Quand il s'agit de jeter un coup d'œil aux grandes chanteuses pop des années 60, on semble toujours un peu oublier Petula Clark. Certes, cette anglaise ayant fait ses débuts enfant sur les ondes de la BBC pendant la guerre avait déjà plus de 30 ans à l'époque, ce qui faisait d'elle une ainée, et est surtout connue dans nos contrées françaises pour sa version de la Gadoue, ses chansons qui l'ont un peu rapprochée du mouvement yé-yé (elle vivait en France depuis 1961 et son mariage avec un publicitaire français) ou ses apparitions dans les émissions des Carpentiers comme le Sacha Show, présenté par Sacha Distel. Mais loin de l'image peut-être un peu ringarde que certains pourraient avoir d'elle, surtout en la voyant récemment chez Patrick Sébastien, profitons de cette matinée pluvieuse pour rappeler un fait indiscutable : Petula Clark a été une star pendant les 60's, jouant dans des films aux côtés de Fred Astaire et sortant des tas et des tas d'albums, sa discographie s'étant vendue à plus de 60 millions d'exemplaires dans le monde à ce jour, avec des singles chantés dans plus de cinq langues, en tête des charts du monde entier. Ah, ça rigole moins là. Mais ce n'est pas tout. Figurez-vous qu'en plus de vendre des tonnes de chlorure de polyvinyle, miss Clark a aussi enregistré d'excellents morceaux, et en tête son plus grand succès, n°1 aux USA et n°2 en Angleterre (battu uniquement par I Feel Fine des Beatles, donc tout est excusé) : Downtown.
Et pourquoi ne pas regarder le clip de Downtown pour avoir en plus quelques effets kaléidoscopiques des 60's au charme suranné?
Composé par Tony Hatch lors de son premier séjour à New York et après une nuit passée près de Broadway, Downtown est une idéalisation magnifique de l'idée de la ville, la nuit, foyer d'agitation permanente qui devient, paradoxalement, un havre de paix et d'oubli de soi, puisque "All the noise and the hurry seems to help." Seules les années 60 pouvaient offrir un morceau pareil, qui vous dit "si vous êtes triste, si rien ne va, allez trainer en centre-ville, y'a des cinémas, y'a des bars, y'a des gens, de la lumière, de la joie et vous oublierez vos problèmes, et si ça se trouve, vous rencontrerez quelqu'un comme vous" avec un cœur gros comme ça et une douce naïveté qui mettrait du baume au cœur de n'importe qui. L'instrumentation est proprement épique, jouant sur les variations d'humeur : débutant délicatement avec un petit glockenspiel et un piano délicat, le morceau se lance avec douceur avant de prendre une puissance folle dans un pré-refrain tout en syncopes, court crescendo fait pour vous donner des frissons et aboutir finalement sur un refrain qui brille de milles feux, rempli à ras bord de violons, cuivres et chœurs féminins. Petula scintille au milieu de tout ça, c'est comme si vous pouviez voir le sourire sur son visage rien qu'en entendant le son de sa voix qui chuchote puis s'envole en lançant à l'auditeur "The lights are much brighter there/You can forget all your troubles/Forget all your cares and go downtown," et quand le morceau s'achève dans un fade out de circonstance sur un solo de trompette jazzy sensé symboliser le swing des villes qui ne dorment jamais, de deux choses l'une : soit vous vous décidez à sortir de chez vous comme vous l'a conseillé Petula pour enfin faire quelque chose de votre vie, soit vous vous remettez le morceau en boucle pour oublier le fait que vous aller encore passer une soirée à la maison devant l'ordinateur mais en étant heureux quand même. C'est ça Downtown. Tout le monde gagne. Tout le monde est content. Joie. Bonheur. Pop music.
Emilien Villeroy
Tony Hatch... encore un grand songwriter meconnu. "Downtown" est certainement l'une de ses meilleures compos avec "Joanna" crée par le génialissime Scott Walker (même si l'influence de Bernstein frôle parfois le plagiat quand même).
RépondreSupprimerMerci à CE de nous rappeler la joie des fondamentaux.
pire tronche
RépondreSupprimerNon non Juno. Pas pire tronche. Ni meilleur tronche. Juste tronche à la rigueur.
RépondreSupprimermeilleure ganache !
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