C'est entendu.

lundi 14 mars 2011

[Réveille Matin] Tears For Fears - Everybody Wants To Rule The World

Certaines choses ne sont pas à crier sur tous les toits, je le conçois. Et si C'est Entendu décidait quand bien même de s'en foutre royalement et de revendiquer à nouveau ses petits coups de cœur intimes et honteux ? Sans plus attendre, voici le mien : Tears For Fears. Je ne vous ménage vraiment pas, pour cette deuxième édition de la Semaine de la Honte, et rassurez-vous, ce n'est pas non plus un cadeau que je me fais, mais bon, ce coup-ci je ne vous causerai pas de folk lyrique et de pop sucrée mais bien de musique qui suinte la production super marquée et la composition à la limite du risible. Alors autant donner le maximum de soi-même et taper dans l'ultra cliché, l'ultra kitsch, l'ultra has been sympathique à nos oreilles (et aux nôtres seulement, ou presque).

Il s'agit donc d'Everybody Wants To Rule The World, de l'album "Songs From The Big Chair" (1985) un morceau dont j'avais failli vous parler lors de mon premier coming out honteux mais que j'avais préféré vous garder bien au chaud pour plus tard.





Un saut de vingt-six ans en arrière, et je crois qu'on peut difficilement trouver plus représentatif que ce tube. C'est simple, tout y est. La réverb sur la batterie, le synthé eighties, le chant qui alterne entre la détente et l'explosion de sentiments à grands renforts de mains crispées (et de lunettes de soleil d'un gout certain), avec pour couronner le tout ce timbre de voix si particulier propre à Curt Smith et le solo de Roland Orzabal à la toute fin, que je trouve, sans rire, absolument parfait.

Au niveau du clip, même constat : polo couleur pastel, session de quad dans la pampa probablement californienne, moto-cross, ULM et grandes routes, tout est déployé devant nos gourmandes pupilles. Pour moi, ça fait sens. Je me lance. La photographie est tellement complète, tellement fidèle à l'idée que nous, la jeune génération, nous faisons des années 80, d'après les récits de nos ainés (et leurs photos de soirée en veste jaune canari à épaulettes), que je ne peux m'empêcher de trouver dans ce morceau et ce clip un témoignage vibrant, une compilation des plaisirs matériels qu'offrait le rêve américain durant cette décennie et dont tous les citoyens des USA rêvaient de jouir. C'est vrai... Qui n'a jamais rêvé de planer nonchalamment en ULM au dessus des immensités ricaines, de passer des coups de fil depuis des cabines téléphoniques à côtés des diners, et de voir deux afro-américains en complet noir danser dans une station service ? En tout cas, je vis dans l'espoir de connaître ça un jour, et comme ça n'arrivera pas, je vous en touche deux mots ici. C'est hilarant, et pourtant c'est tellement vrai. En fait, je suis le petit garçon déguisé en shérif du début, qui est comme absorbé par la rutilante Austin Healey 3000 décapotable de Smith. Si, si, ouvrez l'œil, c'est moi, regardez bien. Vous voyez ?


Hugo Tessier

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