Il y a quelques années déjà, Christiaan Virant et Zhang Jian, duo de musiciens chinois plus connus sous le nom de FM3, ont sorti ce qui allait devenir un petit phénomène dans le monde de la musique indépendante/expérimentale. Il ne s'agissait pas à proprement parler d'un nouveau genre de musique, ni d'un nouveau moyen pour en créer (encore que), ni pour en écouter (encore que…) ; ce n'était pas un disque, ni une application, ni vraiment un instrument, ou même quoi que ce soit d'entièrement "nouveau". La Buddha Machine était tout simplement une petite boîte en plastique alimentée par deux piles AA, de fabrication simple voire médiocre, qui jouait des boucles de quelques secondes avec un son (très) lo-fi.
Gadget de relaxation sans intérêt ? Pas de quoi électriser les foules a priori ? Et pourtant, deux ans après sa sortie, la "Buddha Machine" s'était déjà vendue à plus de 50 000 exemplaires (je sais, ça n'est pas un argument, des disques tout pourris s'écoulent aussi à des dizaines de milliers d'exemplaires) et avait déjà conquis plusieurs musiciens et groupes de renom tels que Brian Eno, Robert Henke ou Throbbing Gristle. De nombreux disquaires indépendants s'enthousiasment pour la petite boîte, quasiment tout le monde semble l'aimer, la Buddha Machine devient un vrai gadget à la mode pour les aficionados de musiques expérimentales… je finis par craquer et j'en achète une (l'édition bleu sarcelle du second modèle, très jolie couleur, collection été 2009). Et je dois dire que oui, on s'attache très facilement à ce petit bidule en plastique (et non, on ne s'en lasse pas au bout de quelques semaines).
Il faut dire que l'objet a, mine de rien, un véritable charme. Peut-être en partie parce qu'il va à l'encontre de notre mode d'écoute habituel, où les pistes ont (à part dans quelques cas particuliers) un début et une fin définis ; peut-être aussi parce qu'il y a un plaisir faussement nostalgique à manipuler ce qui n'est finalement qu'un jouet, un jouet pour mélomanes adultes, comme une boîte à musique pour enfant qui aurait grandi avec nous. Mais surtout parce que les boucles sont vraiment belles, et qu'il est particulièrement surprenant et agréable d'entendre de tels sons sortir d'une boîte aussi cheap…
Gadget de relaxation sans intérêt ? Pas de quoi électriser les foules a priori ? Et pourtant, deux ans après sa sortie, la "Buddha Machine" s'était déjà vendue à plus de 50 000 exemplaires (je sais, ça n'est pas un argument, des disques tout pourris s'écoulent aussi à des dizaines de milliers d'exemplaires) et avait déjà conquis plusieurs musiciens et groupes de renom tels que Brian Eno, Robert Henke ou Throbbing Gristle. De nombreux disquaires indépendants s'enthousiasment pour la petite boîte, quasiment tout le monde semble l'aimer, la Buddha Machine devient un vrai gadget à la mode pour les aficionados de musiques expérimentales… je finis par craquer et j'en achète une (l'édition bleu sarcelle du second modèle, très jolie couleur, collection été 2009). Et je dois dire que oui, on s'attache très facilement à ce petit bidule en plastique (et non, on ne s'en lasse pas au bout de quelques semaines).
Il faut dire que l'objet a, mine de rien, un véritable charme. Peut-être en partie parce qu'il va à l'encontre de notre mode d'écoute habituel, où les pistes ont (à part dans quelques cas particuliers) un début et une fin définis ; peut-être aussi parce qu'il y a un plaisir faussement nostalgique à manipuler ce qui n'est finalement qu'un jouet, un jouet pour mélomanes adultes, comme une boîte à musique pour enfant qui aurait grandi avec nous. Mais surtout parce que les boucles sont vraiment belles, et qu'il est particulièrement surprenant et agréable d'entendre de tels sons sortir d'une boîte aussi cheap…
(Les deux premières boucles viennent du premier modèle de Buddha Machine ;
le troisième vient de la Buddha Machine II.)
L'inspiration pour la "Buddha Machine" vient d'un objet similaire, vendu en Chine, qui joue des chants bouddhistes ; Virant et Jian ont reproduit cette "boîte à prières" sous une nouvelle forme en en changeant le contenu (drones, instruments traditionnels chinois…). De là à dire que la Buddha Machine peut être utilisée pour atteindre une sorte de transe, il n'y a qu'un pas…
Pourtant, contrairement à ce que l'on pourrait penser, écouter la Buddha Machine n'est pas une expérience similaire à celle que l'on a lorsque l'on écoute une longue pièce ambiante et/ou répétitive qui dure une heure, voire même plusieurs heures : le fait de savoir qu'il n'y a pas de fin ni de "direction" aux sons que l'on entend fait que l'on ne peut pas s'adapter à une durée qui serait "recommandée" par les artistes, et tout dépend au final de votre envie et de votre état d'esprit. Certains laisseront tourner leur machine toute la nuit, d'autres l'arrêteront après dix minutes…
Autre petit détail mais qui a, lui aussi, son importance : si les boucles de la première Buddha Machine étaient immuables, les modèles suivants disposent d'une molette pour régler la hauteur et la vitesse des boucles — mais sans cran pour pouvoir identifier la position "initiale" une fois qu'elle est modifiée. Ce qui fait qu'au final, la longueur de l'écoute et le caractère de la musique dépendent en grande partie de l'auditeur, et l'écoute a quelque chose d'introspectif.
