
Avant de prendre une tournure kraut, Riton était le pseudonyme qu'utilisait Henry Smithson pour produire une électro dispensable, même si audacieuse. Il a du se passer quelque chose dans la tête de cet anglais en 2006, sans doute chez un disquaire, en fouillant dans la catégorie "krautrock", parce qu'après cette date, son univers musical a pris une autre direction (vers l'Allemagne). A la fin de l'année 2006, il annonce aux médias qu'il travaille sur une collaboration avec les frères Dewaele (Soulwax). Un projet nommé "Die Verbond" ("l'interdit" en allemand), influencé directement par le style kraut. Le projet n'aboutira finalement jamais complètement. Deux ans après, Henry Smithson refait surface et annonce une sorte de mixtape "dédiée aux parrains du krautrock" nommée "Only German mix" et qui se révéla en fait être une sorte d'objet promotionnel annonçant un album : "Eine Kleine Nacht Musik".

(Feverprobe)
"Eine Kleine Nacht Musik" (traduisez "une petite musique de nuit", en référence à la célèbre pièce de Mozart) est un album audacieux, ambitieux, et même visionnaire (*1), dont la particularité réside dans sa façon nouvelle de penser la musique assistée par ordinateur. Les synthétiseurs y sont profondément allemands, faisant parfois écho à Kraftwerk, La Düsseldorf ou Tangerine Dream. Une multitude d'instruments font leur apparition tels sitar, xylophone, ou encore glockenspiel , offrant ainsi une dimension particulière à une musique qui oscille entre, d'une part, des sons synthétiques déshumanisés et d'autre part des nappes, une batterie (plus "chaude", "humaine") et des sons d'instruments atypiques, et envoûtants. Les montées interminables de ces morceaux planent tout à la fois qu'elles cognent avec régularité leurs rythmiques si spécifiques. Smithson réalise ainsi un album influencé profondément par la mouvance kraut, mais dessine avec des traits fins un pastiche nuancé, subtil.
(Die Fontäne)
Au delà d'une simple expérience musicale, cet album (passé trop inaperçu) revêt l'habit d'un véritable manifeste qui donnera peut-être naissance à un réel mouvement (*2), celui d'un post-kraut, un krautrock imbibé de beats et de musique électronique nouvelles. Henry Smithson offre ici un album hors des codes et cependant accessible, audacieux et pourtant (et il le revendique) entièrement influencé.
Julien Masure
(*1) : Il est a noter que le minimaliste James Holden a suivi cette voie ouverte par Henry Smithson en offrant un mix (dans son "Dj-Kicks" dont je vous parlais ici) où l'électro s'anime façon kraut.
(*2) : D'ailleurs, c'est aussi en 2008 que Zombie Zombie (le duo français composé d'Etienne Jaumet et Neman Herman Düne) publiait "A land for Renegades", un album d'électronique progressive mêlée à des influences krautrock !
(*1) : Il est a noter que le minimaliste James Holden a suivi cette voie ouverte par Henry Smithson en offrant un mix (dans son "Dj-Kicks" dont je vous parlais ici) où l'électro s'anime façon kraut.
(*2) : D'ailleurs, c'est aussi en 2008 que Zombie Zombie (le duo français composé d'Etienne Jaumet et Neman Herman Düne) publiait "A land for Renegades", un album d'électronique progressive mêlée à des influences krautrock !
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