique, bien fignolé, aux compositions riches et variées, doté d’un son poliment lo-fi. Le début du disque est fait de lentes montées en puissance (She Sends Kisses, Happy) qui s’enchaînent parfaitement et qui auront normalement pour effet de retenir votre attention et de vous garantir l’écoute du disque dans son intégralité. La musique des Wrens déploie dès ces premiers morceaux un aspect emo très présent mais pour une fois pas gênant, tant il a l'air pleinement assumé, sincère, et non racoleur. On ne sera donc pas étonné que le chanteur partage avec nous son grand désespoir suite à de basiques ruptures amoureuses (Hopeless) et l’on accueillera d’autant mieux qu’il se relaxe un peu, qu’il "laisse pisser", via une ballade sympathique, plus optimiste et décontractée (Thirteen Grand) ou qu’il passe ses nerfs sur quelques chansons aux rythmes entêtants, aussi débiles qu’efficaces (Faster Gun et Per Second Second, où le groupe pourra alors nous rappeler le pire des Pixies). A d’autres moments, The Wrens propose des chansons pop très directes et plutôt gaies, comme la très réussie This Boy is Exhausted. Autre indice qui ne trompe pas sur la qualité générale du disque : l’écouter aujourd’hui ne donne pas l’impression de faire un bond en arrière désagréable, de se retrouver figé dans une époque.
Avant de clôturer l'ensemble sur une chanson où l'émotion sera censée atteindre son point paroxystique (13 Months in 6 Minutes, et apparemment pas les meilleurs mois de la vie du compositeur...), arrive un super morceau sur lequel j’aimerais un peu plus m’attarder : Everyone choose sides, la onzième piste de cet album. Cette chanson vient secouer l'auditeur une dernière fois dans le but de regagner son attention pour mieux le préparer au coup final.
(Everyone choose sides)
Quand un petit groupe indé se met à pousser une gueulante et à brancher les guitares à toute berzingue pour pondre l'inévitable morceau excité de leurs albums au demeurant bien gentillet sous leurs fausses apparences, ça donne souvent des chansons assez ridicules, que l'on peut certes apprécier comme un plaisir coupable, le temps d'une révolte passagère, avant de se rendre compte a posteriori que ça ne valait pas bien cher. Ces morceaux-là sont faits pour ravir les hipsters lambda, qui attendront sagement son interprétation pendant les concerts, pour enfin s'agiter un peu et se rappeler que leur si précieux groupe pourrait être de véritables rock stars s'ils le souhaitaient vraiment. Je vous parle de tout ça en connaissance de cause, même s'il me serait laborieux de vous citer des exemples pour appuyer mes dires. Ils sont légion, croyez-moi. Everyone choose sides est à mon sens le parfait contre-exemple, ou quand ce genre de morceau est une réussite totale, d'une efficacité implacable. Un vrai sens du riff, répétitif, asséné avec force et fracas par des grattes saturées, un jeu de batterie énergique, un chant insolent et relâché, quelques pauses au milieu de la tempête : on a aussitôt envie de se la renvoyer après sa fin prématurée du plus bel effet ! Je comprendrais toutefois très bien que vous ne soyez pas de mon avis, mais je vous demande quand même de lancer cette chanson (vous serez de toute façon très vite fixés !) et d'éventuellement me donner vos impressions, pour aussi savoir si je dois me sentir seul et à nouveau me raccrocher aux nombreuses critiques positives de l'album dont est issue cette chanson !
Félix
(*1) : La page wikipédia du groupe annonce pour 2011 un nouvel album intitulé "Funeral". Ça me semble douteux. Et le choix du titre ne me paraît pas très judicieux.
(*2) : Après un concert donné à Londres en Mars 2006, The Guardian a écrit "On this form the Wrens are surely one of the best live bands in the world."
Faudra que j'écoute ça, vu qu'on a souvent exactement les mêmes goûts (et que ça me fait flipper) !
RépondreSupprimerAh oui ? Ça ne m'avait jamais trop frappé. :)
RépondreSupprimerT'aime bien cette chanson uniquement parce que ça se passe dans un sous-marin, gros fan de DAS BOOT :)
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