C'est entendu.

mercredi 27 octobre 2010

[Fallait que ça sorte] Lydia Lunch — Queen of Siam

Lydia Lunch… si vous ne la connaissez pas déjà, vous avez sans doute déjà entendu parler d'elle quelque part ; sinon par ses albums solo, peut-être par son groupe no wave Teenage Jesus and the Jerks (présent sur la fameuse compile “No New York” de Brian Eno), peut-être encore par ses collaborations avec Sonic Youth, Einstürzende Neubauten, Nick Cave, Omar Rodriguez-Lopez, J.G. Thirlwell (Foetus), j'en passe et j'en oublie, peut-être enfin par ses livres, ses films, ses photos..? Je vais être honnête avec vous, je serais bien incapable de vous dresser un panorama de sa carrière tentaculaire.

Et puis, je dois vous avouer que je n'accroche pas à tout ce que j'ai entendu d'elle. Teenage Jesus and the Jerks, vous aimez ? Oui ? Non ? Peu importe, “Queen of Siam” n'a rien à voir !


Ne vous fiez pas trop aux pochettes (presque toutes kitsch) qui montrent Lydia en train de faire la moue habillée de cuir, allongée (aguicheuse ?) sur un canapé dans une salle enfumée ou en ondine nue dans un lac au milieu de nénuphars ; “Queen of Siam”, le premier album solo de Lydia Lunch, ressemble davantage à un disque écrit et chanté par une adolescente gothique surdouée qu'à un album véritablement sulfureux et sensuel*. Lydia y joue les droguées en psalmodiant d'une voix indolente sur Mechanical Flattery et Blood of Tin, les suicidaires sur une reprise de la célèbre Gloomy Sunday, les allumeuses sur Lady Scarface ou les ados insouciantes qui cherchent l'amourette le jour d'Halloween sur Spooky. Les mélodies et sonorités donnent à l'album une ambiance de cabaret jazzy, un peu sombre, parfois un peu dissonante (Tied and Twist), mais “Queen of Siam” est un album plus facétieux que véritablement torturé, faisant preuve d'une certaine légèreté et même d'un certain humour (cf. Carnival Fat Man, saynète comique malgré ses airs de freak show bizarre).


(Mechanical Flattery)

Le disque n'en est pas superficiel pour autant ; au contraire, Gloomy Sunday (judicieusement placée en deuxième piste) est aussi triste et touchante que l'on pourrait s'y attendre, et l'album sonne en réalité parfois comme un journal intime, avec ses moments de désespoir et d'amusement, ses références et ses visions personnelles. La légèreté de ton sur certaines pistes, dont je parlais auparavant, empêche justement l'album de tomber dans une noirceur trop solennelle ou dans un pathos larmoyant ; et la voix de Lydia sur ce disque, juvénile et imparfaite (parfois même carrément fausse), rend cet album véritablement attachant.


(Lady Scarface)

“Queen of Siam” est un album certes court (une demi-heure) mais rempli de qualités, plus facile d'accès mais pas moins intéressant que d'autres disques de Lydia Lunch ; si vous cherchez de bons disques à écouter pour Halloween, en voilà un !


— lamuya-zimina


* Lydia Lunch a aussi fait des disques sulfureux et sensuels.

1 commentaire:

  1. Mon morceau préferé : "Atomic Bongos" avec ses guitares no-wave greffés sur une chanson presque pop.

    RépondreSupprimer