Il vous est sans doute déjà arrivé, seul(e) le soir, de ressasser des pensées désagréables, de vous faire des films (souvent tordus et qui se finissent mal), d'avoir l'esprit qui tourne et vire en roue libre là où vous ne voudriez pas qu'il aille. Peut-être vous est-il même déjà arrivé d'en perdre presque le contrôle, de finir par avoir peur et de devoir vous lever, allumer la lumière pour tenter d'en sortir… en vain. Quand quelque chose vous obsède trop, il semble n'y avoir aucun échappatoire à ce labyrinthe de pensées sombres.
Vous savez sans doute ce que cette situation peut donner dans le cas d'une personne mentalement instable et qui aurait subi un choc traumatique. Ne vous arrêtez pas là : imaginez ce que ça pourrait donner dans le cas d'une personne assez dérangée pour avoir dépassé ce stade, une personne qui aurait vu ou subi quelque chose d'indicible, qui serait "passée de l'autre côté", pour qui nous serions dans l'erreur, et qui chercherait coûte que coûte un échappatoire, une "solution", peu importent les conséquences.
Maintenant, faites le dernier pas : imaginez que cette personne ait trouvé cet échappatoire. Sans que ça soit ce à quoi vous pensez.
Vous savez sans doute ce que cette situation peut donner dans le cas d'une personne mentalement instable et qui aurait subi un choc traumatique. Ne vous arrêtez pas là : imaginez ce que ça pourrait donner dans le cas d'une personne assez dérangée pour avoir dépassé ce stade, une personne qui aurait vu ou subi quelque chose d'indicible, qui serait "passée de l'autre côté", pour qui nous serions dans l'erreur, et qui chercherait coûte que coûte un échappatoire, une "solution", peu importent les conséquences.
Maintenant, faites le dernier pas : imaginez que cette personne ait trouvé cet échappatoire. Sans que ça soit ce à quoi vous pensez.
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La voix de Tibet est quasi-monocorde et déterminée, malgré parfois une inquiétude, un dégoût ou une rage très légèrement perceptibles ; des bruits d'enregistrement et surtout des harmonies à la fois grandioses et dissonantes, d'outre-tombe, semblent extérioriser et contenir toutes les émotions que le narrateur garde en lui, tout ce qui émane de lui, sons de cordes qui finiraient presque par ressembler à des voix. Rien que de très classique peut-être, mis à part le fait que ce genre d'œuvre se trouve plus souvent en littérature et au cinéma qu'en musique, et surtout le fait qu'avec les talents d'écrivain de Ligotti et les talents de musicien de Tibet… on y croit. "I Have a Special Plan for this World" va vous hanter, vous faire réfléchir, vous faire perdre confiance en vous, vous faire ressentir cette peur de l'inconnu, vous amener un pas plus près de la folie. Et plus vous l'écouterez, plus cette piste semblera faire sens.
L'horreur est un genre qui n'a pas forcément besoin d'originalité pour fonctionner, mais qui nécessite une exécution quasi-parfaite pour ne pas que l'on voie les fils et le papier mâché. Et à l'écoute de ce disque, on peut difficilement se dire que Tibet et Ligotti n'ont réalisé qu'une œuvre de fiction gratuite… il doit y avoir quelque chose que les deux artistes ressentent réellement là-dedans. Et pour peu qu'on l'écoute dans les "bonnes" conditions (seul, la nuit, éventuellement quand on va mal), difficile de ne pas ressentir ce malaise, de ne pas être affecté par ce manque, d'être indifférent à cette envie indicible qui ronge le narrateur tout en lui donnant sa résolution ; difficile surtout de se croire réellement à l'abri de tout cela.
— lamuya-zimina
— lamuya-zimina
P.S. : Si vous aimez, sachez que Tibet et Ligotti ont collaboré sur deux autres disques, à savoir "In a Foreign Town, In a Foreign Land" — beaucoup plus épars et atmosphérique — et "This Degenerate Little Town".
P.P.S. : Je vous conseille d'écouter ça ou de le réécouter ce soir, enfin de nuit, seul, au calme. Pas en faisant la vaisselle, par exemple.
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