[Tip Top] Mundovision 2011

Jean-Marie Vincent écrivait dans le numéro de Mars 2011 de Chien Magazine, "le concours canin Automne-Eté 2011 de La Baule a une nouvelle fois été remporté par un épagneul tibétain, c'est au poil !" et en lisant ça je me suis rendu compte que malgré nos grands airs de cosmopolites du son, nous autres rédacteurs de C'est Entendu ne donnions pas suffisamment leur chance aux talents des pays moins connus pour leurs musiciens que pour leurs guerres ou leurs rouleaux de Printemps. Après quoi, passablement sur les nerfs, je pris à partie mon collègue Joe Gonzalez jusqu'à ce qu'il accepte de me céder les droits de l'idée qu'il avait émise dans sa barbe en m'entendant pester contre notre hermétisme occidento-centré : organiser un Grand Concours International de la Chanson : le Mundovision.

Pour cette première édition du Mundovision, dix pays sont en compétition dont les représentants ont été triés sur le volet de façon totalement improvisée et "à l'arrachée" par le pré-jury composé de Joe Gonzalez et de moi-même, avec l'aide de la stagiaire bénévole de la Rédaction. Sans plus de cérémonie, voici donc les dix nommés :

El Salvador : The Quick - Young men drive fast (1982)

Fier représentant d'El Salvador, The Quick démontre aux plus sceptiques que l'italo disco synthétique n'a pas connu ses grandes heures que dans les clubs New Yorkais.

Mongolia : Egschiglen - Manduhai (2002)

Traditionaliste avant tout, le candidat mongol a choisi de représenter son pays avec une belle interprétation de chants diphoniques dans un style ancestral qui n'est pas tombé dans l'oreille de sourds puisque les Master Musicians of Bukkake et bien d'autres se seront inspirés par la suite de l'ambiance lourde et sévère qui ornent cette technique de chant consistant à produire des notes graves et aiguës en même temps.

Malgachie : François Bayle - Eros bleu (1979)

Loin des clichés François Bayle utilise l'électronique balbutiante de la fin des années 70 pour développer un propos proche de la musique concrète. Madagascar ne s'en est toujours pas remise !

Paraguay : The Force - Possessed by Metal (2008)

L'âme du Thrash Metal paraguayen est dans ce morceau. De la vitesse, des guitares en cavalcade et un chanteur-chien aboyant la bave aux lèvres. Vers 1:28, on entend distinctement le défaut de langue du chanteur, qui donne d'autant plus de charme à ce brûlot touchant.

Malaysia : Truck - Broken Chair (1974)

Si la Malaisie n'évoque pour certains qu'un gros tigre fatigué allongé près d'une rizière, c'est parce que l'on ne fait pas l'effort d'aller au-delà des apparences, des clichés, comme le prouve cette belle chanson de pop surannée, entre naïveté sixties post-Beatles et outrance progressive du début des 70's. Les violons aussi sont malaisiens !

France : Super Freego - Yektro le kreutre (1982)

A un époque où le mot "zheul" avait encore du sens, "kreutre" en avait aussi. Aujourd'hui on ne sait plus vraiment ce que tout ça signifie mais qu'importe puisque Super Freego nous l'explique avec moult chœurs et cuivres tels des nerds de la pop capables de tout, et même du cri primal (0:45). "Sur la tête de ma mère c'est pas du baratin !"

Croatia : Azra - Suncana Strana Ulice (1981)

En Croatie, la folk a sa place au soleil et Azra traite la guitare acoustique en sainte, dépassant le style gypsy pour atteindre les sommets du raffinement acoustique.

USA/Nepal : Angus Maclise (ex-batteur du Velvet Underground) - Heavenly blue pt 4&5 (1999)

Né en Amérique et mort au Népal, Angus Maclise était le batteur du Velvet avant l'arrivée de Moe Tucker. Ses drones expérimentaux, il continua à les travailler longtemps, parfois en compagnie de John Cale ou LaMonte Young, mais personne n'entendit parler de lui avant aujourd'hui !

Iran : Leila - Medicore (1998)

En Iran on est consensuel ou bien on prend la porte. Demandez à Abbas Kiarostami et il vous répondra "Demandez à Leila !" Exilée au Royaume Unie, cette native de Téhéran compose une IDM lo-fi qui fout super mal à l'aise !

Chad : Feu Maitre Gazonga - Les jaloux saboteurs (1984)
Last but nos least, Maitre Gazonga (RIP), dans un style africain proche de celui de Zao, raconte ses voyages dans l'Afrique occidentale et la difficulté de s'entendre pour les peuples de ce Continent. Mais avant de le faire, ce chanteur à l'ancienne prend le temps de vérifier que son groupe est prêt à commencer. "Bien sûr !"

Vous voilà en présence des compétiteurs, il ne vous reste plus qu'à voter pour élire le grand vainqueur du Mundovision 2011, la première édition de notre grand concours international de la chanson ! Pour cela, un sondage vous attend sur la page Facebook de C'est Entendu. Faites entendre votre voix ! Le pays récompensé par le Mundar (la statuette, remise par Murray lui-même) sera au centre d'un futur grand article récapitulatif de ses genres musicaux, talents et gloires, à paraitre pendant l’Été. A VOS BOITIERS DE VOTE !


Julien Masure