Pourtant, contrairement à ce que l'on pourrait penser, écouter la Buddha Machine n'est pas une expérience similaire à celle que l'on a lorsque l'on écoute une longue pièce ambiante et/ou répétitive qui dure une heure, voire même plusieurs heures : le fait de savoir qu'il n'y a pas de fin ni de "direction" aux sons que l'on entend fait que l'on ne peut pas s'adapter à une durée qui serait "recommandée" par les artistes, et tout dépend au final de votre envie et de votre état d'esprit. Certains laisseront tourner leur machine toute la nuit, d'autres l'arrêteront après dix minutes…
Autre petit détail mais qui a, lui aussi, son importance : si les boucles de la première Buddha Machine étaient immuables, les modèles suivants disposent d'une molette pour régler la hauteur et la vitesse des boucles — mais sans cran pour pouvoir identifier la position "initiale" une fois qu'elle est modifiée. Ce qui fait qu'au final, la longueur de l'écoute et le caractère de la musique dépendent en grande partie de l'auditeur, et l'écoute a quelque chose d'introspectif.
Si la Buddha Machine s'écoute avant tout pour elle-même, plusieurs artistes l'ont utilisée pour créer de nouvelles œuvres, notamment en multipliant les machines ; Robert Henke (du très bon groupe de techno minimale Monolake) a ainsi sorti un album entièrement composé avec des Buddha Machines, intitulé "Layering Buddha". Il s'agit d'un album d'ambient très réussi, une pénombre relaxante et méditative, dont on a du mal à croire qu'elle provient uniquement de sons générés par ces petites boîtes — même si on reconnaît, en plus de certaines boucles moins manipulées que d'autres, le "grain" sonore dû au son lo-fi de la machine…
(Layer 001 de Robert Henke)
Un autre disque, intitulé "Jukebox Buddha", regroupe quinze pistes par quinze artistes différents (Henke encore — on retrouve la deuxième piste de "Layering Buddha" — mais également le groupe de doom drone Sunn O))), le Kammerflimmer Kollektief, Sun City Girls, Adrian Sherwood, Thomas Fehlmann…) et présente toute une variété de pistes plus ou moins expérimentales, toutes réalisées avec la Buddha Machine mais également avec d'autres sources. Les sons de la machine se retrouvent ici parfois à l'arrière-plan ; il y a des compositions ambient, des inspirations jazz, des field recordings — mais le fil rouge des sons tient tout cela ensemble, et c'est finalement une compilation intéressante et agréable, qui présente une certaine unité sans jamais se répéter tout à fait. Même les pistes les plus anecdotiques (Little Yellow de Blixa Bargeld, qui ne s'est pas foulé pour le coup et a simplement enregistré un oiseau qui piaille avec une Buddha Machine dans le fond) semblent avoir leur place sur l'album, et seule la fausse publicité (signée "Center of Excellence" ?) en plein milieu du disque fait tache. La piste de Sunn O))) est d'ailleurs presque reposante et gaie, surtout si on la compare à leurs grondements massifs habituels dans l'infragrave avec voix caverneuses en option ! C'est même une de mes préférées sur le disque avec celle de Wang Fan.
(Gammler, Zen + Hohe Berge du Kammerflimmer Kollektief)
(BP//Simple de Sunn O))))
On peut faire beaucoup de choses avec des Buddha Machines et un peu d'imagination ; il existe notamment des matchs de "Buddha Boxing", parfois joués par FM3 eux-mêmes, improvisations à deux joueurs/musiciens où chacun manipule, met en marche, change les réglages ou arrête une machine. D'autres expérimentateurs ont tenté, avec des résultats parfois intéressants, de jouer avec les circuits de la machine pour en modifier les sons, et les Machines ont également été utilisées pour des installations artistiques…
(Un mur recouvert de mille Buddha Machines. J'aimerais bien entendre ce que ça donne.)
Sachez qu'il existe également, en plus des Buddha Machines originales de FM3, une machine particulière intitulée "Gristleism" — et qui joue, au lieu de sons reposants et méditatifs, des boucles de pistes du groupe industriel Throbbing Gristle (principe similaire, résultats très différents !).
(Gristleism)
La Buddha Machine de FM3 en est actuellement à sa troisième génération, intitulée "Chan Fang" ("chambre zen") et comprenant quatre boucles plus longues, composées sur un guqin (sorte de cithare). Le prochain modèle, qui pourrait sortir cette année (et en est encore au stade de prototype), fonctionnerait par énergie solaire… Sachez enfin que si vous voulez publier vos propres compositions, les boucles sont sous licence Creative Commons et téléchargeables sur le site officiel de FM3 ! Vous pouvez aussi vous amuser avec un "mur" de Buddha Machines virtuelles ici — et il existe des applications Buddha Machine pour iPhone (mais franchement, ça doit perdre de son charme sur un iPhone non ?).
— lamuya-zimina
— lamuya-zimina
Moi ca me fout les nerfs au lieu de me relaxer.
RépondreSupprimerPareil, j'ai vraiment les nerfs là. J'ai les nerfs à vif depuis que j'ai écouté ce truc.
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