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Prenez cet album, par exemple, que j'attendais impatiemment avec une naïveté dépassant tout entendement alors que n'importe qui aurait pu prévoir qu'à se trimballer les fesses entre deux fauteuils, Ray - entouré du plus fantomatique des groupes, les Pariah (lisez "Pas là") Dogs - était condamné à se ramasser cul-par-dessus-tête dans la prairie dont il a l'air de venir, les yeux rivés sur la nuit étoilée qu'il a l'air de ne pouvoir s'empêcher de fixer, une guitare sèche serrée dans les bras afin de crooner doucement vu qu'il a l'air de n'être né que pour ça, eh bien cet album est extrêmement moyen.
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C'est bien simple : sur "God Willin' and the creek don't rise" lorsque Ray Lamontagne ne sonne pas comme un Roch Voisine alternatif, il ne propose qu'une rasade - certes brièvement rafraichissante pour qui s'abreuve à cette source-là - d'americana en roues libre, melting pot d'influences folk (le Bob Dylan de 1964 pour les thèmes abordés) et country, jouées sur une guitare acoustique et (parfois) accompagnées par un backing band plutôt sur la défensive. En soi, lorsque le tempo est relevé (Repo man, Old before your time ou le single Beg, steal or borrow), la pilule passe, mais laissez Ray seul avec sa guitare (Are we really through, This love is over, l'enchainement ventre-mou aux titres fort à propos) et vous aurez droit à certaines des chansons les plus sirupeuses jamais gravées sur sillon, bande magnétique et disque compact en 2010.
Beg, steal or borrow, le sommet d'un panier à moitié vide.
Pour peu que vous admettiez une dose thérapeutique de folk enrichie sans avoir besoin de vous enfiler un cachet d'iode, vous trouverez le courage de passer outre les errements romantiques à la Damien Rice que j'espère voir Ray laisser tomber d'ici sa prochaine mouture. Sinon, vous brûlerez la guitare boisée la plus proche de vous au moment des faits et investirez illico dans le plus cheapos des séquenceurs et vous lancerez dans la création d'un genre de lo-funk électronique totalement obscur en guise de protestation.
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Joe Gonzalez
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